Chapitre 43 - Secret défense

488 39 12
                                    

Venez voir ! proclame l'officier Sara.

Après une journée entière de recherche, le lieutenant Bérard et l'officier Johnson la rejoignent rapidement devant son écran d'ordinateur, pensant enfin tenir une piste concrète. Dehors, le bruit de l'orage qui frappe de plein fouet la capitale parisienne résonne dans les locaux de la DGSI. Voilà des heures que l'équipe épluche des centaines de dossiers secrets de l'armée française. Leur nouvelle accréditation présidentielle leur donne un accès libre à tout les fichiers informatiques classés « Secret Défense », notamment les contrats passés et à venir entre l'état français et certains groupes armés. Il y a même des documents qui prouvent sans encombre, les liens étroits qui unissent des grandes entreprises privés avec des barons internationaux de la drogue. L'officier Sara, sur un relevé compte bardé de chiffres, pointe un nom en haut de la page.

Bonny... dit-elle avec gravité. Selon ce fichier, cette ville est au Nigéria mais lorsqu'on épluche les achats des groupes terroristes, ils viennent se fournir à Bonny au Cameroun. Cette ville est même pas sur la carte ! C'est une protection !
—Et alors ? demande Bérard un peu égaré.
Et alors, les autorités camerounaises ont été épinglées après avoir perçu des millions de dollars de pots de vin par des entreprises mondiales. Une liste de renseignement a été transmise à la France et regardez les noms... Norway Arctic, ALLOS, Taiyo, La Sombra... Et il y en a d'autres du monde entier ! Ils se sont tous réuni ! On pense depuis le début qu'ils s'affrontent pour le marché mais non ! Les cartels collaborent entre eux !

Bérard soupire.

—Ce n'est pas la première fois qu'on observe cela. Aux États-Unis et au Mexique, des cartels collaborent pour agrandir leur territoire.
—C'est vrai, ici on voit simplement des cartels qui s'adaptent à la mondialisation, reprend Johnson. Le marché mondial est un monde de chien, même pour eux. Les frontières sont des remparts qu'ils veulent contourner. Mieux vaut s'unir que de s'affronter.
—C'est sûr, confirme Sara. Mais si on arrive à avoir les alliés proches de Louisa Conti, on peux les frapper pour affaiblir ALLOS.
—Possible. Bon travail officier, continuez comme ça.
—Merci monsieur.
—Johnson, essaie de voir si Bonny au Cameroun apparaît sur d'autres fichiers. Ils nous faut le maximum de preuves.
—Très bien Lieutenant, répond le grand gaillard en rejoignant son petit bureau.

Une sonnette retentit dans la pièce.

Ah, c'est l'accueil ! Nos sushis sont arrivés, je vais les chercher, dit Sara en attrapant son badge.

Bérard part s'affaler sur sa chaise et d'un geste lasse, jette ses lunettes sur son bureau puis frotte vigoureusement ses yeux.

Fatigué ? demande Johnson.
Oh oui... ces nuits de recherches m'épuisent... J'aimerai mieux siroter une bonne bière en bord de Seine, croyez moi...
—Ahaha je vous crois lieutenant.
—Et vous ? Pas trop dur de sacrifier toutes ces heures ? Votre femme ne doit pas être contente...
—Ça tombe bien je ne suis pas marié et j'ai pas vraiment d'ami. Mon seul ami c'est mon travail alors...

Le lieutenant sourit.

Une vraie parole de soldat. C'est vrai qu'on bosse ensemble depuis des mois et je ne connais absolument rien de vous, à part que vous pouvez crier très fort de bon matin.
—Oh... Il n'y a pas grand-chose d'intéressant de plus à dire, dit Johnson en tapotant sur son clavier.
C'est toujours mieux de connaître ces collègues de travail et j'avoue que je suis de nature curieuse. Vous n'êtes pas marié mais divorcé ? Vous avez des enfants ?
—Si vous voulez tout savoir, mon truc à moi c'est les gars donc... non pas vraiment.

Bérard cesse de respirer.

Ah.. désolé je...

Johnson savoure de voir son chef se décomposer sous ses yeux.
Mais trêve de plaisanterie, il part à sa rescousse.

Ahaha ne vous excusez pas lieutenant. Ce n'est pas un crime vous savez...
—Oui c'est sûr ! C'est vrai ! Totalement vrai même ! C'est juste que je m'attendais pas à ça vu votre métier et votre carrure...
—Ma carrure ? s'étonne Johnson en souriant.
Oui enfin... je veux dire que physiquement vous n'en avez pas l'air... Oh je m'enfonce là non.. ?
—Ahaha un peu oui, mais vous inquiétez pas, ma mère à réagit comme vous la première fois. Et être soldat veux dire servir son pays, défendre une vision du monde.
—Je sais... désolé d'être aussi maladroit.
—Ne vous inquiétez pas lieutenant.

Par un heureux hasard, le téléphone de Bérard retentit et ce dernier s'empresse de répondre.

Sauvez par le gong, scande malicieusement Johnson en lui souriant.

Le visage du lieutenant se décompose. Il attrape un post-it et gribouille rapidement un mot qu'il transmet à Johnson. Ce-dernier écarquille les yeux à la lecture du message.

« Active l'enregistreur. Mère de Louisa Conti au téléphone. »

À LA TÊTE DU CARTEL : IIWhere stories live. Discover now