Aloys (Tome 1) : lightning and shadow

Chapitre 9 (2/2)

— Eh bien, vous en faites une tronche !

Je relevai la tête, surprise, et reconnus Alice, dont ses cheveux lâchés, lui donnait un air de lionne.

— Je voulais vous féliciter tous les deux ! C'est génial qu'on ait tous les trois rejoints l'une des escouades d'élite, on va pouvoir continuer à se voir !

Eren hocha vigoureusement la tête, un sourire béat aux lèvres tandis qu'il la dévorait des yeux. Je ne fus pas la seule à remarquer son petit air niais, l'ensemble de notre escouade se retenait d'exploser de rire. Ils mouraient tous d'envie de le charrier, mais au lieu de ça, ils ramassèrent rapidement leurs plateaux et s'échappèrent afin de pouvoir échanger leurs remarques un peu plus loin.

— Et Neven ? demandai-je en lançant un regard à la table des généraux où ce dernier discutait avec les autres à l'exception d'Aaron et Faël qui n'étaient toujours pas arrivés. Elle jeta un œil autour d'elle, s'affala sur le banc à côté de moi et s'exclama, tout en s'assurant d'être discrète :

— Il est fantastique ! Tu le verrais combattre ! C'est incroyable, personne ne peut faire le poids contre lui !

— Je suis sûr qu'Aaron lui botterait les fesses, grogna Eren en jetant un regard mauvais à Neven.

— Aucune chance, rétorqua-t-elle en fronçant les sourcils.

Le visage de mon ami et ses joues d'ordinaire si pâles avaient virés au rouge sous l'effet de la jalousie.

— Je pense qu'on a compris l'idée, intervins-je alors qu'Eren s'apprêtait à répondre une nouvelle fois à ce débat puéril.

— Oui, oui, bon peu importe, je venais vous dire autre chose !

Elle s'agita nerveusement sur son siège et déclara avec un grand sourire :

— Notre escouade part pour une mission dans le sud dans deux jours. C'est ma toute première mission ! Je n'arrive plus à tenir sur place.

— Déjà ? s'étonna Eren. Ce n'est pas un peu tôt ? Tu viens à peine d'entrer dans l'escouade.

— Neven dit qu'on est prêt. Et puis selon lui ce n'est pas une mission difficile, on doit se rendre dans l'une des zones sécurisées en Afrique pour protéger un convoi de ressources rares.

— Les protéger de qui ? m'enquis-je, plus étonnée par la nature de sa mission que par sa précocité.

— Eh bien, tu sais, des Elémentaires, des rebelles, tout ceux qui peuvent vouloir voler ou détruire la cargaison.

— Il y a des rebelles en Afrique ?

— D'après Neven, il y en a partout, ce sont de petits groupes qui vivent dans l'Outre-terre et qui essayent par tous les moyens de s'en prendre à la communauté et aux zones sécurisés. Ils ne sont pas très inquiétants pour nous, mais il arrive qu'ils s'en prennent à la population. Non, le vrai problème ce sont les Elémentaires, eux ils sont dangereux.

L'idée qu'il puisse exister des petits groupes de rebelles de par le monde n'était pas nouvelle, mais jusqu'à maintenant je n'en avais entendu parler que comme une rumeur qui circulait sur les réseaux. Pourtant il était clair qu'il s'agissait de plus que ça pour l'armée, autrement Neven n'en aurait pas parlé à son escouade. La question était donc : pourquoi en avaient-ils fait un secret ? Pourquoi nier l'existence des rebelles si ce n'est pour minimiser leur force ? Si tout le monde savait qu'il existait des gens qui se rebellaient contre le régime un peu partout dans le monde, combien de temps cela prendrait-il pour que leurs rangs ne grossissent ? C'était sûrement mon imagination, mais l'idée qu'il puisse exister quelque part des gens qui refusent de se laisser dominer par le régime m'emplissait d'espoir. Il ne s'agissait peut-être vraiment que de petits groupes isolés, mais c'était suffisant. J'avais presque hâte que les jumeaux retrouvent ces rebelles pour en apprendre plus sur leurs comptes. Pendant un instant j'arrivai même à m'imaginer détruisant l'un de ces grands murs en verre et rejoignant une armée de rebelles à l'autre bout du monde. Le seul hic était que là encore, je ferais partie d'une armée, une armée qui cette fois aurait uniquement pour but de tuer des humains. De tuer Alice, Eren, Jin, Soen et tous ceux qui vivaient avec moi depuis des semaines.