Chapitre 24

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— Veux-tu bien t'approcher un instant, mon fils ? L'invita son grand-père alors que le jeune homme se préparait à retourner chez lui.

Il s'approcha de lui tout en soutenant le regard indescriptible qu'il portait sur lui.

— N'oublie pas ce que je t'ai dit, tu ne pourras être le président de l'entreprise à titre officielle, si tu te maries seulement. Dans ce monde que tu t'apprêtes à intégrer, tu n'es pas valorisé si tu es seul.

— Je le sais, grand-père, mais tu ne peux pas vouloir que je me marie du jour au lendemain. J'ai déjà assez de pression sur les épaules. On en reparlera quand je reviendrai ici.

— Tu n'as pas intérêt à jouer avec cette jeune fille, lui dit-il tandis qu'il s'en allait rejoindre Elhéa qui l'attendait dans la voiture pour repartir.

Il acquiesça tout en se demandant si c'était une bonne idée de diriger l'entreprise familiale. Ses grands-parents avaient consacré toutes leurs vies à cette entreprise, jusqu'à devenir la plus grande marque de produits cosmétiques. Il avait l'impression que tout s'effondrerait s'il ne faisait pas en sorte d'être digne de cette tâche.

Il n'avait guère pensé au mariage, il faisait tout pour fuir ce sujet lorsque sa famille voulait en parler. Mais, il ne pouvait plus échapper à ce chemin qui était tout tracé pour lui.

— Tu as mis beaucoup de temps, commenta la jeune fille lorsqu'il s'installa enfin auprès d'elle.

— Je suis près de toi à présent, répondit-il courtement afin de ne pas être interrogé par la jeune fille.

Il avait un mois, un seul pour arriver à se fiancer, de peur que tout ce qu'il avait bâti ne soit anéanti. Il savait qu'il ne pouvait pas échapper à ce qui lui avait été réservé depuis fort longtemps. Il avait accepté, de son plein gré, l'aide de ses grands-parents pour fonder son empire médiatique, avec l'unique condition de reprendre l'entreprise familiale au moment opportun.

Il avait simplement oublié ce léger détail qui allait tout changer, le mariage. Il ne pouvait guère faire marche arrière. Bien qu'il connût parfaitement les conditions, il ne s'était pas véritablement préparé.

Elhéa avait acquiescée sans ajouter quoi que ce soit, trouvant que ce n'était point nécessaire de parler. Lorsqu'ils eurent retourné En Sry Amare, ils n'eurent pas de véritable de discussion. Soen semblait occuper tous les jours. 

La jeune fille cherchait déjà un moyen pour fuir cette atmosphère pesante qui s'était installée entre eux depuis la fin de leur voyage. Elle décida d'aller lui en parler, afin de trouver une solution. Elle n'aimait pas se sentir encore et encore abandonnée par tous celles et ceux qui avaient une facilité de lui faire des promesses qui disparaissaient dès qu'un souci se présentait.

Elle n'en pouvait plus de dépendre des gens. Si seulement elle pouvait quitter ce pays ? Elle ne pouvait même pas oser y penser. Elle n'avait aucune pièce pouvant l'identifier. Surtout, pour aller où ? Elle n'avait nulle part où aller dans ce monde qu'elle pourrait considérer comme étant sa maison.

Elle était une brebis errante, sans aucun but !

Arrivée devant la porte de son bureau, elle hésita un instant avant de s'annoncer. 

— As-tu besoin de quelque chose ? Lui demanda Soen, lorsqu'il la vit hésiter à s'approcher de lui.

— T'ai-je offensé d'une manière ou d'une autre ?

— Nullement, pourquoi te mettre une pareille chose en tête ?

— Depuis notre retour, tu es terriblement froid et distant. Je ne sais que penser de ce changement soudain.

— Approche, lui dit-il alors que la jeune fille se contentait de marcher nerveusement dans la pièce.

