Chapitre 20 (réécrit)

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*SUITE DU FLASH BACK*

Elle tremblait tellement que même sous la pression de ma main cela n'empêchait pas la sienne de gesticuler. En tout cas elle avait ses raisons d'être dans tout ses états, cela faisait presque cinq ou dix bonnes minutes que nous avions quittés le domicile et que l'on s'enfonçait dans la forêt. Fallait l'avouer, je n'étais pas très serein.

-Ça va aller, lui chuchotais-je. Ça va aller.

Je ne savais pas trop si c'était pour l'aider elle ou si mes paroles étaient faites pour me rassurer moi-même. Amar n'avait pas dit un traître mot depuis la fin du dîner et le silence m'était devenu insupportable:

-Vous allez nous dire où vous nous emmenez ? réussis-je à articuler.

Il ne répondit pas mais cela ne m'étonnait pas, il n'avait pas l'air d'être un type bien bavard. Après encore cinq minutes de marche où il fut difficile de le suivre il s'arrêta enfin dans une petite clairière bien éclairée par la blancheur aveuglante de la lune:

-Très bien. Le moment est venu pour vous de savoir si vous serez condamnés à une vie misérable d'humain ou si vous allez devenir des êtres supérieurs, des lycanthropes. Vos parents auraient pu attendre et voir cela par eux-mêmes, votre mutation se faisant progressivement mais ils ont été impatients, enfin, seulement les tiens Evan, la petite blondinette, elle, est une exception.

Je la sentis frissonner au moment où il parla d'elle. Elle ne savait donc vraiment rien...

-Vous n'êtes pas très bavards, ça me surprend de toi Evan MacDornan, ton père lui est un vrai moulin à paroles. Par contre toi ma petite, ça ne m'étonne pas. Enfin bon là n'est pas le sujet. Je suis ici pour voir votre vraie nature et pour cela, vous allez devoir en chier un minimum...

Respirer, ne pas oublier de respirer...

-Vous comprendrez pourquoi je vous ai amené ici dans quelques minutes.

Il prit son sac qu'il portait depuis le début de l'escapade et en sortit une bouteille en verre rempli d'un liquide verdâtre, il sortit ensuite deux gobelets, il n'allait tout de même pas nous faire boire ça ? Si ?

-Je vais vous donner un peu de cette mixture. Pas très appétissant n'est-ce pas? Grâce à ce simple système vous allez, soit muter prématurément, dans ce cas vous serez qualifiés comme appartenant à la deuxième catégorie ou dans le cas contraire, c'est-à-dire si cela ne fonctionnerait pas et que vous gardiez votre forme humaine, c'est que vous êtes et resterez un humain, à moins de se faire mordre par un lycanthrope de première catégorie, ce qui est quand même moins barbant que de rester un pauvre humain.

Ok, ok, ok, le grand Alpha allait nous donner une boisson à l'aspect dégueulasse, après l'avoir dégluti, deux solutions s'offraient à nous : muter en un putain de loup ou juste souffrir le martyr pour finalement rester humain. Je ne savais pas ce qui était le pire car dans tous les cas, ça allait faire mal à en chialer. La fille, ne pleurait pas étrangement, ses yeux restaient fixés sur un arbre un peu plus loin, à sa place j'aurais versé toutes les larmes de mon corps, mais là je ne pouvais pas. Elle resserra mon étreinte de sa main lorsqu'Amar commença à verser le liquide dans les gobelets.

-Qu'est-ce qui nous prouve que vous nous donnez pas du poison ? repris-je, poussé par une pointe de courage.

-Vous avez deux solutions, soit la méthode douce, c'est-à-dire, je vous donne vos gobelets vous buvez et on en parle plus. Sinon ce sera la méthode forte et ne me demandez pas de l'expliquer en détails, vous en souffrirez d'avance.

Charmant.

-Pourquoi c'est vous qui nous faites subir ça ? Pourquoi pas nos parents ? Ils auraient pu se procurer cette potion et nous la donner non ? continuai-je, de moins en moins sûr de moi.

Un rictus le prit...

-Tu es niais mon garçon... Premièrement il n'y a que moi qui peut se procurer cette "potion" comme tu dis et deuxièmement vos parents ne pourraient pas vous contrôler contrairement à moi. Si tout cela serait si simple je ne serais pas là ce soir... Bon assez parlé, commençons car la nuit risque d'être longue.

