Chapitre 64 - Je veux me battre !

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Surtout... ne t'énerve pas... susurre Julien.

La mâchoire de Louisa se contracte dans l'immédiateté, car ces trois mots, simples et mécaniques, sont toujours annonciateurs d'un futur désastre. Au vu des derniers jours, chaque nouvel événement est à redouter et le doute n'a plus sa place.  

Arrête ton suspens et balance, réplique-t-elle.

Devant ses écrans, Julien clique sur un dossier et ouvre un onglet classé secret défense. André s'avance lentement mais tâche de rester silencieux, lui aussi perplexe à l'annonce de cette nouvelle.

C'est un ordre express du président de la République. Il a ordonné la libération d'Oléana Thorsen, qui a pris un vol pour Oslo. Elle est actuellement dans une clinique privée pour garantir ses soins et sa sécurité, dit Julien en tapotant sur son clavier.
C'est une blague ?! scande subitement le frère de Louisa. Pourquoi ?!
Parce que son père, le milliardaire au carnet d'adresse bien remplit, à dû intervenir, réplique André gravement.

Louisa reste silencieuse, son visage stoïque, comme si cette nouvelle n'était pas une si grande surprise. 

On devait s'y attendre, réprend André. Son père est l'un des industriels le plus puissant d'Europe et avoir sa fille en garde à vue dans un pays étranger, ça ne fait pas bonne pub.
—Et donc le président en personne intervient pour faire sortir un membre d'un cartel international ? répond amèrement Louisa. Ils s'entraident entre eux, ils font parti du même monde et on ne pourra pas lutter contre la Norway et contre l'Etat français. C'est impossible.
—Qu'est ce que tu proposes ? demande Julien.
Affaiblir la Norway au point de leur faire frôler la faillite, affirme sèchement Louisa. J'ai beaucoup réfléchi au cours des dernières heures et si on attaque la Norway là où ils nous attendent pas, on pourra reprendre le dessus.
—Et Hélène ? Tout ceci ne changera rien à sa situation, rétorque André. Et comment veux-tu les affaiblir ? C'est impossible de détruire aussi rapidement un empire si puissant.

Louisa sourit et extirpe son téléphone de sa poche.

J'ai fait des recherches. La Norway a investi plusieurs milliards de dollars dans une toute nouvelle station pétrolière inaugurée il y a seulement quelques mois. Regardez, dit Louisa en tendant son téléphone. Inaugurée en personne par Rof et Oléana Thorsen.
D'accord... et alors ? interroge André dubitatif.
Alors je vais faire exploser cette foutu station pétrolière et occuper le père Rof Thorsen à autre chose plutôt qu'à la Norway et ses marchandises.

Toute l'équipe demeure silencieuse. La détermination dans les mots de Louisa semble effrayer André, mais aussi Julien qui, fidèle à lui-même, fait sa moue dubitative.

—Tu as raison Louisa ! ALLOS ne doit pas se laisser faire ! acquiesce Jules, seul à encourager sans vergogne les mots de sa sœur.
Attendez calmons nous... C'est un peu excessif Louisa... dit André qui semble chercher les bons mots.
Oui Louisa... et comment tu comptes t'y prendre ?
—Oh Julien ! C'est pas toi qui nous a bassiné avec ton achat de sous marin équipé de torpilles ?! On a un sous marin, tu devrais être heureux qu'on puisse s'en servir !
—Oui enfin je ne pensais pas à l'utiliser directement comme une arme de guerre !
Alors pourquoi tu l'as acheté ?!
—Pour transporter de la drogue Louisa ! ALLOS est un service d'acheminement de marchandises illégales ! On est pas une milice ou des pirates de la mer !
—Oui Louisa... il faut rester serein et attendre que la sauce redescende... dit André.
C'est NON ! argue Louisa furieuse. On s'est fait avoir par Bérard, qui nous traque sans relâche et qui a réussi à emprisonner Hélène ! Tandis qu'Oléana est libre comme l'air sous les ordres du président de la république ! S'en est trop ! Ras le bol de se faire marcher dessus et d'attendre toujours que l'orage passe !
—C'est pourtant ce qu'il faut faire ! Fuir dans les montagnes italiennes t'a aidé à reprendre le dessus ! Del-Orti a fui des centaines de fois aussi !
Mais je ne suis pas Del-Orti ! réplique Louisa avec une colère froide. Je ne veux plus négocier, je ne veux plus me cacher ! Je veux me battre ! Et comme tu me l'as si bien dit à mes débuts André, c'est moi qui décide ! Alors je ne vous demande pas votre approbation mais plutôt votre plan d'action !

