Chapitre 29

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— Que se passe-t-il ?  Questionna Elhéa en dirigeant son regard vers une foule qui entourait une jeune femme qui chantait.

— Il y a souvent des gens qui chantent dans ce lieu à l'occasion des fêtes de fin d'année, répondit Soen avant de se focaliser à nouveau sur la route.

— Pouvons-nous nous arrêter un instant ? J'aimerais écouter de plus près la chanson, confia la jeune fille.

Il acquiesça d'un hochement de tête avant de se garer afin de la permettre d'aller vers la foule. Elle qui n'était point à l'aise au milieu des grandes foules, aspirait à aller écouter une simple jeune fille qui chantait à l'occasion des festivités de fin d'année.

Elle s'approcha rapidement de la foule comme si elle était pressée de toutes parts de le faire.

Lorsqu'elle fut au plus près de la foule et qu'elle a pu entendre les paroles de cette chanson qu'elle avait entendue de loin, elle se rendit compte que ce n'était pas un chant de fête.

Cette jeune femme chantait à propos de Jésus. N'étant pas intéressée, elle méprisa celle-ci avant de faire savoir à Soen qu'elle ne tenait plus à assister à une telle performance médiocre.

De la même manière qu'elle avait senti un empressement pour aller auprès de la foule, de la même façon, elle sentit une opposition en elle à l'idée qu'elle reste.

Ce fut étrange. Mais, elle décida d'obéir à cette force qui s'opposait à ce qu'elle demeure dans ce lieu.

Ils reprirent donc leur chemin. Les photos pour la nouvelle campagne de Soen étaient révélées depuis deux jours et tout le pays était en effervescence, car ils ne connaissaient pas cette jeune femme qui avait l'allure d'un personnage légendaire. 

Mais il fallait s'y attendre, le roi n'était point d'accord avec la décision de Soen d'avoir fait d'Elhéa le visage principale de sa campagne. Elle avait pu entendre une conversation entre les deux amis.

Cependant, Elhéa ne se rendait pas compte de l'agitation que sa présence suscitait. Elle était trop prise par ses propres préoccupations, notamment la sensation étrange qu'elle venait de ressentir dans la foule. 

Était-ce une simple coïncidence ou y avait-il une signification plus profonde derrière cela ? Au fur et à mesure qu'ils continuaient leur route, Elhéa repensait à la chanson qu'elle avait entendue. Même si elle l'avait méprisée au premier abord, les paroles raisonnaient encore dans sa tête. Elle se rendit compte que ce chant, bien que mélancolique, reflétait une vérité profonde et sincère.

Elle cherchait des réponses, tentant de comprendre pourquoi ce chant, qui aurait dû lui être étranger, l'avait touchée si profondément.

Elle se tourna vers Soen, qui était plongé dans ses pensées. 

— Soen, tu penses que cette jeune femme chantait la vérité sur Jésus ?  Demanda-t-elle timidement.

 Soen haussa imperceptiblement les épaules, incertain de la façon dont il devait répondre. Son regard se perdit dans le vague, comme s'il cherchait une réponse au-delà des confins de sa conscience. Il savait que cette question délicate ne pouvait recevoir une réponse tranchée.

— Je ne puis le dire avec certitude, Elhéa. Ce genre de question relève des croyances intimes de chacun. Certains ont foi en Jésus, tandis que d'autres n'y voient qu'une figure historique sans connotation spirituelle.

Elhéa resta silencieuse, plongée dans une profonde réflexion. Elle parcourut du regard le paysage majestueux qui les entourait, une étendue sauvage où la nature se dévoilait dans toute sa splendeur. Le vent sifflait parmi les arbres centenaires, apportant avec lui une fraîcheur revigorante qui les enveloppait tous les deux. Elle se demanda si la vérité, cette vérité tant recherchée à travers les époques, pouvait réellement être accessible à travers les paroles d'une simple jeune femme.

Soen finit par briser le silence tandis que la jeune femme était captivée par les paroles de cette chanson qui retentissait en elle, encore et encore.

— Elhéa, la vérité ne réside pas uniquement dans les mots prononcés par une personne, aussi humble soit-elle. Elle est un chemin qu'il nous faut ardemment parcourir, une quête sans fin pour éclairer notre esprit. C'est en nourrissant notre âme d'une multitude de connaissances que nous nous approcherons de cette vérité. C'est en développant notre esprit critique et en gardant une ouverture d'esprit que nous pourrons essayer de l'entrevoir, dans toute sa complexité et sa subtilité.

— Ne pouvons-nous pas la trouver d'une manière beaucoup plus simple ? Je ne pense pas que nous parviendrons à la trouver en mélangeant toutes les connaissances ensemble. C'est plutôt insensé, à mon avis.

— Parfois, ce qui nous semble insensé est en réalité le fruit d'une compréhension plus vaste et plus élevée.

— Il est vrai que nous devons nous garder de nous égarer dans les méandres tortueux de la connaissance pure. Mais l'unique manière d'approcher la vérité, c'est de rechercher la sagesse dans toutes ses formes.

— Comment y parvenir ? Questionna-t-elle tout en songeant au fait que tout dans ce monde était question d'argent, de plaisirs éphémères dont elle-même en payait les prix à ce jour. N'y avait-il pas plus ? Sommes-nous nés pour manger, boire, nous marier, faire des enfants et mourir ? Est-ce cela le but d'une vie ?

— Je crois que nous devrions, nous devons nous ouvrir à tous les chemins qui s'offrent à nous : Les paroles des philosophes, les écrits des grands penseurs. Cherchons la vérité dans la beauté de la nature, dans la profondeur des relations humaines.

Elle acquiesça, jugeant que la pensée du jeune homme comme étant contraire à sa vision. Elle ne savait même pas de quels grands penseurs ou de philosophes qu'il parlait. Elle ne se souvenait pas d'être passée sur les bancs de l'école un jour.

Pourtant, quelque chose dans les yeux du jeune homme l'intriguait. Il semblait débordant d'une passion et d'un savoir qui lui échappaient. Peut-être que ce chemin qu'il proposait était, après tout, à explorer.

Elle repassait ses paroles dans son cœur jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Sur le chemin, la jeune fille voyait des affiches d'elle sur des panneaux publicitaires. Elle ressentait une certaine fierté d'avoir osé accepter d'être la figure principale de cette campagne, mais elle savait qu'elle ne pourrait plus jamais retourner en arrière après avoir fait ce pas.

Elle venait aussi de révéler à Aser qu'elle était toujours en vie. Cet homme qui avait causé tant de souffrances dans son passé. Elle se demandait encore si cette révélation était un pas vers la guérison ou vers de nouveaux tourments.

 Malgré ces doutes, la jeune fille restait déterminée à prendre ce nouveau départ. Elle savait que pour avancer, elle devait faire un trait sur ce passé afflictif et se concentrer sur ce présent qui lui ouvrait enfin les portes de la liberté.


𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now