Franchement, je tentais de tout mon être de garder mon sang froid mais là... Il fallait avouer que des frissons me parcouraient continuellement l'échine. Amar acheva l'écoulement de la mixture dans les deux gobelets et nous les tendit à moi et à la fille. Je pouvais bien chercher dans tous les sens, aucune échappatoire n'était possible, je me résignais donc à saisir le contenant de ma perte qui avait d'ailleurs une odeur détestable, un mélange de chien mouillé, de moisi et une arrière senteur de vomi. Formidable. Rien que l'odeur me donnait envie de dégobiller tout mon repas de ce soir en plus de mes tripes.

-Qu'est-ce qu'il y a là-dedans ?

La blondinette venait de parler! Au bout d'un moment j'avais fini par croire qu'elle était muette, mais  ce n'était finalement pas le cas !

-Rien qui te regarde ma petite, maintenant buvez avant que je ne vous le fasse faire de force ! aboya l'Alpha.

"À trois" me dis-je. "Un...deux...et demi... trois-quarts...trois..." Je bus cul sec mais le regrettai amèrement une seconde plus tard. À peine le contenu déposé dans mon estomac, je m'étais retrouvé à terre, mon ventre se tordit de douleur et je ne remarquai que vaguement le moment où elle tomba elle-aussi. Après quelques secondes qui me parurent être une éternité, la douleur se propagea. D'abord dans le haut de mon torse, suivit par mes bras, mes jambes et finalement ma tête. Ce n'est qu'à ce moment-là que j'avais commencé à hurler comme un fou, mon corps souffrait de spasmes affolants, je criais, encore et encore, ma tête me brûlait, mes yeux semblaient vouloir se détacher de mon crâne, tout mon corps était tendu, endolori et les spasmes n'arrangeaient rien. Pour la première fois de ma vie, j'avais envie de mourir, vraiment. Je voulais m'arracher les yeux tellement ils me faisaient souffrir, mes bras et mes jambes semblaient eux aussi vouloir partir. Mon pouls était tellement élevé que je n'entendais plus que ça, je n'entendais plus mes cris, ni ceux de la fille, je ne voyais plus rien, ne sentais plus rien à par toutes les douleurs qui m'étaient affligées en ce moment-même. Au bout d'un certain temps: deux heures peut-être, mon corps commençait à se calmer mais mon estomac ne suivit pas et je vomis durant de longues minutes avant de me rallonger dans l'herbe sèche, à moitié en vie. La sentence était tombée, je n'étais pas un loup-garou, et elle alors? Je me retournais tant bien que mal sur le côté et remarquai la fille allongée à quelques mètres plus loin de moi, elle n'avait pas mutée non-plus. J'entendis un grognement féroce proche de nous : Amar... Il était en colère, très en colère à la vue de la fille restée humaine, il grogna encore une fois mais plus violemment et d'un coup, celui-ci muta, je ne vis qu'une ombre passée au dessus de moi partir dans le cœur de la forêt. Il nous avait laissé.

-Helya, souffla-t-elle avec beaucoup de difficultés.

Je me redressai tant bien que mal. Helya, cette jolie petite blonde avait donc un nom, mais malheureusement pour elle, elle s'évanouit quelques secondes plus tard, la suivant quelques secondes plus tard dans l'obscurité de mon inconscience.

*FIN DU FLASH BACK*

-Putain!

Je me redressais trempé de sueur, mon cœur battant à tout rompre. Mon dieu que j'en avais fais des rêves de la sorte, tous comportant Helya, mais celui-ci était tellement réaliste, tellement long! Un vrai fragment de souvenir peut-être? Je me levai à la hâte de mon lit et me regardai dans le miroir de ma chambre, l'adolescent de quatorze ans était bien loin désormais, dans mon rêve je devais faire dix centimètres de moins et possédais trente fois de moins de masse musculaire. Je gardais tout de même mes yeux bleus, mes fossettes que je détestais et mes cheveux indomptables, la forme de mon visage s'était un peu allongé avec le temps et la transformation que j'avais subi le jour de mes dix-neuf ans il y a un an presque jour pour jour, à la mi-octobre. Le jour où tout avait basculé, le jour où mes parents m'avaient lâché comme si j'étais devenu un monstre, une maladie, un virus malfaisant, ou simplement une pauvre merde. Et oui, leur fils chéri était devenu un vampire alors qu'ils me voyaient devenir loup, leurs visages de dégoût et de haine resteront à jamais gravés dans ma mémoire... À mon plus grand plaisir.

Annamh (en cours de réécriture)Where stories live. Discover now