Prologue

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Le désespoir. La perte de temps. Le changement d'appétit et de sommeil. La perte d'énergie. Puis celle de confiance en soi. Les problèmes de concentration. L'irritabilité.

Voici le top huit des choses qui ont pourri mon année de seconde. Mais vous savez quel est le pire des sentiments ? La solitude. Je n'étais pas seule parce que j'étais dépressive, j'étais dépressive parce que j'étais seule. A cette période, j'étais dépareillée, je n'étais simplement plus moi-même. Et ce petit top huit à contribué à ce que j'appellerai aujourd'hui ma tentative de sauvetage sans aboutissement. Les rumeurs de ma TSSA se sont vite répandues dans mon lycée, et mes parents ont enfin décidé de se préoccuper de leur fille un tant soit peu. J'aime me dire qu'il vaut mieux trop tard que jamais, alors je ne leur en ai plus tenue rigueur depuis. Nous sommes donc partis de Paris pour s'installer à Phnix, dans le sud. Ils m'ont inscrits dans ce nouveau lycée, pour que je « recommence à vivre ». Mais, ma vie ne s'est-elle pas arrêtée le jour où j'ai compris que je n'avais pas ma place dans ce monde ?

Excusez-moi, c'est vrai, j'ai manqué aux présentations. Je m'appelle Lenny Collins, j'ai seize ans, et mes parents sont des putain des riches qui espèrent tout rendre beau avec leur argent. Mais je vois tout. Nous, les femmes, avons une énorme mémoire. Avant l'arrivée de la technologie destructrice, nous étions des cueilleuses, et nous devions nous souvenir de l'endroit où les meilleures baies étaient cachées. Mais ça, mes paternels semblent l'oublier. Ils pensent qu'en étant dépressive, je n'entends rien, je ne vois rien, je reste juste piégée dans ma bulle. Sauf qu'encore, ils ont tout faux. J'ai une ouïe et une vue qui se portent mieux que jamais, et je ne suis pas piégée, je m'y suis enfermée moi-même. J'étais arrivée à un point où l'espoir ne faisait plus partie de mon vocabulaire, et que la seule issue envisageable pour moi était les cachets posés sur ma table de chevet.

Mais une partie de moi devait sûrement avoir encore une once de conviction, car, je suis ressortie vivante de ma TSSA. Quelques semaines et traitements plus tard, j'ai été admise dans une clinique de Paris, et je suis ressortie de celle ci deux mois plus tard. J'essaie de me comparer à la personne que j'étais avant que tout cela arrive, pour savoir si je suis redevenue comme avant ou non, mais je sais que la réponse est négative. Mes pensées sont amplement moins sordides qu'il y a quelques mois, mais elles sont toujours là. Pendant ces semaines qui ont été sans doute les plus nauséabondes de ma vie, je me suis sentie pourrir de l'intérieur, et comme tout fruit, je suis condamnée et rien ne me fera revenir en arrière.

Pourtant, je veux encore y croire. Je veux laisser une dernière chance à la vie. À ma vie. Alors j'ai décidé de conclure un pacte avec elle. J'ai deux mois pour retrouver une vie normale, d'une adolescente banale, sans quoi, de tenterais une nouvelle TS, mais aboutie, cette fois. Dans deux mois, je poserais cartes sur table, et ce sera l'ultime face à face.

CondamnéeWhere stories live. Discover now