Chapitre 5

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Pendant ce temps, à l'intérieur du Terrier, Ginny Weasley commençait à trouver l'absence de sa meilleure amie un peu longue. Elle se leva alors discrètement de sa chaise. La maison était bondée et les conversations allaient bon train. Personne n'y prêta donc attention.

Avant d'ouvrir la porte, la rouquine chercha des yeux son amie à travers la vitre et ce qu'elle vit la surprit beaucoup: allongés dans l'herbe, l'un des frères jumeaux et sa meilleure amie Hermione Granger était en train de s'embrasser.

Perplexe, elle les observa un instant sans bruit. Ce baiser semblait si beau, si pure. Il transpirait à la fois la peur et l'espoir, la simplicité et le désir profond.
Commençant à se sentir honteuse de les observer de cette manière, elle ouvrit la porte, fit quelques pas dans le jardin et se racla bruyamment la gorge:

- Hum.... Maman va bientôt servir les desserts. Vous devriez rentrer avant que les garçons ne se jettent dessus et qu'il n'en reste plus, dit la rouquine.
Et aussi silencieusement que lorsqu'elle était arrivée, elle pivota et franchit la distance qui la séparait de la porte de la maison.

Semblant reprendre contenance, Fred effaça la rougeur qui s'était emparée de ses joues d'un grand sourire et fit comme si rien ne s'était passé:

- Elle a raison! Et puis moi, c'est ma partie préférée le dessert ! Je rentre. Je te laisse ma veste mais ne tarde pas trop sinon ma mère viendra te chercher de gré ou de force.

Et à son tour, il partit. Hermione le suivit des yeux et lorsqu'il referma la porte, elle se laissa retomber dans l'herbe en fermant les yeux. Mais qu'est-ce qui lui avait pris? Qu'avait-elle dit? Était-elle si désespérée ? Était-ce uniquement la peur qui lui avait fait prononcer ces mots ?

Maintenant qu'elle était seule, la Gryffondor ne savait même plus si tout cela était bien réel et s'était bien produit. Elle leva alors sa main et effleura ses lèvres d'une caresse, lui faisant revivre les minutes précédentes qui lui semblaient être arrivées il y a déjà une éternité.

Et elle réalisa. Non, elle n'avait pas rêvé. Ce baiser fut si doux et si subtile mais pourtant, il avait laissé une chaude empreinte sur les lèvres de la Gryffondor. Et pendant les quelques instants qu'il avait duré, elle s'était sentie en paix, sentiment qu'elle n'avait plus éprouvé depuis bien longtemps. Elle se surprit à penser que ce baiser avait un goût de trop peu. Mais que lui arrivait-il?

Se remémorant les paroles des deux Weasley, la jeune femme se leva et entreprit elle aussi de rentrer. Elle déposa la veste de Fred au porte-manteau et s'assit sur sa chaise. Pendant ce temps, les personnes de la maisonnée regagnaient eux-aussi leur place, certains ayant fini une partie d'échecs et d'autres s'étant installés au salon.

Molly Weasley apparut alors de la cuisine en faisant léviter derrière elle une ribambelle de gâteaux et de pâtisseries en tous genres.
Tonks s'exclama alors:

- Oh Molly ! Regarde tout le mal que tu t'es donné ! Jamais nous n'en viendront à bout!

- Ne compte pas trop là-dessus, s'exclamèrent les jumeaux !
Et sur ces paroles, les rirent fusèrent et les plats commencèrent à se vider.

De son côté, Hermione réfléchissait. De la fourchette, elle était occupée à émietter son gâteau, y ayant à peine goûté. La brune avait bien senti le regard de la jeune Weasley sur elle mais pour le moment, elle ne cherchait pas à le croiser. Non. C'était un autre visage sur lequel elle était fixée. Celui de Fred. Celui-ci ne chercha pas à l'éviter mais la regarda comme il regardait le reste des convives, ni plus ni moins.

En soupirant légèrement, la jeune femme baissa son regard vers son assiette mais croisa le regard de Remus Lupin, son ancien professeur. Celui-ci la fixait sans sourciller, le regard interrogateur et légèrement inquiet. Hermione lui sourit d'un sourire qui n'atteignit pas ses yeux puis reporta son regard sur son gâteau.

