Chapitre douze

82 11 2
                                    

- Sinon, c'était quoi, ta journée merdique ? Me demanda Lenny.

Sa réplique me surpris.

- Tu t'y intéresse ? Dis-je, ne pouvant pas empêcher un sourire de se former sur mon visage.

- Pas vraiment, mais je sens que tu meurs d'envie de m'en parler.

Elle n'avait pas tord. J'avais envie de lui raconter toute ma vie, comme si je me sentais en sécurité avec elle. Comme si elle garderait tout mes secrets secrets.

- L'année dernière, je me suis battu avec un gars, et je l'ai littéralement défoncé. Le lendemain, je suis revenu en cours, le visage plein d'égratignures, et il a prétendu que c'était lui qui m'avait fait ça. Il a donc retourné tout le monde contre moi en les menaçant. Et aujourd'hui, cette chiffe molle est revenue me voir, mais je lui ai réglé son compte.

- J'espère au moins que ton jean ne te serre pas trop au niveau de tes chevilles, me répondit-elle simplement.

- J'espère que tous ses potes vont le lâcher et qu'il se retrouvera tout seul, pour voir ce que ça fait.

J'entendis un ricanement sortir de sa bouche.

- Qu'est-ce qui te fait rire ? Demandai-je sur la défensive, sachant pertinemment qu'elle se moquait de moi.

- T'es resté quelques jours seul dans les couloirs et tu parles de solitude. On dirait un enfant qui se plaint de ne pas avoir eu deux desserts.

- Parce que t'y connais quelque chose à la solitude ? Ah ouais, c'est vrai, tu reste tout le temps toute seule, répondis-je un peu trop sèchement.

Suite à ma remarque, je pensai qu'elle allait hausser le ton, mais elle me répondit simplement :

- Je reste seule pour éviter les cons comme toi. Tu connais rien du tout à la solitude, Jay.

- Et toi alors ? Je t'ai raconté un de mes problèmes, alors raconte moi en un !

J'étais tourné vers elle, et elle dévia son regard vers l'horizon.

- Si tes problèmes ressemblent à celui là, tu peux aller te rhabiller, tu ne fais pas le poids. Tes petites embrouilles de lycéens ne sont que des broutilles.

- Mes petites embrouilles de lycéens ne sont que le cadet de mes soucis.

Je commençai à hausser le ton, et le fait qu'elle garde son calme m'énervait encore plus.

- Si tu le dis. Maintenant, soi tu te tais, soi tu t'en va. Je viens ici pour être au calme, pas pour qu'un boutonneux vienne me parle de ses problèmes.

Sa remarque me fit bouillonner de l'intérieur. Je me levais précipitamment, et, toujours en la regardant, je lui dis :

- Tu sais quoi ? Je vois clair dans ton petit jeu. T'utilise une carapace pour te couvrir du monde réel, mais il te rattrape peu à peu. Et tu reste seule en espérant que tu vive une vie tranquille, mais tu ne peux pas vivre éloignée de tout le monde. Tu cherche des problèmes là où il n'y en a pas, et ça te retombe dessus.

Elle leva les yeux vers moi. Elle se leva elle aussi, et me fit face. Si ses yeux pouvaient tuer, je serais déjà six pieds sous terre. Elle s'avança vers moi, et ses cheveux retombaient sur son visage.

- Écoute moi bien : Tu ne sais rien de moi, ni de ma vie. Alors maintenant que t'as mon attention, retiens mes paroles car je ne le dirais pas deux fois : tu vas descendre de cette colline, et ne plus me parler. Et ne t'autorise plus à parler de mes problèmes.

Je restai de marbre face à sa réponse, sèche et blessante. Dans un sens, j'attendais qu'elle s'énerve, mais pas à ce point.

- Tu veux encore fuir ? Tu ne me diras jamais pourquoi tu fais tout ça ? Pourquoi tu me repousse comme ça ?

Elle souffla, et se rassis, collant ses genoux à sa poitrine , et enroulant ses bras autour.

- Va-t-en, Jay. Je ne rigole pas.

- Non. Je ne veux pas lâcher une autre personne.

CondamnéeWhere stories live. Discover now