CHAPITRE TROISIEME (1)

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Lorsque la porte fut refermé, Adam et Eve éclatèrent de rire.

Lucy sortit de la salle de jeux et rejoignit les jumeaux.

- Tu aurais vu sa tête, Lucy ! Ricana Adam.

- Une vraie trouillarde, renchérit Eve.

- Mais bien sûr que j'ai vu sa tête, c'est moi qui l'ai tétanisé quand elle a vu la photo où je tendais le bras vers elle.

- Oui, c'est vrai, tu es vraiment doué pour faire peur, Lucy.

La jeune femme se retourna. Le cuisinier Charlie lui faisait un sourire immonde. C'était un homme écœurant, tout juste bon à être donner à manger aux chiens. Lucy le détestait. C'était lui qui l'avait manipulé afin qu'elle tue les résidents de l'orphelinat. Et lorsque, après sa mort, elle lui avait demandé pourquoi avait-il fait ça, il avait répondu que c'était juste pour le but de se divertir. Et en plus de tout ce mépris, Lucy avait fini par avoir peur de lui, son regard fixe lui glaçait le sang.

Elle ne lui répondit pas et se contenta de remonter dans sa chambre afin de lire un peu.

Elle prit son exemplaire de Jane Eyre de Charlotte Brontë, s'installa sur son lit en hauteur et reprit sa lecture. Ce genre d'histoires la passionnait. Le style d'écriture de cette auteure la faisait voyager dans un monde qui la fascinait. C'était sans nul doute son roman préféré, suivi de près par Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, dans un tout autre registre.

Une quinzaine de minutes plus tard, Adam frappa à la porte de la chambre de Lucy.

- Oui ? Dit-elle.

- Mr Sharp a proposé d'organiser un bal ce soir, à l'occasion de la visite des Voyageurs.

Les oreilles de la jeune femme frémirent.

- Continue, dit l'intéressée.

- Cela se tiendra ce soir, à l'heure du crépuscule, il y aura un concours du meilleur danseur de la valse. Pour y participer, tu dois te trouver un cavalier.

- Entendue, répondit Lucy, à qui dois-je déclarer ma participation ?

- À Mme Sanders, elle notera tous les noms sur la feuille du concours.

- Merci pour l'information, Adam. On se retrouve ce soir, dans ce cas-là ?

- Oui, à ce soir, Lucy.

Lorsque le garçon eut quitté la chambre de la jeune fille, celle-ci descendit de son lit et posa son livre sur le bureau de bois. Elle prit un peigne et se coiffa doucement les cheveux.

- Ne te fatigue pas, tu es magnifique !

Lucy sursauta. Jeanne était allongé dans son lit en train de regarder ses vieilles photos quand elle était encore vivante. Lucy ne l'avait même pas remarqué.

- Merci beaucoup, Jeanne, mais il faut que je sois un minimum présentable.

Jeanne sourit et se leva. Elle s'approcha de Lucy, lui prit le peigne des mains.

- Tu ne sais pas te brosser les cheveux...

La camarade de la jeune femme commença à lui brosser délicatement ses longs cheveux châtains. Jeanne avait un an de plus que Lucy. Elle avait ce côté protecteur avec elle, tout en étant comme sa sœur, elle jouait le rôle triple de mère-sœur-meilleure amie. Ses courts cheveux bruns lui donnaient un air de garçon qui lui valait parfois les moqueries des autres enfants. Lucy avait toujours pris de soin de la défendre, une manière de compenser par rapport au nombre astronomique de fois où Jeanne était venu en aide à la jeune femme.

Les gardiens des murs et le passe-murailleWhere stories live. Discover now