Chapitre vingt

98 13 7
                                    

Je tournais la tête vers cette fille. Elle était appuyée sur la vitre, et regardait l'extérieur. Ses cheveux platine étaient placés derrière ses oreilles. Elle était peu maquillée, même peut-être pas, et semblait être la plus ravissante de toutes. Elle avait des petites tâches de rousseur qui me rendait fou.

- Tu ne veux toujours pas me dire où nous allons ? Dit-elle en regardant toujours dehors.

- On y est presque. Dis, je peux te demander quelque chose ?

- Tu le feras, de toute manière.

- Pourquoi, les cheveux blancs ?

Elle se tourna vers moi.

- Ça t'intrigue, hein ?

- Si je meurs sans t'avoir posé cette question, j'aurais un grand regret au paradis.

Elle leva un sourcil suite à ma phrase.

-Tu pense vraiment aller au paradis ?

- On envoie pas un si beau visage en enfer !

- A vrai dire, je suis allée dans un supermarché, et j'ai pris la première couleur qui me tombait sous la main.

- Et si t'avais pris du rose, tu l'aurais quand même fait ?

- Je trouve ça joli, les cheveux roses. Et puis, peu m'importait la couleur, je voulais emmerder mes parents et changer de tête.

- Et depuis t'as les cheveux blancs ? La questionnais-je.

Elle rit suite à ma remarque.

- Vous, les mecs, vous avez vraiment aucun respect pour la beauté. Non, je me fais une nouvelle teinture tous les mois.

Le bus s'arrêta. Je fis signe à Lenny de se lever, et nous sortîmes du bus. Je tournais la tête vers elle pour voir sa réaction.

- Une fête foraine, hein ?

- Exactement, allez viens, dis-je en lui prenant la main.

Une fois de plus, quand ma peau entra en contact avec la sienne, mon cœur s'accéléra. Nous entrâmes dans la foire, et, malgré la foule, je ne ressentais que la pression de nos deux mains liées. Je me tournai vers elle, amusée, qui regardait parfois avec un sourire d'enfant plaqué sur son visage.

- Alors, blanche neige, tu veux faire quoi ?

- Tout. Mais je veux faire ça d'abord.

Elle pointa quelque chose, et je me tournais vers l'attraction. A mon plus grand malheur, c'était un manège à sensation. Mais pas le genre qui me plaisait.

-Euh....

- Quoi, tu as peur, Jay Oslo ?

- Pffff... Moi ? N'importe quoi...

- Génial ! C'est partit.

Lenny me tira et on s'installa dans la queue, qui avançait trop vite à mon goût. Quelques minutes plus tard, on s'assit dans l'attraction. Je me tenais fermement aux poignées devant moi, tandis que Lenny se moquait de moi.

- Ne t'inquiètes pas, ça va aller ! Dit-elle sans pouvoir s'arrêter de rire.

- Très drôle.

Le manège commença à monter. Je pouvais voir la foire, mais je pensais plus à ma fin proche. Une fois en haut de la tour, on s'arrêta. Je me tournais vers ma voisine de droite.

- Tu ne choisiras plus les manèges.

- Pourquoi ? Dit-elle en faisant la moue. J'aime bien, moi.

- Ce sentiment n'est pas partagé. Donc je choisi la prochaine a...

Soudain, me coupant, l'attraction entama sa descente. Un petit cri viril sortit de ma bouche.

_Point de vue de Lenny_

Je me tournais vers Jay, il hurlait depuis quelques secondes avec une voix très aiguë. Je ne pouvais m'empêcher de rire devant sa souffrance. L'attraction s'arrêta cinq minutes plus tard. Jay en sortit tout retourné, tandis que je le réconfortais. On fit quelques manèges moins intenses où nous riions tout autant. Après ça on se dirigea vers un stand à nourriture.

- Des churros, s'il vous plaît.

Jay paya et me rejoint. J'attrapai un churros et nous commençâmes à marcher.

- Tu veux faire la grande roue ? Demanda Jay.

- C'est pas un peu trop rapide pour toi ? Répondis-je en lâchant un petit rire.

- Très amusant.

- Avec plaisir, répondis-je finalement.

Par chance, il n'y avait aucune queue. Nous entrâmes directement dans la nacelle et nous installâmes à côté. La roue démarra, et peu à peu, nous nous retrouvions tout en haut. Je me tournais vers Jay. Il regardait la vue, admiratif.

- Dis Jay.

Il se tourna vers moi.

- J'ai peur, avouais-je en baissant la tête.

- De quoi ?

- J'ai peur de ne pas être à la hauteur.

Je levai la tête vers la vue.

- Il y a un an, j'ai tenté... De mettre fin à ma vie, dis-je tout bas, comme honteuse.

Une silence s'installa.

- Je.. J'étais au plus mal, et ça me semblait être la meilleure solution. Et j'ai... J'ai failli y rester... Si une fille ne m'avait pas trouvée, je ne serais pas là...

Sa main se posa sur la sienne. Ces mots étaient tellement durs pour moi, mais je devais les dire. Je devais les faire sortir.

- Il y a bientôt un mois, je me suis fait une promesse. Si je retrouvais une vie normale, une personne à qui me dévoiler, alors tout ça serait fini... Et sinon, je referais une TS.

Je sentis deux doigts se poser sur ma joue. Je tournais ma tête vers Jay. Ses yeux regardaient au plus profond de mon âme. Cet être que j'avais rencontré il y a à peine une semaine semblait déjà bouleverser ma vie. Il posa sa deuxième main sur mon autre joue. Ce contact m'apaisait au plus haut point.

- Je ne te laisserai pas tomber. Jamais. J'en fais une promesse.

Sa tête s'approcha doucement.

- Attraction terminée ! Veuillez sortir de la nacelle !

Je tournais doucement mon regard vers celui du forain. Je me levai et sortis de la nacelle tandis que Jay me suivit.

- Putain de forain... Souffla-t-il.

- Jay ? Entendis-je.

Je me retournais, suivie de ce dernier. La personne qui l'avait appelé était une fille. Elle s'approcha de nous, ou plutôt de Jay. Très près. Trop près.

- Ashley ? Tu...

Cette dernière le coupa en l'embrassant. Un sentiment de poignard s'enfonça dans ma poitrine. Un goût amer envahit immédiatement ma bouche. Sans dire un mot, je tournai les talons, et sortis de la fête foraine. Je sortis mon téléphone et envoyai un message à mon père.
Une dizaine de minutes plus tard, il arriva et j'entrai dans sa voiture.

- Ça va, Lenny ? Demanda-t-il.

- Ouais. A merveille.

Puis, plus rien, la route se passa en silence. En entrant dans l'appartement, je ne dis rien, juste avançai et rentrai dans ma chambre. Une fois à l'intérieur, je la fermai à clé, et me mis dos à elle. Je glissai et m'assis contre celle-ci, en ramenant mes genoux à ma poitrine. Face à moi se trouvait mon balcon, puis sa chambre.

Je encore eu confiance en la mauvaise personne. J'ai cru qu'avec Jay, c'était différent, mais ça ne l'est pas. Il ne l'est pas. Et je lui ai presque tout dévoilé.

CondamnéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant