Chapitre 3

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Alors qu'elle dormait les poings serrés, elle sentit une caresse sur sa joue, puis une main qui parcourait son ventre, ce qui la réveilla automatiquement. Elle ne prit pas la peine d'ouvrir les yeux, sachant déjà qui était dans la chambre.

Elle fit de son possible pour continuer à faire semblant de dormir. En revanche, lorsque ce dernier devint un peu trop exigeant, elle ouvra précipitamment les yeux afin de le stopper dans son élan.

— Je ne veux pas, affirme-t-elle d'une faible voix. Arrête-toi je t'en prie.

— Quand est-ce que je t'ai demandé ce que tu voulais ? Tu es à moi, il est donc incontestable que tu remplisses tes devoirs.

— Je n'ai pas dit le contraire. Je ne me sens pas bien, tu peux me laisser dormir ce soir s'il te plaît ?

— Non, tu me manques.

Sans qu'elle puisse rajouter un mot de plus, il fit comme à l'accoutumée, sans son consentement.

Des heures après, elle se réveilla complètement étourdie, dépourvue de toutes ses forces, après son évanouissement. Elle ne vit pas Aser, elle en profita pour se lever dans l'espoir d'aller prendre un bain.

Mais, elle fut vite stoppée par l'arrivée des femmes qui devaient lui donner son bain quotidiennement.

Nue et couverte de honte,elles l'emmenèrent dans la salle de bain. Elle ne prononça pas un mot, tant qu'elle avait honte. Après ce bain, elle fut conduite dans la salle à manger, où Aser l'attendait avec un large sourire sur le visage,comme si rien ne s'était passé.

Après de longues minutes à analyser son corps et ses vêtements, il la fit asseoir, puis déposa des fruits dans son assiette.

Mais, elle n'avait point d'appétit. Néanmoins, elle se força à manger de peur d'être battue.

— Qu'elle était donc cette nouvelle que tu avais à m'annoncer ?

Elle faillit s'étrangler avec son morceau de mangue. Il lui donna un verre d'eau tout en montrant son impatience.

— Cela doit être assez délicat pour que tu sois dans un tel état.

— Ça l'est, affirma-t-elle en tremblant.

— Arrête de me faire lambiner, parle !

— Je . . . Euh. . .  Je...

— Parle bon sang ! Déclara-t-il en frappant violemment sa main sur la table.

—  Le docteur a dit que je suis enceinte, finit-elle par dire, alors que des larmes coulaient déjà sur ses joues.

— Qui t'a autorisé à être enceinte ? L'interrogea-t-il ,ivre de colère.

— Personne, dit-elle d'une faible voix.

— Dans ce cas, comment se fait-il que tu sois enceinte ? Je ne veux pas de gosse avec toi ! Ne vois-tu pas à quel point tu es l'incarnation de la laideur ?

— Mais, ce n'est pas ma faute si je suis enceinte, dit-elle tout doucement.

— Qu'insinues-tu ? C'est la mienne ? Demanda-t-il en haussant le ton.

— Pourquoi ce serait-ce la mienne et non la tienne ? Demanda la jeune fille en reculant sa chaise.

Elle eut pour unique réponse une gifle, qu'elle ne saurait oublier.

Elle le regardait avec une peur indicible dans le regard,qui ne saurait être voilée.

— Je ne veux pas que tu gardes cet enfant.

— Ce n'est pas moi qui l'ai mis là où il est,pourquoi veux-tu que je l'enlève ? Questionna-t-elle en reculant loin de lui. Elle espérait que garder cet enfant pourrait le faire changer de comportement avec elle.

-Je me serais fait un plaisir de l'enlever ,cependant, je ne suis pas médecin, dit-il en affichant un sourire médiocre sur ses lèvres. Mais, je peux toujours improviser, dit-il en affichant un large sourire sur ses lèvres.

Elle n'ajouta rien, tant qu'il la terrifiait. Ce qui était incompréhensible, c'est qu'il l'avait choisi alors qu'il haïssait tout en elle.

Elle voulait fuir, mais elle ne savait guère comment elle ferait pour fuir de cette prison dans laquelle elle vivait depuis plus de trois ans.

— Va tout de suite te changer, je t'emmène voir Louis.

Elle ne bougea point, elle était tellement pétrifiée qu'elle n'arrivait pas à bouger , tout en sachant qu'elle risquait de recevoir une nouvelle gifle.

— Es-tu devenue sourde ? Hurla ce dernier en posant ses mains sur les épaules de la jeune fille, en prenant le soin de la secouer vigoureusement.

Elle n'eut même pas le temps de répondre, qu'elle s'écroula sur le sol.Et Il ne prit même pas la peine de la rattraper. C'est ainsi que sa tête rencontra la première,le sol.

Le sang jaillit à l'instant, s'éparpillant partout.Aser ne semblait même pas paniquer, cela ne l'inquiétait pas , clairement pas.

Avec un terrible mépris dans le regard, il fit appel à la femme de ménage pour qu'elle nettoie le sang qui s'était répandu sur le sol, alors qu'il souleva la jeune fille dans ses bras pour la déposer maladroitement sur les sièges arrière de sa voiture.

Dès qu'il fut arrivé dans la clinique de Louis, la jeune fille fut prise en charge. On lui enleva cet enfant qu'elle avait porté à peine quatre mois.

Elle se réveilla au milieu de la nuit, tremblant de froid , avec de violents mots de têtes.

Alors qu'elle essayait de se relever , Louis fit son apparition dans la chambre.

— Ne bouge pas ! Ordonna-t-il , en posant une main sur son épaule gauche pour l'obliger à se coucher.

— J'ai très mal à la tête, se plaint-elle en tenant fermement sa main.

— Je t'ai administré un calmant il y a de cela , trois minutes, dit-il en vérifiant l'heure dans sa montre. La douleur partira dans peu de temps.

-Que s'est-il passé ? Demanda-t-elle en touchant sa tête.

— Tu t'es évanouie et lorsque tu es tombée, ta tête a été touchée la première.

— Tu as tué le bébé,n'est-ce pas ? Comment peux-tu te considérer comme un médecin ? Tu es aussi cruel qu'Aser.

— Je n'ai pas à recevoir de leçon de moral de votre part, mademoiselle.

— Ô que si ! Vous n'aviez pas le droit d'effectuer un avortement sans mon consentement. Même si ce monde est injuste et que vous faites tout pour  l'argent, j'espère qu'il y a une justice divine.

— Dieu n'existe pas, dit-il en se dirigeant en direction de la porte.

— Où est Aser ?

— Il est parti et cela ne vous regarde pas. Rendormez-vous !

—  Elle décida de ne rien dire de plus, sachant qu'elle ne pouvait pas fuir de ce lieu, même si celui dont elle avait le plus peur n'était pas là.

En réalité,elle avait pensé que l'arrivée d'un enfant aurait pu calmer Aser.Et qu'il la traiterait bien désormais.

Mais,il n'avait pas hésité une seule seconde à tuer cet enfant qui avait été pour un court instant une source d'espoir pour elle, c'était le troisième qu'elle perdait.

Comment aurait-elle eu le courage de dire un jour à cet enfant que son père était une charogne ? Peut-être qu'il lui aurait fait vivre les mêmes misères qu'elle, conclut-elle pour se consoler.

𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now