Chapitre seize

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La sonnerie retentit. Je rangeai ma trousse dans mon sac et sortis rapidement de la salle. Je marchai avec hâte dans le couloir quand on m'attrapa le poignet. Je ne connaissais qu'une personne qui avait cette manie.

- Qu'est-ce que tu veux, Jay ? Dis-je en me tournant vers lui.

Je me détacha rapidement de son emprise.

- T'avais l'air énervée dans la salle, répondit-il simplement.

- Bravo Einstein. En quoi ça t'intéresse ? Lui envoyais-je sèchement.

- Bon, c'est quoi le problème ? Dit-il avec agacement.

- Mais, y a rien ! Putain, arrête de te soucier de moi comme si t'étais mon ami ! Répondis-je en criant presque.

Des adolescents s'étaient retournés vers nous, mais je m'en moquais. Jay m'attrapa l'avant bras et m'entraîna dehors. Quand on arriva à l'extérieur, il me fit face et leva un sourcil.

- Je te comprends pas, Lenny. Une fois t'es sympa, une fois tu me parle comme à un chien.

- Je cherche pas à ce que tu me comprenne. C'est simple, lui dis-je.

- Mais pourquoi ? Pourquoi dès que tu t'ouvre, tu referme ta carapace directement ?

- J'ai pas envie d'en parler, surtout pas à toi, ça rentre dans ta petite tête, ça ? Criais-je.

Je haussais la voix sans m'en rendre compte, mais ça ne semblait pas le repousser.

- Putain, mais Lenny ! J'essaie d'être un ami pour toi, de m'ouvrir à toi pour que tu le fasse, mais t'en as rien à foutre !

Non, je n'en avais pas rien à foutre. Je ne pouvais simplement pas le dire. Je ne pouvais pas dire ce pourquoi j'avais cette carapace.

- Je t'ai déjà dit que je ne pouvais pas le faire.

- Et donc ? Ça t'autorise à traiter les gens de ton entourage comme ça ? Cria-t-il à son tour.

- Tu ne comprends pas... Soufflais-je.

- Comprendre quoi ?

- Comprendre que le lycée est un enfer pour moi ! Comprendre que ça me rappelle des souvenirs horribles ! Comprendre qu'à chaque fois que je passe dans ces couloirs, que je m'assois sur une chaise, que l'on m'adresse la parole, j'ai l'impression d'être dans un cercle vicieux et de revenir un an en arrière ! Hurlai-je.

Je baissai la tête après avoir dit ces mots. Je n'avais pas fait exprès de lui dévoiler toutes ces choses. Les mots étaient sortis tous seuls. Je ne voyais pas son visage, mais je devinais de la surprise. Je sentis mes yeux me piquer à ce souvenir. Je reniflai pour retenir mes larmes, et gardai la tête baissée

- Waouh... Euh, je ne sais pas quoi répondre à ça. L'enfer ? À ce point là ?

Je soufflais bruyamment.

- J'ai pas vraiment envie d'en parler. Je crois que t'en as assez entendu, dis-je en me tournant et en commençant à marcher.

- Attends !

Je m'arrêtai.

- Je ne sais pas quel enfoiré t'as fait vivre l'enfer, mais je ne suis pas ce genre de mec, enfin je ne le suis plus. Je ne te ferais pas de mal, promis, entendis-je derrière mon dos.

- Je le sais bien, c'est pas de toi que j'ai peur, Jay, murmurai-je.

- Alors de qui ?

- De moi-même...

CondamnéeWhere stories live. Discover now