Elle s'approcha de lui sans jamais se décrocher de son regard. Elle se mit à sa droite, ne sachant pas à quoi s'attendre, jusqu'à ce qu'il l'attire sur ses genoux sans qu'elle ne s'y attende.

— Tu me rends fou, confessa-t-il en longeant sa main pour attirer le visage de la jeune plus près du sien. Embarrassée, elle se mit à rougir violemment tout en essayant de fuir son regard perçant. Puis, sans s'y attendre, il se pencha plus près d'elle et commença à embrasser son cou nu, qui lui était exposé.

Surprise, elle s'accrocha à sa chemise. Elle ne savait pas quelle réaction elle devait avoir tant que c'était soudain, mais aussi nouveau pour elle.

— Je peux ? Lui demande-t-il d'une voix rauque, tout en dévorant ses lèvres du regard.

Elle lui donna l'autorisation, tout en ne masquant pas sa surprise. C'était la première fois qu'une pareille chose lui était demandée. Émue, elle ne sut retenir ses larmes puis, ferma les yeux pour recevoir son baiser.

Il souhaitait pouvoir avoir une place dans le cœur de cette jeune femme qui avait une emprise inénarrable sur lui. Il détacha ses lèvres légèrement des siennes tout en portant un regard véhément sur elle. Captivé, il s'appliqua à dessiner les contours de ses lèvres pulpeuses. Désirant la graver davantage de son empreinte, il baisa son cou qui lui était davantage exposée.

Embrouillée, elle se laissa envelopper dans ses bras, tandis qu'il entourait sa taille chaleureusement.

— Je n'ai rien contre toi, mon cœur. Commença-t-il en caressant sa tête doucement. J'essayais simplement de fuir ce qui vient de se produire, avoue-t-il en esquissant un sourire.

— Je dois avouer que je ne m'y attendais pas, lui confie-t-elle dans un murmure. Je ne sais donc pas comment réagir.

— Tu as seulement besoin d'accepter ce qu'il se passe entre nous sans te faire une et mile scénarios inutiles.

— Si seulement c'était si simple pour moi, dit-elle en lui faisant face. 

— Tu ne peux feindre de ne pas ressentir cette osmose qui se produit entre nous. 

— J'en suis consciente, mais j'en ai effroyablement peur. Je ne peux m'empêcher de penser que tout peut s'effondrer comme cela se produit si souvent dans ma vie. Néanmoins, j'ai tout de même envie d'y croire cette fois.

Il sourit en guise de réponse, puis l'invita à se lever pour le suivre en direction de la cuisine.

Tandis qu'elle le suivait dans les escaliers, elle s'arrêta pour lui faire une demande particulière. Elle était à la fois terrifiée et anxieuse à l'idée de se donner à nouveau à quelqu'un. L'inconnu faisait et fera toujours peur, mais il faudra toujours y faire face.

— Fais-moi la promesse que je ne finirai pas brisée encore une fois, lui dit-elle subitement en le stoppant dans son élan.

Il répondit aussitôt afin de la rassurer :

— Tu ne le seras pas, répondit-il en se retournant vers elle.

Elle lui offrit pour la première fois un sourire qui semblait être le signe d'un avenir joyeux.

— Viens, l'invita-t-il en tendant une main vers elle qu'elle saisit puis le suivi dans la cuisine. Il Fit infuser du thé vert japonais alors que le jeune fille ne pouvait s'empêcher de se remémorer ce qui venait de se produire entre eux.

Elle voulait y croire, mais elle avait l'impression qu'une guerre faisait rage en elle.

Un homme ne restait jamais très longtemps dans sa vie sans qu'elle finisse par souffrir. Assise face à Soen, elle l'observa minutieusement tout en se demandant comment un tel homme pouvait avoir de l'amour pour elle.

Elle sentit son cœur se cliver d'une terrible douleur à la simple idée de finir encore plus esquintée qu'elle ne l'était. Elle commençait alors à regretter d'avoir dit oui.



𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now