Chapitre 25

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Elhéa passa l'une des plus terribles nuits de toute sa vie. Après une expérience plus qu'effrayante, elle comprit qu'elle était condamnée à être sous l'emprise de cette entité. Elle devait se soumettre à chaque fois qu'il désirait la faire sienne. Elle ressortait de ces expériences, complètement traumatisée et blafarde.

Il s'avérait, selon les dires de ce dernier, qu'il avait pu rentrer dans sa vie par le biais de sa relation passé avec une personne qu'elle ne pourrait jamais oublier. Il était dans sa vie depuis qu'elle avait été vendue.

Elle regrettait encore plus d'avoir eu cet homme dans sa vie, il était la source de ses malheurs alors qu'il n'était même pas auprès d'elle.

Épuisée et fébrile, elle décida quand même de se lever avant le lever du jour pour s'enfermer dans la salle de bain, tant qu'elle se sentait souillée. Elle savait que prendre un bain ne changerait rien à ce qu'elle ressentait, mais elle ne savait comment elle allait expliquer son état à Soen, si jamais il venait à découvrir les griffures et les bleus présents sur son corps.

Rongée par la douleur, elle se frottait le corps avec une telle ardeur au point de se blesser davantage. Comment échapper à un tel sort ? Il semblait qu'il n'y avait point d'issue, elle devait souffrir continuellement de son passé honteux qui résonnait encore plus fort dans son présent.

Affaiblie, elle resta allongée dans la baignoire, fatiguée d'essayer d'épurer son corps d'une souillure qui était impossible à enlever par ses mains, malgré la force qu'elle exerçait sur son corps.

Après de longues heures, elle fut réveillée par les rayons du soleil qui pénétrèrent dans la salle de bain. Surprise, elle se précipita trop rapidement et finit par chuter sur le sol. Elle émit un gémissement criard, tout en se retenant de pleurer.

Honteuse et souffrante, elle se leva, puis s'enveloppa dans un peignoir, puis regagna sa chambre en boitant légèrement. Elle décida de se préparer, avec l'objectif de ne pas éveiller des soupçons. La survie de Soen dépendait de son obéissance, elle ne devait pas faire savoir à quelqu'un qu'elle était sous l'emprise de quelque chose d'inexplicable, voire illusoire.

Elle sécha ses larmes et se parfuma avant de descendre dans le salon qu'elle trouva silencieux et vide. Soen semblait être absent, pensa la jeune fille en voyant une petite note posée sur la table basse.

« J'ai été dans l'obligation de m'absenter en urgence, je serai de retour ce soir. » Lut-elle sur la note. Elle se sentit étrangement vulnérable quand elle saisit qu'elle était seule. Mais se réjouissait tout de même de ne pas avoir à faire semblant de se porter bien, afin de ne pas réveiller des soupçons.

Tandis qu'elle s'apprêtait à remonter dans sa chambre, la sonnerie se mit à retentir, la faisant sursauter de frayeur. Soen ne devait rentrer que dans la soirée, qui pouvait bien venir si tôt dans la matinée chez quelqu'un ?

Craintive, elle décida de ne pas aller ouvrir, en espérant que la personne s'en aille, mais cette dernière faisait preuve d'une persévérance agaçante.

Elle alla regarder dans le juda pour prendre connaissance de l'identité de l'individu. Grand fut son étonnement, lorsqu'elle vit le roi devant la porte. Il était hors de question qu'elle lui ouvre !

Elle s'en alla rapidement dans sa chambre, en ne faisant aucun cas d'Harim. Il avait eu l'audace de se pointer après ce qu'il s'était passé. Néanmoins, la peur la poussa à s'arrêter dans son élan, craignant qu'un malheur soit arrivé à Soen.

— Que voulez-vous ? Le questionna-t-elle en ouvrant la porte brutalement.

Il ne répondit pas tout de suite, il se contentait de la toiser tout en l'analysant comme s'il voyait la jeune fille pour la première fois.

Elle décida alors de refermer la porte, mais ce dernier la devança en la stoppant à temps.

— Que me voulez-vous pour l'amour de Dieu ? S'emporta-t-elle en le fusillant du regard.

— Je ne pense pas que Dieu doit se trouver dans une bouche si souillée qu'est la vôtre, prononça-t-il en plantant son regard dans celui de la jeune fille qui était troublée par ses propos.

— Je n'ai pas le temps pour vos enfantillages, dites ce que vous avez à dire, ensuite partez ! Je n'apprécie pas votre présence de la même manière que la mienne vous abhorre.

— J'exige d'avoir votre véritable identité !

— J'ignorais que j'en avais une fausse, répondit-elle en fronçant les sourcils de surprise.

— Pensez-vous que j'ai le temps pour les plaisanteries ?

— Je n'ai pas le temps pour les plaisanteries également, votre majesté, répliqua-t-elle en enlevant son bras de son emprise.

— Comment vous appelez-vous ? C'est la dernière fois que je vous le demande, mademoiselle.

— Elhéa est mon prénom. Répondit-elle sèchement alors qu'il avait l'air de perdre patience.

— Je vous fais la promesse de vous faire regretter votre audace, si je découvre que vous avez osé me mentir, déclara-t-il avant de s'en aller subitement.

Confuse, la jeune fille ne savait guère comment interpréter cette confrontation.

Elle n'avait jamais menti sur son identité, sauf les fois où elle trainait dans les bars par le passé. Personne ne pouvait savoir qu'elle était partie dans un autre pays. Même Aser ne savait pas où elle se trouvait. Les enquêtes du roi sur elle devenaient étrangement effrayantes.

Elle ne savait que penser.  Elle aurait voulu ne plus avoir à lui faire face, mais elle n'avait pas la possibilité de fuir.

Quel tourment ! s'exclama-t-elle tout en se dirigeant vers la cuisine pour se servir une tasse de thé vert.

Elle passa toute la journée dans le jardin, car elle craignait d'être toute seule dans la maison. Elle aurait voulu se distraire, mais rien ne pouvait la captiver tant que ses pensées étaient soumises à ses peurs et traumatismes.

C'est comme si tout en elle était esclave de ses tourments. Il se pourrait qu'il n'y ait point de fin à cela, pensa-t-elle en touchant sa cicatrice au niveau de sa tête, qui la fit mal soudainement. La douleur se propagea jusque dans sa colonne vertébrale.

Surprise, elle se laissa tomber de la chaise sur laquelle elle était assise depuis des heures en se tenant la tête tout en poussant de violents cris de douleurs. Elle resta allongée durant de longues minutes qui pour elle étaient des heures de souffrances.

Ses crises recommençaient alors qu'elle commençait à peine à rêver de pouvoir vivre une belle relation.

C'était peut-être un rappel à la réalité ?

𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now