Chapitre 8 : Nous avons tous une histoire

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Tout le monde était en train de s'affoler et de se demander comment les choses avaient pu aussi mal se tourner, question que je me posais également. Sterling n'avait jamais lésiné sur la sécurité de son appartement, dépensant des centaines de dollars pour s'assurer que personne ne pourrait s'en prendre à lui de quelque manière que ce soit. Alors parmi toutes les personnes pouvant être touchées par un tel évènement, Sterling n'était certainement pas la victime idéale.

— Mais c'est impossible, tout était super bien sécurisé chez lui ! lâchai-je assez perturbé.

— C'est ce que je me suis aussi dit, mais visiblement, cette personne a réussi. On ne peut pas se protéger contre tout.

Jian était beaucoup plus sereine que moi. Normalement, j'aurais été capable de sortir ça très naturellement, mais cette fois-ci, c'était impossible, surtout parce que Sterling n'était pas un inconnu à mes yeux.

Mes pensées furent alors interrompues lorsque mon portable se mit à sonner. Caterina, ma collègue de l'hôpital, ce qui ne présageait rien de bon. Je fixais longuement l'écran sans bouger.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Jian en voyant mon état.

— Une collègue m'appelle. Ils vont sûrement vouloir que je vienne...

— Mais si on t'appelle pour Sterling, tu ne peux pas y aller, s'opposa-t-elle fermement.

— Je me suis bien occupé d'Anna après sa mort, je crois que je tiendrais le coup. Et puis, il manque du personnel.

Saoirse prit alors mon avant-bras, inquiète elle aussi, m'empêchant ainsi de m'en aller.

— Jian a raison. Ce n'est pas raisonnable, approuva-t-elle l'air grave.

Pendant un instant, j'aperçus un brin de peur dans son regard, peut-être le fait que j'ai évoqué le nom d'Anna. Elle détestait sûrement cette femme bien plus que je ne pourrais jamais le faire. Mais les rôles étaient probablement inversés pour son ex. Cependant, elle ne l'aimait plus et je savais qu'au fond de moi, j'aurais toujours des sentiments pour Anna, peu importe ce qu'elle m'avait fait subir. C'était un étrange cocktail d'amour et de haine, ce pourquoi jamais rien n'aurait pu fonctionner entre nous, même pas une simple amitié, mais aussi parce qu'elle ne l'aurait jamais voulu.

Mon regard croisa brièvement celui de Jian, celui-ci n'était pas comme celui de Saoirse. L'une parlait par le biais de ses sentiments et l'autre par le biais de sa raison, pourtant, leur avis se rejoignait.

Je répondis alors à l'appel alors que toutes les deux me fixaient. Pendant ce temps, Clara s'était un peu écartée sans que personne ne le remarque et s'était repliée sur elle-même. Dès que j'aurais l'occasion, j'essaierais de lui parler, elle allait vraiment mal.

— Merle ! Tu pourrais répondre un peu plus rapidement ! m'asséna Caterina.

— Désolé–

— Il faut que tu viennes rapidement à l'hôpital, les urgences vont amener quelqu'un dans un état critique, m'expliqua-t-elle en me coupant la parole. D'ailleurs, ça s'est passé pas loin de chez toi.

— Ça s'est passé dans mon immeuble, je ne suis pas sûr de pouvoir venir.

— Je ne suis pas sûre que tu aies le choix, riposta-t-elle d'une voix aigrie.

— Je connais la personne, on était assez proche. Je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Je n'ai pas encore envie de voir quelqu'un sur son lit de mort...

Les mots m'avaient quelque peu échappé, mais d'une certaine manière, c'était vrai. Je voulais bien les aider, mais il y avait des limites à ce qui pouvait être supporté.

Le Corbeau et la Colombe - Tome 1Where stories live. Discover now