CHAPITRE HUITIEME (1)

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Harvey était connu pour être l'homme de lettres le plus respecté de France de l'année 1898. Diplômé de la Sorbonne en lettres classiques, il était devenu enseignant-chercheur dans ce même établissement, et rien dans le domaine des langues, lettres et civilisations antiques ne lui faisait défaut. Il pouvait citer les dates précises des batailles ayant eu lieu durant la Guerre des Gaules, il pouvait retranscrire sans problème le discours en latin du pape en direct, il pouvait lire avec plaisir plus de deux cent pages de textes écrits en grec ancien chaque jour. C'était un homme de lettres, un vrai, comme on en voit rarement de nos jours.

Sa visite à l'Hôtel Castel était un véritable privilège pour lui. Il avait été invité par Mr et Mme Sharp à passer une nuit dans ce magnifique lieu au milieu de l'Ecosse profonde. La campagne n'était pas son environnement favori, mais il avoua qu'un peu de fraîcheur et de grand air ne lui ferait pas de mal, fréquentant constamment les grandes villes (notamment Paris et Londres), les bars, les bibliothèques et les repères étranges des adeptes du tabac.

Lorsqu'il fut arrivé à l'Hôtel Castel, il fut agréablement surpris par la taille et la beauté de leur bibliothèque. Une pièce énorme. On y accédait en passant par les couloirs des différentes chambres, et une immense porte en bois munie d'un heurtoir en forme d'ange (représentation évidente de la Muse des écrivains antiques) et à partir de là, l'univers infini et passionnant du livre s'ouvrait à tous les curieux ! On avait d'abord accès aux livres du premier étage, et on pouvait emprunter un escalier en colimaçon afin d'accéder à la salle de lecture où de nombreux bureaux munies de lampes vertes permettaient de se poser pour entamer une nouvelle aventure littéraire.

Après avoir englouti un somptueux souper, il décida de se rendre dans la bibliothèque pour lire un peu avant d'aller se coucher. Il était seul dans l'immense bâtiment. Il se dit que cette bibliothèque ne devait malheureusement pas avoir beaucoup de visiteurs. «Les gens perdent goût à la lecture, de nos jours» se dit-il en soupirant. Il resta debout pendant une quinzaine de minutes, à chercher le livre idéal qui lui ferait passer une nuit blanche.

C'est alors qu'il entendit un bruit...un bruit d'un livre qui tombe au sol. Harvey jeta un œil par-delà l'escalier, un livre était ouvert sur le sol de la bibliothèque. Il descendit rapidement les escaliers et saisit le livre entre ses mains. C'était un livre très ancien, datant sans doute de l'epôque de la Renaissance. En lisant quelques lignes, il sut immédiatement que c'était du latin. Langue typique de la littérature de l'époque. Il prit le livre entre ses mains et il tourna la page. Il vit alors deux mots, écrits à l'encre noir sur les deux pages. C'était de l'anglais, mais malheureusement pour Harvey, il ne déchiffra pas assez rapidement les deux petits mots qui disaient :

DERRIERE TOI

Il reçut alors un coup violent sur la tête et tomba au sol. Il toucha doucement son crâne et vit que sa main était recouverte de sang. Sa tête se mit à tourner, et il ferma les yeux.

Les gardiens des murs et le passe-murailleWhere stories live. Discover now