Chapitre 20

92 41 2
                                    


— Je viens de vérifier les caméras de surveillance, Harim . Pourquoi avoir tenu de tels propos ? Es-tu devenu fou ?

— Soen, je suis très occupé.

— Te fiches-tu de moi ? Tu viens de conduire quelqu'un au suicide, la seule chose que tu trouves à dire, c'est que tu es occupé.

— Que veux-tu que je dise ? Est-ce moi qui ai pris une lame pour abîmer ses veines ?

— Je pense que tu délires complètement, fait en sorte que je  ne puisse pas te revoir. Parce que je vais terminer ce que j'avais continué la dernière fois.

— Pourquoi te  préoccupes-tu tant pour une prostituée ? Tu tomberas dans ses filets et tu ne pourras pas dire que je ne t'avais pas prévenu.

— N'est-ce pas toi qui as défiguré un premier ministre pour ta sœur que tu considères comme une prostituée ? N'as-tu donc pas honte ?

— Nous partageons le même sang, mais je ne la considère pas comme ma sœur. Pour ta gouverne, je ne faisais que défendre mon employée et non cette débauchée.

— Tu es vraiment un crétin, tu retrouves ta sœur disparue depuis toutes ces années, c'est de cette manière que tu la traites ? Elle ne t'a pourtant pas caché qu'elle avait eu une vie qui n'est pas digne d'acclamations.

— Au revoir Soen, dit-il en prétextant une urgence avant de mettre fin à l'appel subitement.

— Monsieur Ngern, j'ai besoin de votre signature afin de pouvoir transférer la patiente chez vous.

— Bien sûr, répondit-il en s'approchant du médecin .

— Vous savez, nous n'avons toujours aucune explication à propos des griffures sur le corps de la jeune fille. Elles sont animales, mais ne correspondent point à  ceux d'aucun animal présent sur terre.

— Je ne saurai vous donner une explication également, docteur, réplique-t-il en se passant une main dans les cheveux. C'est la première fois que je suis confronté à une telle situation, peut-être qu'Elhéa aura une explication à son réveil, confie-t-il en remettant le document à ce dernier.

Il acquiesça en accompagnant le jeune homme vers la sortie, près de l'ambulance qui conduisait la jeune fille chez lui. Il avait fait la rencontre d'Elhéa durant tout le temps qu'elle avait passé en clinique après avoir reçu  l'ordre du roi de veiller sur elle, mais il n'avait jamais songé à tisser des liens si fort avec elle.

Il avait l'impression qu'il affectionnait la jeune fille bien plus que son propre frère, qui avait pourtant juré de la protéger.

Après plusieurs semaines à l'hôpital , il rentrait enfin chez lui avec une Elhéa dont le corps était rempli de meurtrissures indéchiffrables. Elle souffrait tellement, qu'elle avait dû recevoir plusieurs doses de morphine afin de l'aider à dormir, parce que la douleur l'empêchait de dormir.

Le corps engourdi, Elhéa ouvrit les yeux lentement alors qu'elle sentait de douces caresses sur ses joues.

— Tu es enfin réveillée, murmura Soen en saisissant la main de la jeune femme.

Elle acquiesça en scrutant les lieux.

— Je suis vraiment navrée, Soen.Je n'ai pas réussi à tenir ma promesse, confessa-t-elle, tandis que le son de sa voix révélait qu'elle était sur le point de pleurer.

— Ce n'est pas important, ce qui importe, c'est que tu sois en vie.

— Je doute que mon existence ait une quelconque importance, elle n'a jamais eu une .

— Tu as été importante pour moi dès le premier jour que nos regards se sont croisés dans cette clinique.

— J'ai bien peur de te détruire, je ne sais faire que cela. J'amène la ruine dans la vie de tous ceux qui s'attachent à moi.

— Tu ne saurais me détruire et je ne te laisserai point continuer à  t'autodétruire,dit-il en longeant sa main pour la poser délicatement sur sa joue droite.

— Je pense qu'il faudrait que tu aies des superpouvoirs pour y parvenir, confie-t-elle en posant une main sur la sienne. Je ne peux pas revenir en arrière, je ne veux pas que tu aies de faux espoirs me concernant, avoua-t-elle en essayant d'étouffer un sanglot.

— Je me fiche complètement de ton passé. Tu as assurément des raisons qui t'ont conduite à avoir la vie que tu as eue.

— Si tu savais.  . .

— Chut,mumura-t-il en posant son index sur les lèvres de la jeune fille, ce qui ne manqua pas de la surprendre.

— Nous n'avons pas le pouvoir de changer le passé,commença-t-il. Mais,nous pouvons changer le présent et l'avenir, dit-il en prenant ses deux mains dans les siennes. Combattons tes démons ensemble, nous n'avons rien à perdre en essayant.

— Je suis absolument terrifiée, confie-t-elle en étreignant la main de Soen très fort.

— Nous pouvons changer les choses si tu décides de ne plus être esclave de la honte.

— Si je pouvais oublier , je pense que ça m'aiderait à faire  un premier pas.

— Pourquoi est-ce que la décision d'avancer malgré la honte ne peut-elle pas être ton premier pas ?

— J'aimerais que ce soit aussi simple, mais obscurcir des années qui refont surface encore et encore dans mes pensées, s'avère une tâche très rude. Je n'ai pas vraiment de raison quelconque qui pourrait me pousser à vouloir demeurer en vie.

— Tu ne veux pas voir Aser derrière les barreaux ?

—  Quelques années en prison ne peuvent changer ce qu'il a fait. Même la mort n'est pas suffisant pour un tel individu.

— Pourquoi toi qui es une innocente devrait mériter de mourir ?

Elle le regarda avec des yeux larmoyants, ne sachant pas comment faire saisir à cet homme qui pense qu'elle n'est qu'une victime. Elle était tout simplement tombée dans le piège qu'elle avait tendu. Malheureusement pour elle, il y avait des gens bien plus finauds qu'elle ne pourra jamais l'être.

— Je ne suis pas si inoffensive que tu le penses, Soen.

— Je ne viens pas de te dire que ton passé ne comptait pas pour moi ? Réplique-t-il en aidant la jeune fille à s'adosser au lit.

— Seulement, tu ne la connais pas ce passé dont tu te fiches , déclare-t-elle en abaissant le regard.

— Je peux le lire dans ton regard, confie-t-il en prenant le menton de la jeune fille dans sa main pour qu'elle puisse plonger son regard dans le sien. Accepte mon aide, reprit-il alors que la jeune fille tremblait d'une manière immaîtrisable.

— Penses-tu que c'est vraiment possible de voir un changement ?

— Je pense que nous pouvons créer ce changement, corrigea-t-il en s'approchant d'Elhéa pour la serrer dans ses bras tandis qu'elle continuait à trembler.

Elle n'arrivait même pas à croire qu'une pareille chose soit possible, mais elle voulait simplement essayer . Peut-être qu'elle serait surprise par ce qu'un peu d'audace peut produire ?

𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now