Chapitre 16

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Fred regardait Remus s'éloigner peu à peu quand il entendit une porte se refermer doucement derrière lui. Prenant une grande inspiration pour se donner du courage (c'était un Gryffondor, après tout !) il se retourna et lorsqu'il la vit, il sentit son cœur se fissurer.
Hermione semblait regarder dans sa direction mais il aurait pu parier qu'elle ne le voyait pas. Ses yeux étaient rougis mais secs, ses doigts ne semblaient pas tenir en place tant elle les triturait. Elle sembla soudain reprendre vie et s'engagea dans une petite ruelle certainement peu fréquentée.

Fred décida de la suivre, même s'il n'était pas très sûr de l'attitude à adopter. Se fâcher car elle voulait le tenir à l'écart ? Demander à discuter de tout cela ? La laisser partir ?

La jeune femme finit par s'arrêter au milieu de la rue, s'appuya contre le mur et se laissa glisser jusqu'au sol. À cet instant, Fred sut ce qu'il devait faire. Il s'approcha et, de la même manière qu'Hermione venait de le faire, il se laissa tomber près d'elle. Il se tenait à quelques centimètres, de peur qu'elle ne se sente étouffée et qu'elle veuille partir. Puis, voyant qu'elle ne semblait pas bouger, il se rapprocha, passa son bras derrière elle et la serra contre lui.

Les deux jeunes gens restèrent ainsi plusieurs minutes, sans bouger. Fred crut même qu'elle s'était endormie mais il n'en était rien. Hermione se contentait de fixer le mur devant elle, les yeux dans le vide.

Pour le rouquin, la situation commençait à être pesante. Et lorsqu'il se décida enfin à briser le silence, la jeune femme le devança et le fit:

- Es-tu fâché contre moi?

La question résonna dans la ruelle, brisant le silence qui s'était installé plus tôt. Fred avait sans peine entendu craquer la voix de la Gryffondor et c'est pour ça qu'il prit son temps avant de répondre, voulant choisir ses mots avec soin:

- Non, Hermione. Non, je ne suis pas fâché. Je ne veux pas te brusquer mais, j'aimerais juste comprendre... et discuter.

- Comprendre ? Mais qu'y a-t-il à comprendre, Fred? Nous avons eu un rapport, une seule fois! Et me voilà maintenant enceinte ...

Le jeune homme se dépêcha de rassembler ses idées puis enchaîna:

- Je sais, oui ... Mais je pensais que... enfin tu sais... que tu contrôlais la situation...

- Ah oui? Et pourquoi serait-ce toujours aux femmes de contrôler la situation comme tu dis ? Tu sais aussi lancer un simple sort de contraception il me semble !

- J'ai cru que tu utilisais la médecine moldue pour euh... tout ça. On est tous les deux en tort, Hermione. Tu le sais autant que moi.

Le silence reprit ses droits pendant quelques minutes, seulement troublé par leurs deux respirations.

La Gryffondor sembla alors revenir dans la réalité, plaquant une main contre sa bouche:

- Mon dieu, qu'ai-je fait ? Remus est venu pour m'aider et je... pour le remercier, tout ce que je trouve à faire, c'est lui hurler dessus. Il n'avait pas à faire ce qu'il a fait mais je n'avais pas à m'adresser à lui de la sorte, je ...

Hermione se tut brusquement, troublée par le doigt de Fred qui venait de se poser sur ses lèvres:

- Je suis certain que votre situation s'arrangera. En ce qui nous concerne, je pense que nous devons discuter. 

À nouveau, le silence s'immisça entre les deux jeunes gens, si épais qu'il en était presque palpable.

Hermione se risqua alors à poser la question qui les taraudait tous les deux. Malheureusement, ni l'un ni l'autre n'en avait la réponse ou peut-être avaient-ils peur de l'avoir et que l'autre ne ressente pas la même chose...

- Que sommes-nous l'un pour l'autre, Fred ? demanda la jolie brune si faiblement que le jeune Weasley se demanda s'il n'avait pas rêvé.

- Je ne sais pas, répondit-il d'une voix neutre, je ne sais pas.

La Gryffondor se leva soudainement et se planta devant Fred, les mains sur les hanches:

- On ne s'aime pas, Fred.
Cette phrase les entailla tous les deux, comme un poignard enfoncé en plein cœur. Hermione reprit son souffle et enchaîna:

- Je n'ai que 18 ans et toi 20. Nous sommes des enfants plongés bien trop vite dans le monde adulte, qui n'ont presque pas eu d'adolescence. Le monde sorcier est dans une si grande pagaille pour le moment. Nous avons un rôle à jouer. Ce sera dangereux et en ce qui me concerne, le danger me suit tous les jours tel un chewing-gum collé à une chaussure. De plus en plus présent et oppressant, me frôlant tous les jours et laissant dans ma nuque son souffle glacé. J'ai peur. J'ai peur pour Harry et Ron, pour toi, pour le reste de ta famille, pour Remus et Tonks, ... Et, dans de moindres mesures, j'ai peur pour moi aussi. Je ne veux pas avoir en plus à avoir peur pour notre enfant. Tu comprends ? Je ne veux pas d'un tel monde pour cet enfant à naitre, sans savoir qui triomphera à la fin. Et surtout, je ne veux pas que mon enfant ne connaisse jamais la joie de vivre avec ses deux parents qui s'aiment...

Des perles salées ruisselaient sur ses joues. Sa main s'approcha du visage de Fred qui se recula.

- Et moi, tu as pensé à ce que je voulais ?

La question claqua dans l'air et ce fut presque comme une gifle pour Hermione.

- Et si moi, je voulais avoir cet enfant ? Et si j'étais prêt à faire tout ce qu'il fallait pour que ça se passe bien? Et si j'avais envie qu'on essaie?

La jeune femme releva la tête, surprise. Qu'est-ce qu'elle se sentait égoïste... Fred avait raison: elle avait beau porter l'enfant, ils l'avaient fait à deux et il avait aussi son mot à dire.

- Tu as raison, les conditions actuelles ne sont pas idéales pour avoir un bébé. Mais j'aurais aimé qu'on prenne la décision à deux. Car, j'ai raison n'est-ce pas? Ta décision est prise ?

Hermione baissa le regard, intimidée par les éclairs que les yeux du rouquin semblaient lancer.

- Je... effectivement, j'ai pris rendez-vous pour l'avortement mais tu sais, je ...

Le jeune Weasley ne la laissa pas terminer.

- Puis-je au moins savoir la date ? J'aimerais être présent quand tu iras chez le médecin.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Fred, tu sais, ...

- Encore une fois, tu penses pour moi. JE N'AI MÊME PAS MON MOT À DIRE, PAR MERLIN!

Et Fred se tourna, fit quelques pas et sans un regard en arrière, il transplana, laissant derrière lui une Hermione bouleversée mais qui ne pleurait pas, ça, elle l'avait déjà bien trop fait.

L'histoire d'une nuit - FremioneWhere stories live. Discover now