Chapitre 24, Part 3

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     Je me réveille allongé sur le sol. Je me suis fait propulser en dehors du bâtiment. Mes oreilles sifflent, mes yeux rendent toute vision floue, je vois quelques choses orangées s'agitant ici et là. Je vois principalement du gris sans trop savoir ce que c'est. Quelque chose a coulé sur mes joues, du sang est sorti de mes oreilles. J'ai des bouts de béton, de plâtre, de ciment sur mon uniforme, mes cheveux. Mon visage est couvert de poussière. Je cligne abondamment des yeux pour ajuster ma vue. J'arrive à voir mes coéquipiers, certains sont allongés au sol, d'autres se redressent. J'essaye d'en faire autant mais je sens que mes jambes sont bloquées. Un morceau de béton les coince. J'essaye de me dégager en donnant des coups de crosse pour tenter de fissurer une partie pour pouvoir me déloger. Je parviens à sortir mes jambes en tirant dessus. La douleur me saisit au plus profond de mon être. Je serre les dents et continue de tirer pour m'adosser et envisager de me lever. Je regarde autour de moi pour comprendre ce qu'il vient de se passer. Des gens affluent, beaucoup de civils gisent au sol, d'autres titubent aidés par des passants ou des voisins. Je relève la tête pour constater que l'immeuble où nous étions a sauté. Il n'en reste que des gravats. Une personne vient me prendre par les bras pour m'aider à me relever, je crie de douleur en me relevant mais mes jambes refusent de me tenir, je tombe à plusieurs reprises mais Yossin sert les dents et me soutient malgré sa propre douleur.

- Où sont les autres !?

- J'ai perdu tout le monde, je ne sais pas où ils sont ! Est-ce que quelqu'un m'entend ?!

     Yossin appelle en vain n'importe qui dans l'oreillette mais je crois qu'elles sont hors service. Je ne peux détourner mon regard des restes de l'immeuble. Des flammes consument des bouts de rideaux, des meubles, de l'isolation... C'est un vrai paysage de guerre. Je ne réalise pas vraiment qu'on a pu être visés à travers cette explosion, c'est peut-être notre contrat qui était visé, pas nous. Et rien ne nous dit que ça ait été une explosion volontaire, encore moins criminelle. Non c'est un accident, on va rentrer se mettre à l'abri dans la tour. On sera en sécurité là-bas.

     Yossin tire de plus belle sur mon gilet pour me maintenir debout, il grogne bien plus que moi. Il me lâche soudainement, me heurtant violemment sur le sol en béton, hurlant notre position derrière moi. Je m'adosse à un débris pour pivoter vers ses cris et vois déboucher au loin Born titubant aux bras de Ade qui le tient fermement par les hanches pour éviter qu'il ne tombe. Malgré ses blessures, elle aussi sert les dents pour l'aider à avancer. Il se tient l'abdomen et du sang lui coule sur l'œil droit. Elle l'aide à s'asseoir en laissant tomber ses armes avec colère. Je me redresse pour me mettre sur mes pieds. Quelqu'un les suit, vu mon état, s'il s'agît d'une menace, je ne peux pas leur venir en aide. Yossin continue de hurler mais c'est comme s'ils s'étaient résignés à ne pas nous entendre. La silhouette qui les suivait se précise, je reconnais Bajra tira par les anses de nos gilets un des autres. Ade s'éloigne de Born resté assis à un bout de pierre, la tête baissée, balançant avec rage son arme. Ade se laisse tomber au sol avant de hurler de toutes ses forces, si bien que d'autres personnes blessées non loin se tournent vers elle. Je déglutis avec peine lorsque je reconnais le corps inerte que tire Bajra. Yossin la reconnaît aussi et pousse à son tour des cris avant de courir jusqu'à la dépouille de Makayla. Bajra s'éloigne de quelques pas pour lui laisser de l'espace. Il tombe devant elle avant de la prendre dans ses bras. J'avance en traînant les pieds. Mes jambes restent endolories et chaque mouvement est un supplice pour le corps. J'essaye de me traîner au mieux, mes bras tremblent, je n'arrive même pas à tirer mon corps derrière moi. Des grognements s'échappent de ma bouche, je crie pour me donner du courage. Je ne savais pas que Born et Ade étaient aussi proches de Makayla. Bajra avait prit l'habitude de traîner avec durant la formation mais eux... Je suis triste pour elle, elle était quand même une des nôtres. Je refuse d'y croire jusqu'à ce que son corps se rapproche, Yossin la pleure, serrée contre lui, sa tête en arrière. Non elle n'est pas morte, on peut pas perdre nos coéquipiers, on a été entraînés. Jamais ils nous laisseraient partir sans renfort médical, elle ne peut pas mourir ici, c'est impossible. Je m'éloigne en titubant de cette vision morbide, je veux juste retrouver Ade. Une main se pose sur mon avant-bras et m'attire vers elle. Born hoche négativement la tête, il me tire même pour m'empêcher d'aller la rejoindre. Son expression est terrifiante, il a le visage trempé de larmes. Il n'essuie même pas le sang mélangé aux pleurs et au ciment. Ses cheveux sont poussiéreux et teinté de gris. Il ressert son emprise sur moi avant de me prendre dans ses bras. Je ne comprends plus rien.

L'Organisation [ TERMINÉE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant