Chapitre huit

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Je continuai à marcher dans les rues de cette ville ennuyeuse. Tout était banal, sans aucun point intéressant. Tout était grisâtre, sans vie. Les passants étaient sur leur téléphone, appareil que je possédais uniquement pour écouter de la musique. Les boutiques étaient vieilles, avec des façades abîmées et crasseuses. Je dépassai cette rue, et arrivai dans une autre plus éclairée, mais similaire. Je tournais en rond depuis que j'étais sortie du parc, et mon estomac criait famine. Je m'arrêtais devant un café et entrai. C'était le seul que je connaissais, et sûrement le seul que j'appréciais un minimum pour y rester quelques temps. Je m'assis à une table dans le fond, et le serveur ne mis pas longtemps avant de m'apporter une carte. Il revint quelques minutes plus tard, n'ayant pas beaucoup de clients à trois heures de l'après-midi. Je commandai un burger, puis lui sourit. Il était sympa, faisait quelques blagues parfois, et me disait toujours « à la prochaine », sachant éperdument que je reviendrais.

- Tiens, ton Star Burger, Lenny. N'hésite pas, je suis au comptoir, dit-il en souriant.

Je le remerciai, puis entamai mon repas. Je mangeai le plus lentement possible, regardant moment où j'allais rentrer chez moi. Je n'y avais pas pensé jusque là, je redoutais ce moment. Après avoir fini ce délicieux burger, je me levai et m'avançai vers la caisse.

- Onze euros quatre-vingt quinze, s'il te plaît, me dit le serveur, tapant sur sa caisse.

Je posai un billet de vingt sur le comptoir.

- Merci, tiens, ajoute-t-il en me rendant l'argent dût. A la prochaine !

- C'est ça, ouais, répondis-je en sortant du café.

Je repris ma route. Seul le parc était intéressant, je me dirigeai donc vers celui ci. En arrivant devant l'entrée, une idée me passa par la tête. Je devrai m'installer dans ce parc, me construire une cabane dans les arbres, et y rester pour toujours. Mais, bien que cette idée soit enviable, ce n'était pas réaliste. Rien ne l'était dans ce monde, ni personne. Et les gens qui avait un tant soit peu d'angélisme était vite rattrapés par la réalité, ou n'étaient pas compris par les pragmatiques. C'est amusant de se dire ça, car j'étais moi même incomprise par la plupart des gens l'année dernière : mes parents qui pensaient que j'allais bien et qui ne croyaient que ce qu'ils voyaient, c'est à dire rien, mes anciens « amis » qui pensaient que je n'étais qu'une bipolaire inintéressante et sans vision concrète. Ce n'est qu'après avoir compris cela que j'ai décidé de couper les ponts avec toutes les personnes de mon entourage. Et aujourd'hui, mes parents pensent que leur fille fait une crise d'adolescence, et je n'ai aucun ami.

J'arrivai devant la colline. Je la grimpai rapidement, et arrivant au sommet, j'espérai voir ce garçon, Jay. Je me sentais bien avec lui, et c'est justement ce dont j'avais peur. Dans un sens, c'était égoïste de me dire que je ne voulais pas qu'on soit amis, mais je souhaitais également le protéger. Il était innocent, ne devait pas encore avoir vécu un vrai chagrin, une vraie solitude. La mienne était colossale, à un point que je n'étais même plus habituée à ce que les gens ressentent quoi que ce soit pour moi. Alors, quand tout à l'heure il m'a dit qu'il voulait être mon ami, j'ai ressentis comme une sorte d'empathie pour lui. Je ne voulais en aucun cas le faire souffrir, mais je savais que je n'aurais pas la force de le repousser au fur et à mesure. Enfin, si il continuait à vouloir me parler.

A ma déception, il n'était pas là. Je m'en doutais, quelque part. Je m'assis, seule, en posant mon sac à côté de moi. Les musiques défilaient toujours dans mon casque, et maintenant passait Sweet Child O'Mine, de Guns N'Roses. C'était sans aucun doute mon groupe de rock préféré des années 90. Je passai ma main dans mon sac pour attraper mon livre, mais je ne le trouvai pas. Quand, soudain, je me rendis compte que Jay l'avait emporté avec lui. Je soufflais, espérant qu'il ne le lirait pas, sous peine de comprendre. De pouvoir me comprendre.

CondamnéeWhere stories live. Discover now