Chapitre 10

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Songeant toujours à ses peines, la jeune fille entendit une voix qui suggéra de s'occire pour mettre fin au rappel de ses souvenirs douloureux qui semblaient n'avoir que l'unique but de la détruire lentement.

Pouvait-elle faire une telle chose ? Ne serait-ce pas de la lâcheté de sa part de fuir la dure réalité de la vie au lieu de l'affronter ? De plus, qu'adviendrait-il d'Aser? Elle ne pouvait pas oser mourir ainsi et le laisser vivre alors qu'elle n'était point en tort.

Elle longea sa main pour toucher une rose qui attirait son regard, mais ne faisant pas attention aux épines, sa main se heurta contre l'une d'elles. Elle ne grimaça même pas, comme si elle s'infligeait volontairement une certaine punition. Elle prit la rose ainsi que sa branche remplie d'épines qui s'enfoncèrent dans sa main droite. Le sang ne tarda pas à couler jusqu'à souiller sa robe blanche.

Elle appuya même plus fort sur la branche afin que les épines s'enfoncent davantage dans sa main. En faisant cela, elle songeait au fait que c'était ce qui avait attiré son regard qui l'avait conduite à  là où elle était  présentement. Mais, elle s'était heurté contre les épines de l'illusion qui la blessèrent jusqu'à faire saigner son cœur.

Elle était si plongée dans ses pensées tout en serrant la branche épineuse dans sa main, elle ne vit pas le roi s'approcher vers elle.

Elhéa! Dit-il en la secouant dans le but de la faire sortir de son hébétude.

C'est alors qu'elle tourna sa tête pour rencontrer son regard qui exprimait une colère mêlée à une vive inquiétude.

Je vais bien, prononça-t-elle en jetant la branche .

Il toisa littéralement la jeune fille du regard, puis la souleva afin de la conduire dans sa chambre tandis qu'il chargea son secrétaire qui l'accompagnait de faire venir son médecin dans la chambre de cette dernière.

Qu'est-ce qui vous a pris pour oser faire une telle chose ?

Je ne ressentais pas de douleurs, avoua-t-elle alors qu'il gardait sa main dans la sienne.

Ce n'est pas une raison valable pour enfoncer ces épines dans votre main.

Elle décida de ne plus argumenter , parce qu'elle ne savait pas expliquer ce qui venait de se passer . Elle avait été si intensément engloutie dans ses pires cauchemars,qu'elle avait été déconnectée de la réalité. Elle avait même oublié qu'elle avait eu la branche épineuse dans sa main durant cet instant.

Cependant, elle ressentait la douleur qui paralysait sa main à présent. Elle essayait de se retenir de grimacer, tant qu'elle était vive.

Par ici, déclara le roi pour diriger le médecin près de la jeune fille.

Il faut la conduire à l'infirmerie, plusieurs vaines sont endommagées, conclut le médecin après avoir regardé sa main.

Le roi lança un regard noir à la jeune fille, puis la souleva de nouveau pour la conduire à l'infirmerie qui était dans l'aile gauche du palais.

C'est la première et la dernière fois que vous vous permettez de faire une chose pareille, mademoiselle, prévint-il en la laissant seule avec son médecin ainsi que l'infirmière qui était de service.

Vous ne devez pas utiliser cette main avant sa cicatrisation de peur qu'elle ne s'infecte, déclara le médecin.

D'accord, je ne l'utiliserai pas.

Je vous conseille de voir un psychologue, mademoiselle Stein, vous avez beaucoup de choses à déraciner de vos pensées. Vous devriez en parler au lieu de tout garder pour vous, vous vous faites du mal en vous taisant. Le silence ne saurait effacer l'ampleur de vos tourments, mais la parole peut vous libérer.

Je doute que qui que ce soit puisse me venir en aide, docteur. Que fera ce psychologue ? Il m'écoutera narrer ma terrible histoire en m'encourageant pour ne pas abandonner, car comme on dit, tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Mais, ce que l'on oublie de dire souvent, c'est que tant qu'il y a de la vie, les souvenirs de nos pires cauchemars demeurent. Un psychologue ne peut effacer ou guérir mes souvenirs.

 Si vous demeurez dans cet état d'esprit, il n'y aura pas de changements. Toutefois, si vous osez voir plus loin que vos blessures, vous verrez qu'il y a la lumière qui vous attend au bout du tunnel.

Il n'y a que des ténèbres dans ce monde, docteur. Merci tout de même de tenter de me redonner de l'espoir, mais plus rien n'a de saveur pour moi dans cette vie.

J'aurais essayé, dit-il en terminant le bandage d'Elhéa.

Je vous remercie,dit-elle en s'inclinant légèrement.

Une infirmière changera votre pansement tous les deux jours.

Elle acquiesça et regagna sa chambre avec l'aide d'un garde qui avait reçu l'ordre de la conduire à celle-ci. Elle avait à peine mis les pieds dans la chambre que les mêmes paroles qui avaient eu un écho dans ses pensées avant qu'elle n'enfonce les épines dans sa main, furent insufflées à nouveau dans ses pensées. Alors, un combat se livrait dans ces dernières, pour qu'elle ne se suicide pas.

Elle décida de se coucher en espérant que dormir lui ferait échapper à cette voix qui l'encourageait à mettre un terme à sa vie. En réalité, elle voulait mourir. Mais, pas de cette manière. . . Elle se demandait si ce serait la fin des douleurs, véritablement si elle ne vivait plus . Elle n'avait aucune assurance à ce sujet.

Elle cherchait le sommeil, mais il ne venait pas, comme si tout était réuni afin que sa vie soit un tourment, afin qu'elle décide d'y mettre fin. Animée d'une vive colère, elle se mit à arpenter ses appartements alors que de chaudes larmes ruisselaient sur ses joues.

Elle fut prise d'une vive crise d'angoisse qui l'empêcha presque de respirer, elle eut la malingre impression que l'on essayait de l'étrangler. Était-ce une impression ? Était-ce la réalité ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Seulement,elle se battait avec quelqu'un qu'elle ne pouvait ni voir, ni toucher.

Couchée sur le sol, face contre terre, elle essayait de reprendre son souffle. Tout était flou, tant que ses larmes obstruaient sa vision. Elle venait de se rendre compte que peu importe le lieu où elle pouvait se trouver, elle ne retrouverait jamais une quelconque paix.

À qui appartenait cette voix qui insufflait ses idées de suicides dans ses pensées. C'était un autre tourment qui venait s'ajouter à ses souvenirs. Elle ne pouvait pas les fuir également. Les souvenirs ne pouvaient que s'endormir, ils ne pouvaient jamais mourir.






𝗠𝗜𝗘𝗟 & 𝗙𝗜𝗘𝗟Where stories live. Discover now