Chapitre 6 ~ S'envoler

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Grandir dans un monde trop petit pour te contenir, tu t'épanouis à la vue de mentir.

On débute la visite par le couloir menant à l'infirmerie écrit en lettre dorées sur le mur. Ces derniers ressemblent à d'anciens châteaux de la Loire. Peint de noir mais pas un noir à vous donner des cauchemars non c'est un noir apaisant qui vous laisse à réfléchir. La voix de Mme.Lorza détourne mon attention de la contemplation de mon nouveau chez-moi car si je pars, je meurs. C'est un fait.

- Comment te sens-tu ? Les malaises d'absences sont violents par exemple l'un des symptômes est une forte fièvre mais une fois que tu te retrouves au contact d'un être surnaturel elle s'estompe.

Cette drôle de question de sa part me surprends. Je réponds d'une voix neutre que j'ai appris à maîtriser depuis toute jeune, pour que personne ne s'inquiète. Et je lui dis la phrase que je répète inlassablement depuis une décennie.

- Je vais bien.

Elle ne me répond pas et m'entraîne dans une pièce d'une luminosité à vous rendre aveugle comme si on a allumé un téléphone en pleine nuit. Avant même que je ne puisse ouvrir mes yeux sa voix parvient à mes oreilles.

- Il faut que tu saches que nous sommes dans une réalité alternative des Normas, notre Academy est placée sur l'un des anciens châteaux de la Loire rénové à notre demande. Les Normas le voient comme un château normal pendant que nous, y vivons et travaillons à l'intérieur.

J'ouvre les yeux devant l'énorme bâtisse faite de mur blanc et de colonnes de marbre bleues. Je suis actuellement dans un château, comme une vraie princesse bien que je n'ai aucun souvenir d'avoir rêvé en être une. Le hall est plutôt une pièce commune où toutes sortes de personnes séjournent. Certaines me dévisagent, d'autres divaguent à des conversations sûrement passionnantes. Je remarque certains détails de cette salle pleine de canapés, tables ou encore écran TV géant. Certaines personnes ont des yeux rouges sang me fixant avec envie, l'une a les yeux d'un chat me regardant avec malice quant à d'autres sont comme Jane avec des peaux verdâtres ne gâchant rien à leurs charmes. Mais bizarrement je ne me suis jamais sentie aussi bien dans un nouvel environnement, même lorsque j'ai emménagé dans mon appartement je me sentais extrêmement seule. Ici je suis plus émerveillée qu'autres choses, bon peut être un peu anxieuse et inquiète à propos de ce test mais je refoule cette peur pour laisser place à l'admiration. Jusqu'à ce que, encore une fois la voix sévère de la directrice de ce palais m'arrache à mes pensées.

- Les salles de cours se trouvent de l'autre côté de la cour, au fond du couloir il y a les dortoirs. Celle de la porte noire est pour les vampires, celle en bois massif pour les elfes, la plus petite mauve est pour les nains, la plus grande beige est pour les trolls, quant aux fantômes ils n'ont pas besoin de porte ils traversent le mur.

Elle prend une pause et continue.

- La porte marron est pour les démons et la grise pour les métamorphes. La porte rouge est pour les sorciers de feu, la blanche pour ceux de l'air, la bleu pour les types de l'eau et enfin la verte pour ceux de l'élément terre. Tu pourras visiter les jardins pendant ton temps libre il faut que tu ailles passer ton test maintenant. Tu as tous compris ?

Absolument pas, mais je fais oui de la tête pour ne pas me montrer plus bête que je ne le suis déjà à ses yeux. Elle se retourne vivement et m'escorte jusqu'à une grande porte remplit de motifs tous plus fantastiques les uns que les autres. C'est comme des lignes ou des courbures continuelles s'arrêtant parfois pour former une fleur ou parfois continuent pour se fendre dans le mur. Cette porte est aussi impressionnante que stressante, j'appréhende ce que mes yeux vont découvrir derrière.

- Il est l'heure rentre.

Je n'aime pas qu'on me donne des ordres ou qu'on me dise ce que je dois faire mais je suis les consignes de la femme derrière moi. Je baisse la poignée et rentre dans une pièce qui ressemble plus à une immense forêt qu'à un bureau par exemple.

Je me retourne pour ne trouver que la suite de cette infinie forêt à mon dos. La porte par laquelle je suis rentrée a disparu. Ce n'est pas vraiment une forêt des plus banales, non celle-ci comporte des arbres de toutes tailles et formes. L'un brûle lentement comme incandescent alors qu'en face un autre tout aussi grand est mouillé jusqu'à la sève. Je suis ébahie par tant d'irréalisme, plus loin il y a un arbre mort.

