Chapitre 81 - Pourrir

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Le claquement sourd du verrou réveille Hélène. Plongée dans l'obscurité, la lumière du couloir vient l'éblouir et difficilement, Hélène vient préserver ses yeux à l'aide de sa main.
La silhouette d'un homme s'avance et ordonne au garde d'apporter une chaise. Dans la lugubre geôle ne dépassant pas les six mètres carré, l'homme se positionne face à elle et vient lui attraper violemment le cou pour la redresser sur son lit en béton. Très affaiblie, Hélène peine à se tenir droite et les deux bonnes gifles que lui assène l'individu n'aident pas.

Je viens de lire votre dossier, dit l'homme crûment. Bravo ! Cinq semaines à l'isolement pour avoir poignardé un garde, c'est tout à fait votre état d'esprit ! Fidèle à vous-même ! Une sale chienne que personne n'a réussi à dresser...

Hélène sourit tout en veillant à ne pas affronter la lumière extérieure. Enfin, la clarté du visage de l'individu se dévoile.

Tiens, tiens... monsieur Johnson...
—Très bonne mémoire, surenchérit l'officier qui masque son étonnement.
Je sais que vous êtes surpris...
—Une professionnelle comme vous s'est forcément renseigné sur l'entourage du lieutenant Bérard. Cela n'a rien d'étonnant.
—C'est vrai... d'ailleurs, la petite nièce de l'officier Sara est très mignonne... réplique Hélène.

Johnson, impulsé par son instinct protecteur, ne perd pas une seconde pour venir frapper Hélène au visage. La puissance du coup vient plaquer sa tête contre le mur et Johnson en profite alors pour, de nouveau, lui attraper la gorge. Son regard noir plongé dans le sien, il resserre sa poigne autour de sa prise.

Ne joue pas à ça, espèce de salope... Ne me force pas à te tailler le visage... Je suis aussi barbare que toi mais 'ai choisi le bon camps.

Hélène sent la main de l'officier se raffermir. Son visage gonfle sous la pression sanguine et sa respiration vient définitivement se couper. Johnson, les dents serrées par la rage, sert jusqu'à ressentir les battement de son cœur entre les doigts.

Où est elle ? demande-t-il sadiquement. Où est la belle rouquine... ? Ravageuse, coriace, prédatrice... ?

Johnson, avec rage, sert puis relâche subitement Hélène. Cette dernière s'effondre au sol et peine à reprendre son souffle. Avec un large sourire, Johnson l'observe étalée, gisante comme un animal blessé qui attend désespérément la mort.

Elle est ici... dit difficilement Hélène d'une voix rauque. Cette femme est toujours ici... dans cette minable prison... entre ses murs froids et caverneux... dans ma peau... dans mon cœur... dans mon sang... jusque dans mes os... cette femme sans pitié, cruelle et froide est toujours là... et lorsqu'enfin elle ressortira, vous serez le premier à la saluer...
—J'ai hâte ! Maintenant relève toi pourriture ! lance Johnson en lui assénant un violent coup de pied.

De nouveau sur son lit en béton, le visage gonflé, Hélène respire difficilement mais réussit à se maintenir droite. 

Bérard n'est pas ici ? Il a perdu ses couilles et envoie son grand gaillard pd comme un phoque frapper une femme ?

Le poing de Johnson se ressert mais son sang-froid refait enfin surface.

Je ne suis pas là pour vous. Vous n'êtes rien Mary-Helen. Pour vous schématiser la situation, vous n'êtes qu'un petit post-it qu'on a collé dans le coin de notre mur car dans notre enquête, vous êtes inutile, inintéressante... Une pauvre femme prise au piège comme une pigeonne et qui pourrit dans une prison pisseuse sans que personne vienne l'aider.
—Je vais m'effondrer de désespoir... réplique Hélène souriante.
Nous voulons Louisa Conti et je suis ici pour vous proposer un accord.
—Après m'avoir fracassé la gueule ? Heureusement que vous êtes devenu flic et pas négociateur, lance Hélène en crachant du sang.
C'était un simple avant goût de la vie qui vous attends si vous refusez mon accord.
—Dit moi tout, pédale.
—Louisa Conti a franchi les limites et aujourd'hui, la décision a été prise, ses jours sont désormais comptés. Si vous nous donnez des informations essentielles pouvant aider à son élimination, nous vous proposons une nouvelle identité, une nouvelle vie dans un autre pays et vous serez libre de faire ce que vous voulez. Dans tout les cas, Louisa Conti est morte. ALLOS est mort. À vous de faire le bon choix.
—Qui propose cet accord ?
—Le lieutenant Bérard en lien direct avec le président de la République. Cet accord est validé par des juristes et vous signerez sous le contrôle d'un huissier de justice pour éviter toute suspicion.

Hélène crache encore l'excès de sang encombrant sa bouche et vient poser son regard froid sur Johnson.

Vous ne comprenez toujours pas ?

Johnson reste silencieux, surprit par cette réponse.

Vous ne comprenez pas que je mourrai pour Louisa ? Jamais je ne dirai quoique ce soit pouvant la mettre en danger. Torturez moi, pendez moi, brulez moi... Faites ce que vous voulez, mais jamais je ne la trahirai. Comme vous l'avez très bien dit, je suis une chienne ! Et je connais mon maître !
—Alors, vous êtes prête à pourrir ici alors même que Louisa Conti est destinée à la mort ?

Hélène se me à rigoler puissamment.

Ahahahaha ! Mais bon sang ! Vous ne l'aurez jamais ! Louisa est sur-entraînée, elle ne reste jamais au même endroit plus de 48 heures ! Elle est toujours armée et surveillée ! Grâce à moi, aucun cartel ni agences gouvernementales ne peut l'atteindre.
—Mais une armée oui. Je vous le redis Mary-Helen, Louisa Conti va mourir. Au sommet de l'Etat, la décision a été prise. Vous savez ce que cela veut dire.

Johnson se relève vigoureusement de sa chaise et vient attraper le visage de Hélène.

Faites le bon choix ! Dites moi !

Hélène crache au visage de l'officier. Avec un sourire machiavélique, elle lui montre ses dents imbibées de sang.

Jamais ! hurle-t-elle.

Sentant la rage monter, Johnson frappe trois coups à la porte et quitte rapidement la geôle.

Ce soir, vous ne la nourrissez pas ! lance-t-il au garde qui lui tend un mouchoir.

Johnson s'essuie le visage et fixe la porte.

Non... laissez la enfermer toute la semaine, sans eau, ni nourriture, ni lumière... laissez la pourrir...
—Mais monsieur...
—C'est un ordre du président ! Fermez votre gueule et obéissez moi !

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now