Chapitre 17 : Le sens de la famille

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Jay et Ryo attendaient sagement l'annonce de leur combat. L'idée d'avoir une nouvelle contrainte pour ce combat était gênante, mais celle de devoir affronter son frère était pire. Avançant doucement au centre du terrain pour être applaudi comme il se devait, les deux frères ne s'adressaient pas la parole. Aucun regard, aucun geste témoignant d'un amour certain. Le public voulait voir deux membres d'une même famille se battre mais ils allaient peut-être assister à un combat entre deux inconnus en apparence.

— Je constate que le public est parfois plus sournois que notre directeur de l'Institut Ultimate Joker. Mais on a le public qu'on mérite ! Pour gagner... Il faut mettre à mort son adversaire. Pas d'abandon possible et les sorties de terrain ne sont plus éliminatoireS... Jay et Ryo, dites adieu à la famille et bonjour au combat sans pitié !

Les deux frères étaient figés. De choc, peut-être. De peur, sans doute. Jay secoua vivement la tête, avant de partir en direction de la salle commune. Hué par le public qui était si heureux de le voir se battre contre son petit frère, il leur adressa un simple doigt d'honneur en signe de protestation.

— Non, je ne veux pas gagner en tuant mon frère, bande de dégénérés, lança-t-il, tandis que Ryo ne semblait toujours pas savoir où donner de la tête.

              Pour la première fois de sa vie, il avait l'impression de devancer son grand-frère, d'avoir le dessus émotionnellement parlant sur lui. Était-ce la vérité ou était-ce un simple sentiment de supériorité qu'il n'avait jamais connu, dont il se délectait maintenant ?

— Je croyais que je n'étais pas taillé pour ça, Jay ? provoqua le petit frère, sous les cris d'excitation et hurlement du public qui le soutenait.

                Le blond se retourna, les sourcils froncés et le regard noir.

— Tu as peur de mourir, grand frère ? enchaina-t-il de nouveau.

                 Jay regardait autour de lui : la foule en délire lui donnait des nausées, tout ce peuple qui n'attendait qu'un spectacle sordide se déroule, pour leur plus grand plaisir et assouvir des fantasmes morbides.

— Je ne pense pas que papa et maman soit fiers, si tu me tues, tu sais. Ryo, regarde autour de nous. Nous sommes des pantins, dans une arène remplie de gens qui ont payé pour nous voir nous entretuer. Je sais que ton égo ne demande qu'à être nourri, mais je t'assure que ce n'est pas de cette façon qu'il le sera.

— Papa et maman seront fiers. Tu verras, rétorqua-t-il.

               Le public hua de nouveau le grand frère, qui n'en avait que faire de ne pas l'avoir de son côté. Retournant sur ses pas vers la salle commune, les agents de sécurité commençaient à venir auprès de lui. Il dégaina son épée de son fourreau signifiant qu'il n'était pas prêt à coopérer.

— Jeune homme, je vous conseille de vite revenir sur le terrain si vous ne voulez pas avoir de soucis avec la direction... ordonna l'Organisateur au travers des enceintes.

            Ricanant, il continua sa route, sans prendre en compte ce qui se passait autour de lui et courut se réfugier dans la salle. Il le savait, il se créait des problèmes dont l'immensité allait le dépasser.

L'un des arbitres vint rejoindre Ryo, toujours au milieu de la scène, lui glissant quelques mots à l'oreille. Ce dernier secoua doucement la tête avant de se diriger vers la tribune prévue pour les participants qui souhaitaient regarder les combats. En effet, le leur n'allait pas être réalisé maintenant.

Pendant ce temps, Jay cherchait une cachette, évitant les regards insistants des autres participants.

— Jay ! Jay, ça va ? cria Evan à son meilleur ami, qui ne prit pas la peine de lui répondre.

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