Chapitre trois

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J'ouvris la porte, Don't Look Back In Anger dans mes oreilles. Je vis ma mère se retourner, et, me voyant, soupirer de soulagement. Elle s'avança vers moi en me parlant, mais la musique de mon casque fût tellement forte que je n'entendis pas ce qu'elle disait. Je l'ignorai et rentrai directement dans ma chambre. Je sentis le parquet craquer derrière moi, signe qu'elle me suivait. Je lançai mes carnets sur mon bureau, et me jetai sur mon lit. La musique se finit à cet instant, et j'enlevai mon casque.

- Ah, enfin ! Lenny, ton père et moi nous inquiétions que tu ne rentre pas ! Il est presque vingt heures ! S'écria ma mère.

- Je suis là maintenant, donc tu peux arrêter de t'écorcher la gueule à tenter de me faire devenir la fille que vous avez toujours voulu avoir, répondis-je.

- Mais qu'est-ce que tu raconte ? C'est du grand n'importe quoi. Si c'est le fait que tu sortes qui te fait être insolente, alors tu n'iras plus dehors !

- Tiens, pour changer.

- Ecoute, Lenny, avoir seize ans ne t'autorise pas à faire ce que tu veux. Alors arrête de vouloir te révolter sans cesse et viens à table. Le dîner est servit, dit mon père, apparaissant derrière ma mère.

Je me levai, et, sans un mot, leur fermai la porte au nez. Ils ne comprenaient rien, et n'ont jamais rien compris. Ils croyaient que ce n'était qu'une crise d'adolescente, mais les naïfs, c'était eux. Je me dirigeai vers ma porte fenêtre, et l'ouvre. Le balcon était étroit, mais je m'y sentais moins oppressée que dans ma chambre. J'avais ajouté quelques plantes, pour que ça ressemble à la nature, à dehors. J'avais passé tout l'été enfermé dans cet appart, et le seul endroit où je pouvais respirer était ce balcon. Je m'adossai au muret et fermai les yeux. La brise d'été caressa mon visage. Je restai comme ça quelques instants, quand, soudain, des mots vinrent rompre le doux silence.

- Alors, Guns N'Roses, t'es pas couchée ? Entendis-je.

J'ouvris doucement les yeux pour tomber sur le garçon que j'avais bousculé tout à l'heure.

- Très amusant. Et toi, t'as bousculé une autre fille ? T'as eu son numéro ? Répondis-je ironiquement.

- T'as un sens de l'humour, tiens. Et qu'est-ce que tu cache d'autre ? Dit-il avec un sourire en coin, s'adossant à son tour au muret.

Le balcon dans lequel il était n'était qu'à cinq mètres du mien. Je regardai derrière lui, et aperçut quelques affiches, notamment de quelques groupes des années 2000.

- Pourquoi tes cheveux sont blancs ?

J'arquai un sourcil face à sa question directe.

- Non, t'auras pas mon numéro.

Il affichai un rictus.

- Si je le voulais, je l'aurais sûrement déjà.

- Pourtant, tu ne l'as pas. Pas trop déçu ? Dis-je, avec une fausse moue.

- C'est qu'elle se fait désirer ! Commença-t-il.

Des cris féminins venant de derrière lui vinrent l'interrompre. Il se redressa, me fit un signe de la main, et rentra chez lui. Je le fixai tandis qu'il referma sa porte, m'adressant un sourire sournois derrière sa fenêtre. Et, à cet instant, un sourire sincère apparut sur mon visage.

CondamnéeWhere stories live. Discover now