- Choisis-en un. Il n'y a pas de mauvaises réponses.

Encore la même voix de cette directrice qui fait s'envoler un corbeau sur la branche d'un arbre comme figé dans une énorme tornade.

Choisir un arbre, quand il y en a une multitude est plus facile à dire qu'à faire. Alors en inspirant lentement et suivant mon instinct je ferme les yeux et laisse mes jambes me diriger dans cette immensité. Je marche pendant au moins 2 minutes quand j'ai le pré-sentiment de devoir m'arrêter.

Un tout petit arbre que je n'aurais jamais remarqué se tient à mes pieds. Il est d'un bleu électrique mais on peut voir ses racines luisantes s'engouffrer dans la terre à perte de vue pourtant il est si petit. Il n'a pas beaucoup de feuilles non plus. Il dégage l'impression d'avoir souffert. Oui j'ai en ce moment précis de la peine pour un arbre. De mignons petits courants lumineux le parcourent de toute part. Je souris quand je suis violemment arrachée à cette forêt.

Je me retrouve dans un bureau cette fois-ci et allongée par terre Mme.Lorza me fixe avec beaucoup de mépris qui font s'assombrir ses yeux déjà noirs de nature. Puis elle me regarde avec dédain et se mets à soupirer. J'ai envie de lui rendre son regard mais je me retiens. J'ai été élevée dans les bonnes manières moi à l'orphelinat, je respecte mes aînées, car oui elle est invraisemblablement âgée cette femme. Même si son physique ressemble à une femme dans la trentaine.

- J'ai appelé votre guide, une fois qu'elle sera là elle vous conduira à votre chambre, je vous ai assigné au dortoir des magiciens élémentaires de l'eau. J'espère que vous passerez une bonne année à nos côtés.

Le changement soudain du tutoiement au vouvoiement me laisse perplexe, et son souhait que je passe une bonne année n'est même pas sincère. S'il n'y avait pas de mauvaises réponses pour le choix des arbres alors qu'est-ce qu'elle a contre moi ? Bien que je ne veuille pas faire amis-amis avec une directrice je n'ai pas envie non plus d'être dans son collimateur. Sachant que je vais être encore une fois au centre de l'attention autant l'atténuer un peu. Mme.Lorza part en direction de son bureau et s'assied calmement à la recherche de nombreux documents qu'elle feuillette comme si je n'étais pas là. Cette attitude m'agace un peu mais je me reprends repensant à la couleur que mes joues peuvent prendre. Son bureau est accordé à la couleur de ses iris : sombre. Son bureau est noir ainsi qu'un mur sur deux, seul le tapis amène un peu de couleur comme le bordeaux.

Au bout de trois, quatre minutes qui me paraissent une éternité d'ennui Olly rentre ou plutôt rampe dans le bureau, ce qui décroche un regard de la directrice à mon égard toujours aussi méprisant. C'est le signe que je peux partir et avec grand plaisir, sa présence m'ai insupportable.

Je soupire de soulagement quand Olly me surprends à s'enrouler autour de ma nuque.

- Je suis vraiment désolée j'aurais dû insister pour que tu viennes plus tôt ça t'aurais évité tellement de soucis vraiment désolée, je suis nulle comme guide.

Et elle détourne sa tête prête à garder le silence quand je lui réponds mentalement.

- Non ne dis pas ça c'est moi qui ai réagi comme une enfant faisant un gros caprice, et tu t'es bien rattrapée en me sortant de cette salle. Je ne t'en veux pas alors amies ?

Je n'ai vraiment pas envie de rester contrariée avec elle, c'est mon seul soutien infaillible dans cette nouvelle école et puis, je l'aime bien moi mon petit serpent bleu. Maintenant j'y crois, je ne suis pas dans un rêve et ce que je vois ne sont encore moins des hallucinations. Elle relève la tête avec un sourire que seulement moi peut déchiffrer.

- Oui ! Le dortoir E1 est droit devant, à la porte bleue tu es arrivée.

Sur ces mots je retraverse le grand hall sentant le poids des regards discrets ou non sur mes épaules. Je ne sais pas s'ils regardent Olly ou moi mais peu importe, je presse le pas et arrive in extremis à l'entrée de la porte où une jeune fille aux cheveux de cendres et aux yeux de feu m'ouvre affichant un grand sourire. Même pas forcé je dirais.

NDA: Les dialogues avec Olly seront en italiques ;)

Lullaby Tome 1 : ÉveilléeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant