Chapitre 15

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Après être partie de la fête, Elhéa s'était enfermée dans sa chambre. C'est en se réveillant d'un impétueux cauchemar qu'elle regretta amèrement sa décision. Elle avait pensé qu'il s'agissait d'un véritable cauchemar. Pourtant, lorsqu'elle regarda son corps , elle y trouva des bleus et des traces de griffures ainsi que du sang à l'intérieur de ses cuisses.

Elle s'effondra de frayeur sur le sol, l'atmosphère était oppressante et dégageait une odeur qu'elle ne connaissait pas jusqu'alors.

Elle regardait inlassablement les traces de griffures sur sa peau avec les yeux brouillés de larmes.Elle voulait ardemment mourir pour mettre fin à de tels tourments, c'en était trop. Elle luttait contre quelque chose qui n'était absolument pas fait de chair et de sang. Elle se faisait torturer chaque nuit et cela se faisait avec une telle rage qu'elle se retrouvait ensanglantée dès son réveil.

Elle ne pouvait rien faire contre cela, à part disparaître pour que ça ne se reproduise plus. Ainsi, sans aucune hésitation, les larmes aux yeux, elle s'empara d'une lame qui traînait dans la salle de bain et commença à se couper les vaines avec force, jusqu'à sombrer sur le sol humide de la salle de bain pour la énième fois.

— Rentrez Lucie, déclara le souverain pour Lucie qui venait le voir dans son bureau.

— Je pense que vous devriez aller voir la demoiselle, elle n'a pas pris son dîner et s'est enfermée dans sa chambre depuis plusieurs heures.

— Ce n'est jamais bon signe lorsqu'elle s'enferme dans sa chambre, dit-il en se hâtant vers la chambre de cette dernière.

— Vous auriez dû me prévenir plus tôt Lucie, dit-il en s'acharnant sur la porte de la jeune fille. Mais, elle n'ouvrait pas. Elle ne donnait aucun signe de vie. Il ouvrit la porte dans un fracas et se dirigea vers la salle de bain dont la lumière était allumée.

Hélas, elle avait recommencé, constata-t-il  alors que Lucie poussait un cri de frayeur. Il souleva Elhéa dans ses bras pour la conduire vers l'hôpital le plus proche.

Il ne laissa même pas son chauffeur conduire, il avait conduit si rapidement qu'il arriva en à peine quinze minutes tandis qu'il devait prendre bien plus de temps pour y arriver normalement.

Il attendait dans la salle d'attente le verdict des médecins depuis plusieurs minutes en angoissant. Elle ne pouvait pas mourir de cette manière, il ne pouvait pas accepter qu'elle mette fin à ses jours telle une lâche.

— Je suis occupé Altan, que me voulez-vous ? S'enquit-il en élevant la voix plus qu'il ne le voulait.

— Je suis navrée de vous déranger, votre majesté. J'appelais pour vous dire que j'avais les résultats.

— Ne passez pas par divers chemins, est-ce positif ou non ?

— Vous devriez venir récupérer les résultats, je pense que ce serait mieux de cette manière.

— Je n'ai pas le temps de passer , ne me faites pas perdre plus de temps Altan.

— Vos dires étaient vrais, c'est bien ce que vous pensiez.

— Vous me preniez pour un fou lorsque j'avais osé dire que c'était cela !

— Ça fait si longtemps, que je pensais cela inconcevable, toutes mes excuses, votre majesté.

Il décida de mettre fin à l'appel, n'arrivant toujours pas à digérer la nouvelle.

— Votre majesté, elle est hors de danger, déclara un médecin, ce qui le sortit de sa stupeur.

— Je vous remercie, puis-je la voir ?

— Je lui ai donné de quoi calmer ses possibles douleurs, elle ne peut pas vous parler pour le moment.

— Je comprends, est-ce possible de la transférer dès ce soir dans la capitale ? Je ne tiens plus à rester ici.

— Bien sûr, dit-il en s'inclinant , ensuite s'en alla pour commencer les démarches nécessaires concernant le transfert de la jeune fille dans l'hôpital royal. Le roi se chargea d'informer Lucie de sa soudaine décision.

— Elle souhaitait rester encore un peu à Booz, elle trouvait l'endroit calme contrairement à la capitale qui est constamment bruyante.

— Le calme de Booz ne l'a pourtant pas empêché de vouloir mettre fin à ses jours, Lucie. Préparez ses affaires, et donnez-les à mes gardes et qu'ils les apportent à l'hôpital au plus vite.

— Entendu,déclare-t-elle en terminant l'appel.

— Tout est prêt, votre majesté, nous pouvons la transférer en hélicoptère.

— Transférez-la immédiatement, ordonna-t-il alors qu'il partait déjà pour être sur place lorsque la jeune fille sera là.

Le vol fut très rapide et éprouvant. Harim avait l'impression que tout son monde venait de s'écrouler. 

Elhéa ne voulait voir personne. Elle se sentait misérable, indigne que cet homme qu'elle ne connaissait guère s'inquiète pour elle.

— J'ai pris un rendez-vous avec un collègue pour vous, mademoiselle Stein.

— Je vous ai toutefois dit que je ne souhaitais pas en voir un, pourquoi essayer de me contraindre à voir un psychologue ?

— Parce que vous n'allez pas bien, trouvez-vous cela normal de vouloir se suicider à chaque instant ?

La jeune fille ne répondit pas au médecin, elle ne comprenait pas pourquoi les gens s'inquiétaient pour elle de cette manière alors qu'elle n'en avait rien à faire d'elle-même. Que pourrait bien provoquer sa disparition dans leurs vies ? Elle n'était personne et son passage dans ce pays était éphémère et futile.

— Vous n'avez pas le choix cette fois.Il est question d'un ordre provenant directement du souverain.

— Il n'est pas mon roi.

— Vous êtes sur ses terres , vous devez par définition vous plier à sa volonté. Je vous conseille de ne pas le contrarier plus qu'il ne l'est déjà, vous risquerez de le regretter.

— Pourquoi serait-il contrarié par le fait que je veuille mettre fin à ma vie ? Est-il question de sa vie ? Arrêtez de me tenir responsable pour ce que je n'ai pas fait.

— Vous devriez le remercier de vous à voir sauver à temps au lieu de penser ainsi.

— Que dites-vous, docteur ? Le remercier ? Je voulais mourir ,ne pouvez-vous pas saisir cela ? Cria-t-elle, les yeux voilés de larmes. Je n'ai pas demandé à être sauvée !

— Je vous laisse vous calmer,déclara le docteur avant de disparaître de la pièce.

Elhéa avait l'impression que personne ne cherchait à la comprendre. Elle trouvait égoïste que les gens l'obligent à vivre dans un monde si fatal alors qu'elle pouvait en  finir rapidement.

Avec toutes ces caméras sur elle, elle ne pouvait même plus oser tenter de disparaître à nouveau.

Pour elle, la fatalité de la vie était pire que la mort. Elle aspirait à mettre fin à ces souffrances qui la rongeaient telle de la teigne. Y parviendrait-elle ?

𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now