Chapitre 17 - Tête baissée

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Oslo, Norvège.

Oléana, parée de sa longue chevelure dorée et d'un tailleur aux couleurs violacées, ouvre la porte vitrée des locaux de « Thor Industries ». Son physique, sa démarche, ses vêtements de grand couturier, aucune personne dans cette ville n'aurait parié un centime sur son jeune âge. Mais pourtant, son physique de femme d'affaire ne rendait pas les hommes indifférents et lorsque Oléana traverse le grand Hall avec une démarche presque aérienne, plusieurs individus de la gente masculine ne manquent pas de scruter discrètement ses courbes appétissantes.
La presse déjà présente depuis plusieurs heures pour le futur discours d'inauguration, Oléana esquive soigneusement l'armada de journalistes pour prendre la direction de l'accueil.
Une femme d'un certain âge aux formes rondes se lève instantanément de sa chaise.

Bonjour madame Thörsen, comment allez-vous ce matin ?
—Très bien Amanda, merci. J'ai du courrier ?
—Oui, il est déjà dans votre bureau.

Oléana fronce les sourcils.

Votre père l'a récupéré pour vous... reprend doucement la secrétaire.
Il est déjà arrivé ?
—Oui...

Oléana s'empresse alors de rejoindre l'ascenseur du bâtiment et monte au sommet du building. Arrivé dans son bureau, Rof Thörsen et son imposante carrure aux origines celtiques, observe Oslo par les fenêtres panoramiques.

Bonjour père, comment vas-tu ?

Oléana s'approche pour lui embrasser la joue mais l'homme, d'une froideur extrême, émet un recul.

Alors cette réunion ? demande-t-il de sa grosse voix.

Son yeux noirs profondément enfoncés dans des orbites caverneuses lui donnent un air presque démoniaque. Ses lèvres grises et ses joues creusés trahissent une adoration pour les cigares cubains.

Tout s'est bien passé. Les italiens travaillent pour nous et le Japon hésite encore mais je pense que mes arguments ont fait mouche.

Rof émet un soufflement qui s'apparente plus à un grognement.

Et par rapport à ALLOS ?

Oléana lève les yeux.

Pfiou ! J'ai enfin rencontré la nouvelle dirigeante d'ALLOS alias Louisa et sincèrement, je me demande comment cette fille peut gérer un cartel aussi puissant ! C'est un mystère ! Elle réagit au quart de tour, n'a aucune répartie et semble avoir du mal à garder des relations cordiales avec la concurrence. Je ne laisse pas six mois à cette petite conne pour...

Soudainement, la main de Rof Thörsen vient claquer le visage d'Oléana. La jeune fille perchée sur ses talons hauts, ne voit pas le coup venir et sous la force de la frappe, sa tête chavire en arrière et elle finie par chuter brutalement au sol.
D'un pas lourd et index pointé vers l'avant, son père vient la menacer. Oléana protège instinctivement son visage pensant recevoir une nouvelle gifle.

Ne la sous-estime pas ! Cette petite conne nous a tenu tête pendant un an ! C'est toi qui devrait apprendre à réagir comme elle et arrêter de faire ta petite pute londonienne ! Relève toi !! hurle Rof les yeux enragés.

Les mains tremblantes, Oléana reprend ses esprits avec difficulté. Même le maquillage sur son visage peine à dissimuler les marques de doigts qui apparaissent sur sa joue. Terrifiée, elle s'accroche au bureau pour reprendre son souffle et se relever.

Désolé père..., dit-elle tête baissée.
Maintenant, tu rappelles les italiens et les slovaques et tu t'assures que tout est prêt pour notre prochaine attaque !

Rof commence à partir mais se retourne subitement, main dressée.
Oléana, par reflex, protège à nouveau son visage.

Et je te jure que cette fois-ci tu n'as pas intérêt à te louper ! Si je suis une nouvelle fois humilié, tu le regretteras ! Et change toi avant la conférence de presse ! J'ai pas envie qu'on pense que ma fille est une traînée ! Tu as à Oslo ici et pas chez ces dégénérés d'anglais !

Rof quitte la pièce en claquant violemment la porte. Oléana, terrifiée, vaseuse et en état de choc, s'effondre au sol sous les pleurs.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now