CHAPITRE HUITIEME (2)

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- Nous devons absolument aller à la bibliothèque, s'exclama Lucy, Harvey pourra sans doute nous aider !

Lucy connaissait très bien Harvey, c'était le bibliothécaire du Castel. Il refusait toujours de sortir de ce lieu, il s'y plaisait. Les bals et les réunions ne l'intéressaient guère. Seules l'odeur du livre ancien, le bruit d'une page qui se tourne, la sensualité de la plume effleurant le papier en y laissant une cicatrice d'encre noir, les douces respirations de certains lecteurs en train de lire un roman d'amour, la tension d'autres en train de lire un roman à suspense, le silence omniprésent, donnant une atmosphère sereine, la lueur des lumières vertes de son bureau éveillaient ses sens et l'emmenaient dans un monde où il se sentait à sa place. La bibliothèque et lui ne faisait qu'un, l'un n'allait pas sans l'autre. Les autres fantômes du Castel trouvait cette attitude étrange, cette dépendance quasi maladive à un simple lieu absurde. Mais pour Lucy, c'était fascinant. Elle prenait un plaisir fou à entrer dans cette bibliothèque, et si Simon n'habitait pas dans le cimetière, elle pourrait bien y vivre pour l'éternité.

Lucy et Jeanne descendirent les escaliers en colimaçon et se posèrent devant le bureau d'Harvey, vide.

- Il est encore absent ?! S'exclama Jeanne.

- C'est Harvey...

Soudain, un homme sauta du haut de l'escalier et atterrit sur le sol sans aucune égratignure. Jeanne sursauta, avant d'être soulagé de voir Harvey lui sourire d'un air moqueur.

- Décidément, même après la mort, tu as toujours peur que quelqu'un sautant de cinq mètres puisse décéder.

- Je n'ai pas l'habitude de voir des esprits faire les idiots, figure-toi.

- C'est bien dommage, répondit Harvey qui ne fut pas vexé par la remarque, les idiots sont les êtres les plus heureux du monde.

Harvey se mit devant son bureau et leva les yeux vers Lucy.

- Oh, pardon, Lucy, je ne vous avez pas vu (il s'approcha de la jeune fille et lui fit un baise-main) comment allez-vous ?

- Ne vous inquiétez pas, Harvey. Et oui, je vais très bien.

- Tout va pour le mieux dans ce cas-là. Eh bien, que puis-je faire pour vous, mesdemoiselles ?

- Avez-vous entendu parler du Passe-Muraille ?

- Oui, bien entendu, Annie est venu m'en parler hier soir. Pourquoi, que s'est-il passé ?

- On pense qu'il s'en est pris à l'un d'entre nous...Anatole a disparu.

- Mon Dieu, quelle horreur !

- Et nous aurions besoin de votre aide pour le retrouver, continua Jeanne.

Harvey regarda les deux jeunes femmes, interloqué.

- Mais...mais voyons, mesdemoiselles, comment pourrais-je vous aider, je ne suis rien de plus qu'un bibliothécaire.

- Et c'est bien pour ça que vous nous serez d'une grande aide, répondit Lucy presque immédiatement, nous aurions besoin d'un livre à propos des fantômes ayant la capacité de traverser les murs.

Harvey ne répondit pas et se dirigea vers l'escalier, suivi de près par Jeanne et Lucy. Il montait ses escaliers à une vitesse vertigineuse, si bien que les deux jeunes femmes avaient de la peine à le suivre.

Harvey était mort dans des conditions désastreuses. Un homme jaloux de son intelligence avait décidé de l'assassiner. Il l'avait suivit jusqu'au Castel et s'en était pris à lui en lui donnant un coup de chandelier dans la tête. Son crâne fut brisé et il mourut sur le coup, laissant une énorme flaque de sang tout autour de son cadavre...

Les gardiens des murs et le passe-murailleWhere stories live. Discover now