Chapitre 14 : Un puzzle infinissable

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Deux heures du matin.

J'étais rentrée quelques heures auparavant, puis j'avais tenté de trouver le sommeil, mais tout ce que je trouvais était ma très chère "amie" l'insomnie qui m'obligeait à fixer le plafond. Sauf que cette nuit était pire que toutes les autres, dès que je fermais les yeux, je revoyais son visage, j'entendais ses menaces, je sentais ses mains sur mon corps et ça me donnait juste la nausée.

Pourquoi ne m'en étais pas rendu compte ?

À chaque fois, j'avais eu envie de pleurer, mais je m'étais persuadée que j'aimais ça, que c'était comme ça un couple. Après tout, c'était mon premier petit-ami, je n'avais aucun repère et mes amies de l'époque ne parlaient pas de sexe.

Et voilà que je me remettais à pleurer. Heureusement que je n'avais pas mis le moindre maquillage sur mon visage, il n'aurait pas tenu de toute façon.

Dire que je l'avais quitté parce que je ne l'aimais plus, et même pas pour cette affreuse raison. Comment avait-il pu me faire ça ? Comment avais-je pu le laisser faire ?

Ne sachant pas quoi faire, mon premier réflexe fut de prendre une douche. J'avais beau savonner chaque parcelle de mon corps, mes pleurs ne cessaient pas. Brusquement, je jetai le savon par terre puis je glissai le long du mur pour m'asseoir dans un coin de la cabine. Je laissai alors échapper le torrent de larmes que je retenais depuis si longtemps...

Il m'avait violée.

J'avais désormais les mots sur mes maux... et jamais je n'aurais cru que ce puisse être aussi douloureux. Je n'arrivais pas à croire que j'avais vécu dans le mensonge durant tout ce temps.

Je couvris mon visage et pleurai de plus belle.

Comment était-ce possible ?

*

Quatre heures du matin.

Je ne pouvais pas rester dans ce lit à remuer tous ses souvenirs. Je ne pouvais pas le revoir constamment dans mes pensées. Sur un coup de tête, j'enfilai un peignoir et me rendis devant l'appartement de Merle pour frapper à sa porte, tout en laissant couler quelques larmes sur mes joues. Il m'ouvrit rapidement et fut horrifié de me voir dans un tel état. Sans dire un mot, je me jetai dans ses bras et le serrai fermement, sanglotant plutôt bruyamment.

Il me fit entrer tout en me gardant dans ses bras et ferma la porte derrière lui. Il caressa mes cheveux sans émettre le moindre son. Il ne voulait certainement pas me forcer à parler, parce qu'il savait ce que j'endurais, parce qu'il était le seul à me comprendre...

Il m'aida à m'installer dans son canapé alors que j'étais incapable de me calmer. Quoi que je fasse, son visage me hantait, toutes ces fausses paroles bienveillantes et toutes ces fois où il prétendait le faire pour mon bien me terrifiaient. Comment avais-je oublié autant de moments ? Pourquoi n'avais-je retenu qu'une gifle lors d'une soirée ?

En y repensant, toutes ses excuses me revinrent à l'esprit. Le lendemain, il avait toujours tenté de m'aguicher avec ses belles paroles et n'avait jamais lésiné sur les cadeaux. À chaque fois, j'étais tombé dans le piège, je ne voulais jamais lui en vouloir parce que je l'aimais et qu'il était supposé m'aimer.

— Je m'en veux de n'avoir rien vu, finis-je par articuler alors qu'il caressait délicatement mon épaule.

— J'ai eu le même sentiment avec Anna, rétorqua-t-il en tournant brièvement son regard. Je m'en suis énormément voulu, mais il ne faut pas. Maintenant, je suis juste triste pour elle. Elle a fait ses choix et si elle pensait que c'était les bons, tant pis pour elle...

Le Corbeau et la Colombe - Tome 1Where stories live. Discover now