Tome II • Chapitre 22

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Si ça continue, je vais finir par faire un malaise, la chaleur de la pièce est étouffante. Je dépose mon verre sur le coin du bar et je tente de me frayer un passage dans la foule pour rejoindre la baie vitrée, qui débouche sur la terrasse que j'ai repéré plus tôt dans la soirée. Quand on a pris l'ascenseur pour rejoindre la salle de réception, je voulais faire demi-tour, je ne voulais pas le croiser. Repoussant le moment le plus possible, celui où j'allais enfin poser mes yeux sur lui. J'ai senti ses yeux sur moi toute la soirée et j'ai pris soin de l'ignorer le plus possible.

Je n'ai pas envie d'avoir cette confrontation avec lui et pourtant je sais qu'elle devra avoir lieu. Mais je sais pertinemment que quand cela arrivera, une Amélia qui est enfouie en moi refera surface plus rapidement que prévu. Si Lewis m'a connu amoureuse, fière, perdue ou encore en deuil, ce n'est rien comparé à celle qu'il aura devant lui. 

Une Amélia blessée et avec un surplus d'amertume.

Je referme la baie vitrée derrière moi, il n'y a personne sur la terrasse, je soupire de soulagement. Je m'avance jusqu'à poser mes mains sur la balustrade en fer. Les basses de la musique à l'intérieur arrivent jusqu'à mes oreilles, la soirée bat son plein là-bas. Je suis bien contente d'avoir pu m'échapper quelques instants. Il ne fait pas particulièrement froid ce soir dans la capitale du Bahreïn, mais la bise légère me fait frissonner. Le grand décolleté qui dévoile l'entièreté de mon dos ne doit pas arranger les choses. De face ma robe à paillettes noirs pourrait passer pour une tenue assez simple, pas de décolleté, des manches longues et un tissu qui ne dévoile rien au dessus de mes genoux. Mais le coté pile laisse peu de place à l'imagination. Le dos nu débute au niveau de mes trapèzes et s'arrête à la naissance de mes fesses. Je ne porte pas de soutien gorge, il viendrait gâcher l'harmonie du dos nu. Cette robe pourrait sûrement appartenir à la catégorie des « Revenge Dress ».

Je prends appuie sur mes avants bras et je regarde la vie nocturne en contre bas qui se déroule sous mes yeux. D'où nous sommes, le ciel est beaucoup trop éclairé pour que je puisse admirer les étoiles, à mon grand désespoir. Je suis des yeux les taxis qui prennent et déposent des clients, les badauds qui se baladent en groupe ou parfois seul. J'ai toujours aimé regardé ce qu'il se passait autour de moi sans bouger, juste en contemplant la vie qui suit son cours. Je me mets dans ma bulle et prends le temps de calmer la boule de stress qui s'était formée dans mon estomac en faisant un exercice de respiration que Lando m'a appris lorsque nous étions en Finlande. J'inspire, un, deux, trois, quatre, cinq, je bloque, un, deux, trois, quatre, cinq, j'expire. Et je recommence jusqu'à ressentir l'apaisement recherché.

Je n'entends pas la baie vitrée qui s'ouvre, ni qui se referme quelques secondes plus tard, je n'entends pas non plus les pas qui se rapprochent de moi. Je me reconnecte à la réalité quand je sens un tissu chaud qui se dépose sur mes épaules. Je n'ai pas besoin d'ouvrir les yeux pour reconnaitre à qui appartient le blouson qui vient me réchauffer. Son parfum envahit mes narines, je le respire profondément, j'avais presque oublié les notes boisées qui le compose. Cette chaleur qui m'enveloppe me ferait presque du bien, je penche la tête jusqu'à ce que ma joue touche le tissu puis je réouvre les yeux. Je n'arrive pas à bouger, comme si son attention m'avait pétrifié.

Tu devrais te couvrir un peu, tu vas finir par tomber malade, me souffle-t-il près de mon oreille.

Sa voix provoque un frisson incontrôlable qui remonte le long de ma colonne vertébrale. Je refuse qu'il ait toujours cette emprise sur moi. Je le sens à quelques centimètres à peine de mon corps ce qui me provoque une légère nausée. Avec une main, j'attrape son blouson, me retourne et lui jette à la figure.

Ah parce que maintenant ça t'intéresse de savoir si j'ai froid ou non ? Tu as retrouvé tes couilles pour oser venir me parler ce soir ? Parce que si je me souviens bien, tu n'en as pas eu pour rompre avec moi en me renvoyant mes affaires chez moi.

Late Night TalkingWhere stories live. Discover now