CHAPITRE QUATRIEME (2)

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- Mais je t'assure que j'ai vu quelqu'un traverser le mur à l'étage !

Depuis déjà plusieurs minutes, Lucy s'obstinait à faire comprendre à Mme Sanders ce qu'elle avait vu la veille. À part les enfants, Mme Sanders était la seule personne que Lucy tutoyait, étant donné qu'elle la connaissait très bien et depuis bien longtemps.

- Tu racontes des sottises, Lucy. C'est ton euphorie après le bal d'hier soir qui t'a fait voir des hallucinations.

- Mais non, je te jure que cela est vrai. Tu en as ma parole.

Lucy leva la main droite devant elle. Mme Sanders la regarda et se mit à rire.

- Allons, ma douce, détend-toi. Tu es persuadée d'avoir vu la vérité, mais malheureusement, tu as dû te tromper. Il était tard, sans doute as-tu vu Anatole ou Baptiste entrer dans sa chambre et as-tu cru qu'il traversait le mur.

Lucy ne répondit pas immédiatement. Ce que la vieille femme venait de lui dire lui semblait plausible.

- Oui...tu as sans doute raison, grommela la jeune femme.

Lucy sortit de la cuisine et se dirigea vers sa chambre où elle reprit sa lecture de Jane Eyre. Vers seize heures, elle fit une petite sieste. Ce soir, elle allait avoir besoin de son énergie...



Minuit. Lucy mit un manteau pour la pluie. Il pleuvait à seaux dehors, et Lucy ne voulait pas que quelqu'un découvre où elle était allée cette nuit. Elle regarda Jeanne : elle dormait paisiblement. Aucun témoin en vue, comme à chaque soir. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir de sa chambre, elle entendit une voix derrière elle :

- Je sais où tu vas, Lucy, tu n'es vraiment pas discrète !

La jeune femme se retourna : Jeanne était allongée dans son lit, les yeux ouverts.

- Ne t'inquiète pas, je ne dirais rien à Mme Sanders.

- Merci beaucoup, Jeanne, je...

- Va, va. Si je voulais t'empêcher de le voir, j'aurais déjà prévenu les adultes depuis longtemps.

Lucy rougit et se dit qu'elle devrait un jour apprendre à faire preuve de discrétion.

La jeune femme passa par la porte de derrière pour ne pas éveiller les soupçons. Elle ne voulait pas qu'il y ait des flaques d'eau dans l'entrée. De plus, la porte à l'arrière du château menait directement au cimetière : le lieu où elle devait se rendre. Au moins une fois par semaine, vers minuit, elle venait rendre visite à Simon et aux autres Chassés du Castel.

En entrant dans le cimetière, elle fut surprise qu'il y ait peu d'activités. Habituellement, le lendemain du passage des Voyageurs, les Chassés passaient leur temps à se raconter des blagues absurdes sur les «Grands Esprits Ridicules» comme ils aimaient les appeler.

Malgré tout, elle aperçut Noble, assis sur sa tombe, munie de sa tenue de dandy habituelle, s'étant usée au fil du temps. Lorsqu'il vit la jeune femme, il s'exclama soudain :

- Regardez, les gars ! On a de la visite.

- Encore un de ces idiots de l'Intérieur ? Grommela un squelette sortant de terre.

- Mais non, pauvre idiot sans cervelle (même s'il est vrai que tu n'en a pas). C'est Lucy !

- Lucy ?!

Soudain, une flopée de squelettes, d'esprits frappeurs et de cadavres à moitié décomposés sortirent de terre pour accueillir la jeune femme. Ils s'approchèrent d'elle et lui firent des baises-mains ou simplement des saluts.

Les gardiens des murs et le passe-murailleWhere stories live. Discover now