Institut Ultimate Joker

Chapitre 34 : Thé ou café ?

L'émotion et l'adrénaline leur avaient permis de contrôler pendant un instant leur élément. Avec l'allure similaire à celle d'un conquistador, ils prirent la fuite à toute vitesse à s'en couper le souffle. Évitant les nouveaux soldats qui les prenaient pour cible, ils couraient sans même réfléchir à une possible destination où ils seraient sains et saufs.

               Quelques secondes seulement après leur fuite, une voix robotique retentit dans la cour de l'Institut Ultimate Joker.

« Chers élèves, la Direction vous demande de rester dans l'enceinte des bâtiments pour une durée indéterminée. Chers professeurs, cela est valable pour vous également. Merci pour votre compréhension. »

Ils avaient réussi à fuir le danger, mais ils en découvraient maintenant un autre. Le quartier où se trouvait l'Institut était luxueux, classe, beau et propre. Ils étaient tout l'inverse : vêtements déchirés, couverts de terre et de poussière. Ce n'était pas la vérité, mais ce qu'ils reflétaient effrayait le peuple de la haute société. Ceux-là étaient généralement renvoyés dans leur basse société ou pire, exécutés. Ils le savaient tous car ils avaient toujours fait partie de ceux qui les éliminaient plutôt que de ceux qui les protégeaient. Les regards se posaient sur eux : ils se sentaient peut-être plus en danger à cet instant qu'entre les murs de l'Institut Ultimate Joker. Ralentissant le pas pour cesser d'attirer l'attention, Mia suggéra une idée.

— Allons à l'entreprise de mes parents. S'il y a bien un endroit où on peut retrouver ton frère, c'est là-bas.

— C'est probablement la pire idée que tu puisses proposer. S'il y a bien un endroit où on peut crever, c'est là-bas, s'écria Lou.

— On ne peut pas gagner cette guerre si vous ne savez pas utiliser correctement toutes vos armes, cingla Jay.

À ce même moment, Evan glissa et tomba au sol. Depuis le départ, l'eau de ses mains n'arrêtait pas de couler et il n'avait aucune idée de comment l'arrêter. C'était sans doute l'une des raisons pour lesquelles on les regardait aussi bizarrement. Mia contestait intérieurement, mais elle ne pouvait pas nier que ses mains étaient douloureuses. Se rendant compte de la dangerosité de la situation, elle capitula, lui donnant raison.

— L'un de vous à un lieu où on peut loger ? À l'abri, le temps de se reposer un peu et... de s'entraîner, demanda l'Élement le plus aguerri.

— Un QG, comme dans les films à suspens ? D'action ? sonda Gabriel, essoufflé.

            Il n'avait eu que très peu de temps pour se remettre de son injection, étant même encore sous anti-douleur. Son humour, en revanche, était toujours de la partie. Mia sourit, appréciant ce court moment suspendu dans le temps avant de réfléchir. Elle était pleine de ressource et surtout, la plus riche des cinq. Elle avait bien son propre laboratoire dans l'entreprise Solotchova mais ne l'avait jamais utilisé, ne voulant pas aller sur les pas de ses parents. Elle avait bien un bunker personnel chez elle, mais elle ne se voyait pas rentrer dans la maison parentale. La véritable question était : est-ce que ses parents allaient la chercher là où elle n'avait jamais voulu aller ?

— J'ai quelques idées mais je ne suis pas sûre que ce soit les meilleures...

Un crissement de pneus se fit entendre avant qu'une fourgonnette n'arrive à leur hauteur. Tous mirent la main à leurs armes, toujours en alerte. Ils étaient à plusieurs minutes de l'Institut, mais le risque d'être retrouvés était omniprésent. La fenêtre du conducteur se baissait au fur et à mesure, dévoilant un visage familier à l'un d'eux. Evan manqua de retomber en arrière, en voyant son frère, Georgie, qu'il n'avait pas revu depuis le début de la Grande Rencontre.