Chapitre 22 (2/2)

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Je feuilletai rapidement le carnet, et m'arrêtai au niveau des dernières pages souillées par son écriture maladroite. À première vue, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant, jusqu'à ce que je tombe sur un petit dessin grossier d'un homme-crapaud. C'était bien loin de l'original, mais l'idée était là. Juste en dessous était écrit : Plus que 10 jours pour s'occuper des élémentaires. Demander un délai à Mr Machet. Ainsi qu'un tas d'autres abréviations incompréhensibles. Il lui restait dix jours pour étudier les élémentaires ? Ce qui voulait dire que j'en avais bien moins pour les retrouver et leur poser mes questions. L'envie de balancer le carnet par la fenêtre me titilla, mais au lieu de ça, je le remis à sa place, fermai le tiroir et remis la clef là où je l'avais trouvée en grimaçant de dégoût. Mon seul espoir était que la solution de Bran puisse être aussi rapide qu'efficace. Je devais trouver un moyen d'entrer et de sortir des labos et ce en moins de dix jours.

— Mademoiselle Braune... Puis-je faire quelque chose pour vous ? demanda la voix grinçante du docteur Ross dans mon dos.

Je me levai d'un bond et pivotai vers lui. Il était fidèle à lui-même, dégarni, avachi sur lui-même et les mains enfoncées dans les poches de sa blouse, mais une petite lueur suspicieuse brillait dans ses yeux vitreux.

— Bonjour, bredouillai-je. Je vous cherchais justement...

— Assise à mon bureau, fit-il observer en désignant son siège.

Je baissai la tête vers le fauteuil et grimaçai. J'avais été prise sur le fait, d'accord mais au moins, il ne m'avait pas vu avec son carnet, seulement assise à son bureau. En soit, il n'avait rien contre moi, s'asseoir-là n'avait rien d'interdit.

— Désolée... C'est que je ne me sentais pas très bien et j'avais besoin de m'asseoir. Vous pourriez peut-être me donner quelque chose contre les nausées ?

Ma voix avait beau sonner faux, il n'avait pas eu l'air de le remarquer. Il se contenta d'attraper une boîte de cachets dans l'immense armoire à pharmacie qui ornait un mur entier de la pièce et revint vers moi.

— Avalez ça avec un peu d'eau et rentrez dans votre bloc. Vous n'avez rien à faire dans celui-ci.

J'acquiesçai et m'emparai du petit cachet blanc qu'il me tendait, trop heureuse qu'il me congédie sans autre forme de procès.

— Merci, dis-je en attrapant un verre d'eau à la petite fontaine qui se trouvait devant la porte.

Dix minutes plus tard, j'avais rejoint Bran dans le parc. Il était assis au même banc que lorsque l'on s'était quitté et attendait patiemment, les bras croisés derrière la tête. Nous échangeâmes rapidement nos bracelets et il m'informa qu'il avait trouvé une solution à mon problème mais qu'elle ne serait pas disponible avant le soir du bal. Soit dans deux jours.

— Pourquoi ? demandai-je, impatiente.

— Parce que mon amie a du travail et que je n'ai pas pu négocier mieux que deux jours.

Son amie ne pouvait être que cette fameuse Vod avec laquelle il faisait affaire. Elle n'était peut-être pas celle qu'il me fallait mais au moins elle avait le mérite de passer outre les règles de l'armée sans poser de questions. Nous étions en chemin pour le réfectoire et comme d'habitude, il y avait un monde fou si bien qu'on eut tout le mal du monde à trouver une place. C'était assez rare que je mange avec Bran en général je passais mes repas avec mon escouade, mais cette fois-ci j'avais besoin d'en savoir plus sur la fameuse solution qu'il m'avait trouvé et surtout, Bran insistait lourdement pour que je lui explique la situation.

— Bon, en gros. Cette mission en Angleterre n'était pas très claire et j'ai besoin d'avoir des réponses, expliquai-je en croquant dans une pomme au goût fadasse.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now