Chapitre 77 - Divin

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Louisa se réveille le visage collé contre la vitre. La voiture vibre dans tout les sens tellement le chemin sinueux et tortueux ruissèle de gravillons. Un peu égarée, Louisa se retourne vers André qui conduit la puissante berline.

Où sommes nous ?
—À Pignerol, vers Turin.

Les ruelles étroites, les vieux pavés au sol, tout ces petits détails montrent l'historicité ancienne de cette commune. Se dresse au sommet de la ville, l'imposante forteresse autrefois le point stratégique du commerce italien. Dans les rues pavées de la ville, André tâche de ne pas ralentir mais peine à se faufiler entre la foule de touristes.
Louisa observe les ruelles et une étrange impression de déjà-vu l'envahit.

Reste cachée, ce n'est pas le moment d'attirer l'attention sur nous, dit-il sérieusement.

Louisa dissimule son visage sous sa capuche et tâche de se tenir dos à la fenêtre. Une fois arrivée à l'extérieur de la ville, le véhicule s'arrête devant un imposant portail en fer forgé. Au sommet de celui-ci, comme un blason de l'ère médiévale, les lettres D et L s'entrelacent dans un écusson parmis les pics métalliques.
André appuie sur le bouton de l'interphone.

Sacra, dit-il sèchement.

Le portail s'ouvre aussitôt. La berline démarre immédiatement et remonte une grande allée en gravillons parsemée d'immenses bouleaux se hissant de part et d'autre du chemin tandis que des élégants rosiers, soigneusement taillés, comblent le vide entre eux. Louisa aperçoit un splendide manoir du XVIIIe siècle apparaître au loin. Ses courbes majestueuses se dressent fièrement devant une fontaine d'Aphrodite cracheuse d'eau.

Nous sommes chez lui ? demande Louisa.
Oui. Bienvenu au manoir de Del-Orti, son havre de paix... répond André avec nostalgie. 

André et Louisa sortent du véhicule. Une servante, sortie de nulle part, s'adresse à eux.

Enfin vous voilà André ! Votre chambre est prête. Tout le monde est ici, ils n'attendent que vous.
—Merci grandement Catharina. Nous allons nous débarbouiller avant de se rendre dans la salle de réception.
—Très bien monsieur.

Louisa pénètre à l'intérieur du fastueux manoir. Un sol recouvert de marbre, des statues anciennes sur chaque mobilier du grand Hall d'entrée, un escalier majestueux, des fresques murales aux allures de scènes antiques... Tout résonne le faste et la gloire. Louisa est ébahie et même intimidée mais la mysticité de ce lieu, par les vibrations antiques s'en dégageant. Mais comme une redondance cosmique, elle se revoit arpenter le manoir d'Andrej Kïska, le défunt chef des Balaz, très similaire à celui-ci. André avance d'un pas naturel et s'engage sur les imposantes marches. Louisa reste proche de lui, les yeux rivés sur un sexe féminin peint au plafond.

Cet endroit est absolument...
—Divin ? coupe André. Del-Orti avait beaucoup de goût et aimait énormément les objets liés à la spiritualité ancienne. Une passion qui l'animait depuis tout petit.
—Et donc... puisqu'il t'a recueilli, tu as vécu ici ?
—Oui pendant de longues années.
—Une vraie vie de prince... dit Louisa sur un ton léger.

André souffle discrètement.

Del-Orti était très stricte... Je n'avais pas beaucoup de temps libre pour profiter des lieux et étrangement, je me suis jamais vraiment senti chez moi.
—En même temps, on dirait plus un musée qu'une maison. Mais c'est toujours mieux que mon appartement pourri de Montreuil...

Louisa et André arrivent dans un long corridor.
La chambre de Louisa, située au fond de celui-ci, bénéficie de la plus belle vue du manoir avec d'anciennes fenêtres qui s'ouvrent sur un magnifique jardin à la française.

Nous passerons la nuit ici, dit André.
Très bien mais tu ne m'as toujours pas dit pourquoi nous sommes ici, réplique Louisa continuant d'explorer sa grande chambre.

André inspire profondément et fixe Louisa de manière intense.

Nous sommes aux origines Louisa... Ici, tu comprendras réellement le choix de Del-Orti de te nommer à la tête de ALLOS. Tu dois connaître chaque aspect de cette maison... Tu dois t'en imprégner pour retrouver l'envie de te battre.

Louisa semble soudainement prise d'une angoisse inattendue.

Bon sang André... Qui nous attend dans cette foutue salle de réception..?

André s'avance gravement.

La famille de Del-Orti. Ils veulent te rencontrer et parler de ton héritage. L'héritage de Del-Orti mais aussi...

André baisse les yeux.

Mais aussi quoi André.. ?
—Mais aussi celui de ton père.

Le cœur de Louisa ne fait qu'un bond.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now