Remus... Depuis qu'il avait été son professeur, la Gryffondor s'était beaucoup rapprochée de lui. Découvrant avant les autres sa condition de loup, elle mit un point d'honneur à aider l'homme à s'accepter lui-même, surtout depuis qu'il n'avait plus Sirius pour l'y aider.

Au début, Hermione eut du mal à se détacher de son étiquette de "professeur". Et un jour, le lycanthrope lui en fit la remarque:

- Tu sais Hermione, je ne suis plus ton professeur, pas plus que tu n'es encore mon élève. Tu peux m'appeler Remus...

À l'époque, la jeune femme avait rougi et n'y était pas parvenu de suite. Ce n'était que lorsqu'elle se sentit vraiment proche de l'homme avec qui elle partageait sa passion pour les livres et le savoir qu'elle s'autorisa cette familiarité.

En y pensant, la jeune femme ne put s'empêcher d'établir un parallèle entre son groupe d'amis et les maraudeurs. Harry, bien sûr, ressemblait beaucoup à son père et était un peu le leader du groupe tout comme lui. Ron, lui, était aussi loyal et bon envers Harry que Sirius ne l'était envers James. Ginny, quant à elle, partageait avec Lily la chevelure rousse flamboyante et le caractère bien trempé et puis surtout, l'amour infaillible envers les Potter. Hermione quant à elle, s'était toujours sentie plus proche de Remus, de part leur calme, leur réflexion et leur goût pour les livres. Elle ne put s'empêcher d'associer Neville à Peter Pettigrow, le 4e de la bande, le garçon plus effacé et suivant les traces des trois autres. Mais heureusement, Neville avait toujours été du bon côté alors que Pettigrow avait fui et trahi ses amis.

Ramenant brusquement Hermione à la réalité, Molly l'interpella:

- Ma chérie, tu n'as presque pas mangé ! Ça ne te plait pas ? Tu veux autre chose ? Proposa gentiment la mère de famille.

Remarquant tous les regards braqués sur elle, la brune prit soin de ne croiser que celui de Madame Weasley.

- Non merci, c'est très gentil. Je n'ai juste plus faim après ce fabuleux repas. Je crois que je commence à fatiguer un peu, dit-elle dans un sourire.

Et Remus vint alors à son secours:

- De toute façon, Dora et moi allons rentrer. Il se fait tard et demain est un autre jour.
Il se leva de sa chaise et entreprit de saluer tout le monde en prenant soin d'embrasser Hermione en dernier.

Remus posa alors ses mains sur ses épaules et lui dit:
- N'oublie jamais que je suis ton ami et que tu peux toujours compter sur moi.
Sans attendre une quelconque réponse, il la pressa amicalement et maladroitement contre lui, dans un geste également un peu paternel.

Charlie, qui avait suivi l'échange, posa un regard interrogateur sur la Gryffondor. Celle-ci lui sourit pour le rassurer et l'embrassa sur la joue avant de monter les escaliers pour rejoindre la chambre qu'elle partageait avec Ginny.

Après avoir pris une douche rapide, Hermione se glissa dans les draps, redoutant les questions de la benjamine des Weasley.

Celle-ci fit irruption dans la chambre et sauta sur le lit de son amie:
- Et alors ? On cache des choses à sa meilleure amie? Allez, raconte-moi tout ! Dit-elle en envoyant son coussin sur la jeune femme.

Hermione soupira et répondit:
- C'était rien du tout Ginny, t'emballe pas ! C'était... juste un moment d'égarement.
La brune se retourna alors vers le mur, signifiant que la conversation était close.

Ne se décourageant pas, la jeune Weasley sourit en se promettant de surveiller tout ça puis s'endormit rapidement.

Hermione, elle, n'arrivait pas à trouver le sommeil. Son esprit ne voulait pas la laisser tranquille. Et puis, elle en vint à la conclusion qu'elle avait juste dérapé. Car non, elle n'aimait pas Fred. Enfin, elle n'était pas amoureuse de lui. Elle ne l'avait jamais vu autrement que comme l'un des frères de Ron et Ginny.

Et alors qu'elle commençait à se sentir sombrer, la porte s'entrouvrit, dévoilant Fred qui scrutait l'obscurité de la chambre.
Quand il vit que la brune était éveillée, il chuchota en posant un doigt sur ses lèvres:
- Habille-toi et suis-moi.
Et il partit, laissant la brune décontenancée.

L'histoire d'une nuit - FremioneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant