Tome II • Chapitre 24

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23 février 2024 - Sakhir - Bahreïn

Lunettes de soleil sur le nez, je suis en train de profiter de la météo très appréciable d'aujourd'hui. Mon assiette, devant moi, est vide, j'avais beaucoup trop faim pour attendre que Lando laisse son volant à Oscar pour le reste de la journée. Si d'habitude, nous avons une petite heure pour manger et ainsi laisser les mécaniciens faire les changements sur la monoplace en fonction du pilote qui prendra la piste ensuite, aujourd'hui il n'y a pas de pauses déjeuner. La même bouche d'égout qui a chamboulé les essais d'hier a décidé d'encore faire des siennes sur le circuit, entrainant un retard d'une heure et quart.

Je profites du calme que m'offre la terrasse du motorhome, tout le monde est encore aux garages. Je pousse un peu mon assiette et je cherche mon livre dans mon sac. J'ai pratiquement terminé tout le travail que j'avais à faire, il me manque plus que briefer Lando pour les interviews qui vont arriver en fin de journée. J'ouvre le bouquin là où j'ai laissé mon nouveau marque page. Je repasse mes doigts sur les quelques mots écris par Lewis. Je prends mes écouteurs, les enfoncent dans mes oreilles puis prends mon téléphone pour lancer la musique qui correspond aux paroles écrites sur la petite carte.

J'ouvre la messagerie Instagram, après mon message de remerciement pour le bouquet de tulipes, nous nous sommes échangé quelques messages. Je les relis attentivement.

Moi : 23h53
Merci pour les fleurs.

Piamw : 23h57
Content que tu apprécies...

Moi : 23h57
Tu pensais vraiment ce que tu m'as dit ce matin ?

Piamw : 23h58
Oui. Il est peut-être temps qu'on ait une discussion toi et moi, qu'est-ce que tu en dis ?

Moi : 00h01
Non.

Piamw : 00h01
J'attendrai que tu sois prête. Bonne nuit Amélia.

Comme cette nuit, je soupire devant mon écran. Je ne sais pas vraiment dans quelle direction aller avec Lewis. Je ne sais pas si j'ai envie de mettre de l'énergie à sauver ce qui peut être sauvé de notre relation, ou alors si je baisse les bras, tourne la page et vais de l'avant, sans lui.

Je crois que la discussion que me demande Lewis depuis que nous sommes ici est la chose qui me terrifie le plus. L'entendre mettre des mots sur ce qu'il s'est passé pour lui, ça me fait peur. Je suis tiraillée entre l'envie de savoir pourquoi il est parti et celle de rester dans l'ignorance. On ne peut pas souffrir de ce qu'on ne sait pas. Je crois que j'ai déjà bien trop souffert pour cette relation.

Et pourtant, quand il pose ses yeux sur moi, c'est comme si rien n'avait changé entre nous, comme s'il n'était jamais parti rejoindre cette femme au Brésil. Nous avons toujours la même connexion. Je revois son regard quand la porte du van s'est refermée sur moi hier soir, un mélange d'incompréhension et de peur. Comme s'il venait de se rendre compte qu'à tout moment, je pouvais tourner la page et refaire ma vie avec un autre.

A vrai dire, vu le bordel qu'il est en train de mettre dans ma tête à l'heure actuelle, même si je le voulais, je serai incapable de débuter quoique ce soit avec n'importe qui, même avec Archie. Encore faudrait-il que j'en ai envie...

J'ai même du mal à me reconnaitre, généralement, que ça soit en amour ou en amitié, quand on trahie ma confiance une fois, je ne cherche pas à comprendre le pourquoi du comment et je mets les voiles. Je coupe les ponts et je passe à autre chose.

« Trahie moi une fois, honte à toi. Trahie moi deux fois, honte à moi » c'est ce que je me suis répétée sans cesse quand j'ai appris la double vie de l'homme que je pensais être le futur père de mes enfants, il y a de ça déjà sept ans. Cette phrase m'a aidé à ne pas le laisser revenir dans ma vie, malgré ses appels, ses messages et toutes les nuits qu'il a passé à pleurer devant ma porte pour que je le reprenne.

Late Night TalkingOpowieści tętniące życiem. Odkryj je teraz