Jules observe sa sœur digne d'une véritable cheffe de guerre.

Louisa... tu perds ton sang froid ! s'exclame André excédé par ses cris.
Oui Louisa, c'est excessif comme réaction ! Tu vas attirer les projecteurs sur nous ! On peux pas se le permettre !
—Pourtant Julien on vient d'en parler dehors ! Tu as déjà oublié notre conversation ?! Tu étais le premier à vouloir contre-attaquer ! Et quand je prends la décision de le faire, tu changes soudainement de raisonnement ?!
—Parce que André a raison ! Pour l'instant, il faut rester concentré sur Hélène et attendre ! La situation est trop tendue !

Louisa se renfrogne mais ne lâche rien.

C'est non. Je veux détruire la Norway.
—T'es absurde, réplique sèchement André. Tu ne t'es pas dit que la priorité était d'enquêter sur la personne qui nous a balancé à Bérard ?!
—C'est ma mère qui nous a balancé André ! révèle Louisa. Je suis allez la voir la veille de notre départ à Marseille et je lui ai donné l'information !
—Et pourquoi tu ne m'as rien dit ?!
—Ah ! Et maintenant que tu le sais André, on fait quoi ? On l'exécute d'une balle dans le crâne ?!
—Arrête Louisa... dit Julien en soufflant.
Non sérieux ! Attaquer la Norway c'est trop mais exécuter ma mère c'est bon ?!
—J'aurai bien aimé être informé de cette information essentielle ! réplique André amer. On se dit tout normalement !

Louisa sert les poings.

Oui André... quand cela t'arrange ! Ma mère à sur-réagit à la situation ! Elle déteste tellement ALLOS qu'elle en est venue à trahir sa propre fille ! À cause de ton silence sur la mort de mon père je n'ai pas réussi à la calmer et résoudre le conflit qui nous opposait !
—Arrête Louisa ! Arrête de me jeter la faute dessus ! Si ta mère t'a balancé c'est parce qu'elle ta vu exécuter un jeune policier de sang froid ! Même mon propre esprit est hanté par ces images alors que j'ai travaillé toute ma vie chez ALLOS ! Je n'ai rien à voir avec cette histoire ! Cela te concerne TOI et TES choix ! Julien a raison, tu es la pro pour détourner tes problèmes et les mettre sur le dos des autres !

Louisa regarde Julien qui subitement baisse les yeux pour ne pas affronter son regard. Louisa se rend compte que sa position en tant que dirigeante de ALLOS ne fait plus l'unanimité. Cette équipe qui la soutenait, la protégeait et qu'elle considérait comme sa nouvelle famille, s'avère ne plus la comprendre.

Allez vous faire foutre... lance Louisa si émue que sa voix tressaille sous l'émotion. Si Hélène serait là, elle me dirait d'assumer mes choix...
—Non, elle te dirait d'analyser correctement la situation avant de causer un crime de guerre !

Louisa s'avance et regarde gravement Julien, puis André.

Je vais être claire. Soit vous êtes avec moi, soit vous êtes contre moi. J'ai décidé de m'en prendre à la Norway Arctic et je ne vais pas changer d'avis.

Jules ressent la soudaine tension posée par cet ultimatum.

Louisa... souffle André. Pense au cercle des cartels, ils ne vont pas apprécier qu'une nouvelle guerre éclate entre deux membres !
—Oui Louisa, je t'assure qu'on est pas contre toi ! Mais pour ALLOS !
—J'ai ma réponse. Je me chargerai seule de la Norway, lance Louisa en attrapant sa veste.

Avant de claquer la porte blindée de la tanière, Louisa jette un dernier regard à son équipe. Sa colère mélangée à sa rancœur s'exprime au travers de ses yeux tandis qu'André tente une dernière fois de la retenir.

Louisa ne fait pas ça...
—Mon choix est fait, conclue-t-elle en disparaissant.

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now