Chapitre 6

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Comme toutes les nuits, le sommeil me fuyait à mesure que mes souvenirs remontaient un à un à la surface. Les images du massacre de Paris me hantaient toujours, je voyais mes amis mourir sous mes yeux impuissants et j'entendais encore leurs cris résonner à mes oreilles. Je me réveillais souvent en sueur au beau milieu de la nuit, le cœur battant à toute vitesse. Cette nuit ne fit pas exception, mais lorsque j'ouvris les yeux, un silence palpable régnait dans la pièce. Je me relevai lentement, guettant le ronflement de mes camarades, mais aucun son ne venait troubler le calme de la pièce. Il me fallut un moment avant que mes yeux ne s'habituent à l'obscurité et discernent les lits vident des autres aspirants.

— Alice ? chuchotai-je.

Aucune réponse. Mal à l'aise, je m'assis et posai mes pieds sur la dalle fraîche du dortoir. Le lit adjacent au nôtre était vide, et un rapide coup d'œil à celui d'Alice qui se trouvait juste au-dessus du mien m'indiqua qu'il l'était également. C'était étrange, il n'y avait aucune raison pour que le dortoir soit désert au beau milieu de la nuit. Je m'avançai dans la pièce, vérifiant chaque lit un à un, mais avant que je n'aie le temps de terminer mon inspection, les spots lumineux s'allumèrent et projetèrent une vive lumière blanche qui me brûla les yeux. Alors que je tentai de m'habituer à la luminosité, cachée derrière mon avant-bras, j'entendis des bruits de pas.

— Aloys ?

Pendant un instant je crus halluciner, je n'avais pas entendu cette voix depuis près d'un mois, et mon esprit avait du mal à intégrer le fait qu'il puisse se trouver là. Je battis frénétiquement des cils et dévisageai le visage de mon ami. Ses cheveux étaient plus courts, et une barbe blonde qui devait dater de quelques jours durcissait ses traits, mais il n'y avait aucun doute, c'était bien lui.

— Arthur ! glapis-je en me jetant dans ses bras.

Il m'accueillit avec un grand sourire et m'étreignit avec force. La chaleur de ses bras chassa toute la tension qui nouait mes épaules et pendant un instant je regrettais d'avoir jamais voulu le repousser. Il était venu me chercher, il m'avait retrouvée ! Puis mon cerveau balaya la joie qui me submergea et je m'écartai de lui d'un bond.

— Attends qu'est-ce que tu fais là ? Tu ne devrais pas être ici !

— Nous ne sommes pas vraiment ici, lança la voix, plus douce, d'Elena.

Je pivotai vers elle, choquée de la trouver là elle aussi et la détaillai des pieds à la tête. Son visage était sale et ses cheveux qui étaient noués en un chignon maladroit avaient perdu de leur superbe. Quant à ses vêtements, tout comme ceux de son frère, ils étaient couverts de terre et largement déchirés.

— Je ne comprends pas...

— Tu dors Aloys, m'expliqua Arthur en me caressant tendrement la joue.

Son contact me fit frissonner. Non, je ne dormais pas, aucun rêve ne pouvait être aussi réaliste.

— C'est impossible.

— Parce que le fait que nous nous soyons introduits dans un centre militaire hautement surveillé te parait plus plausible peut-être ? railla la jeune femme en s'adossant à l'échelle d'un lit superposé.

— Je ne comprends pas, pourquoi vous êtes dans cet état, qu'est que vous faites ici ?

— Après qu'ils t'aient trouvée, l'armée a lancé une campagne de dépistage pour trouver tous les P-gènes qui se cacheraient en ville. Alors on a décidé qu'il serait plus sûr de fuir Paris et de tenter notre chance en Outre-Terre.

— Mais vous n'êtes pas des P-gènes... protestai-je en étudiant le visage amusé d'Arthur, comme s'il s'agissait d'un animal étrange que je rencontrais pour la première fois.

Aloys (Tome 1) : lightning and shadowWhere stories live. Discover now