Le Corbeau et la Colombe - Tome 1

Chapitre 6 : Au rythme des troubles

Tout en espérant que ma mère et Chelsey se réconcilient, j'étais venu rejoindre Saoirse quelques instants. Je lui avais brièvement raconté la situation, ce qui la fit doucement sourire.

— Je comprends mieux pourquoi tu t'es éclipsé ce matin, me fit-elle remarquer.

— Je n'avais pas envie de te réveiller, je dors très peu... Il faudrait peut-être que je pense à voir ce psy que m'a conseillé ma mère...

— Ça peut être une bonne idée, en effet, affirma-t-elle.

Elle s'approcha de moi et croisa ses bras dans ma nuque pour déposer un doux baiser sur mes lèvres. Son attitude avait soudainement changé, elle était beaucoup plus sensuelle que d'habitude, me montrant clairement ses envies. Rejoignant ses désirs, je posai mes mains sur sa taille et caressai son cou de mes lèvres. Elle me serra davantage et laissa échapper un bref gémissement. Puis nos embrassades reprirent de plus belle. Ça faisait si longtemps que nous n'avions pas eu un moment d'intimité. Après tout, nous n'étions pas du genre à nous sauter dessus à chaque occasion, nous n'étions pas ce genre de couple, mais c'était une manière de vivre comme une autre...

Lorsque ma mère nous interrompit, je me rendis compte que je l'avais complètement oublié et nous nous arrêtâmes aussitôt, complètement gênés. Elle nous regardait souriante.

— Tu sais que sur les portes, on peut frapper pour signaler notre présence et notre future entrée dans la pièce ? lançai-je la voix tremblante en pointant du doigt la porte.

— Oh désolée ! Mais n'oubliez pas de vous protéger, à moins que vous n'ayez envie que je sois grand-mère... ce qui ne me gênerait pas non plus.

J'échangeai un bref regard avec Saoirse. La situation allait être de plus en plus gênante si personne ne l'arrêtait, surtout parce qu'il était encore trop tôt pour en parler et aussi parce que je ne savais même pas le point de vue de Saoirse sur ce point, mais aussi qu'elle ne savait pas non plus le mien.

— Euh maman, on en parlera une autre fois, détournai-je le sujet plus que maladroitement. Ça s'est arrangé avec Chelsey ?

— Oui. On est de nouveau ensemble.

— C'est génial ! s'exclama Saoirse toute joyeuse en croisant ses mains.

— Mais peut-être que je devrais rester ici quelque temps, annonça ma mère ce qui était loin de me plaire. Merle, je m'inquiète pour toi...

— Maman, je suis un adulte et je t'ai dit que s'il m'arrive quelque chose, tu ne pourras pas l'en empêcher, même si tu étais tout le temps là...

Ma mère m'écouta à peine, l'angoisse avait pris le dessus sur sa raison, et elle se tourna vers Saoirse.

— Tu prendras soin de mon choupinou ? demanda-t-elle l'air contrit.

— Oui, bien sûr, répondit Saoirse.

— D'accord, je passe de la responsabilité de ma mère à celle de ma copine. Avant c'était une femme qui passait de son père à son mari. À moins que je ne sois bel et bien une femme, plaisantai-je stupidement.

Ma mère me tapa gentiment l'épaule et nous rîmes en chœur.

— Je compte sur toi Saoirse pour le corriger, insista-t-elle. J'ai pas fini de tout lui apprendre. Du coup, tu devras un peu t'en occuper.

Ma mère recommençait à me considérer comme un gamin qui ne comprenait rien à ce monde et je ne pouvais m'empêcher de rire avec elle, surtout parce qu'aucun de nous n'était réellement sérieux, mais aussi parce que ça lui permettait de moins s'inquiéter. Si jamais quelqu'un m'agressait comme Anna l'avait fait, elle n'y serait pour rien et n'aurait pas pu l'empêcher. Malheureusement, si je devais être agressé, je n'aurais que peu de moyens de l'éviter...