Chapitre vingt-huit

85 5 2
                                    

- Lenny, Jay est là ! Entendis-je de l'autre côté de ma porte.

- Dis-lui d'entrer, répondis-je juste assez fort pour que ma mère entende.

Je tendis l'oreille pour écouter la suite de leur conversation. Un silence s'installa. La porte de referma ensuite. J'entendis ma porte s'ouvrir. J'étais sur mon balcon, de dos à ma chambre.

- Salut, Lenny, lança Jay doucement.

- Salut, répondis-je, sans aucune émotion dans ma voie.

Je sentis qu'il s'approchait.

- Je sais que tu m'en veux, mais je dois te dire quelque chose.

Je ne répondis pas et restai toujours dans la même position, les bras croisés appuyés sur le rebord du balcon. Je posai simplement ma tête dessus.

- J'ai appelé Léa hier soir.

Je me tournai vers lui, étonnée.

- Juste après que tu sois partie hier, j'ai ressenti des remords. Alors je l'ai appelée.

- Et ? Demandai-je, redoutant le pire.

- Elle va bien. Très bien, même. Au début, elle m'a envoyé bouler, puis je me suis excusé. Elle m'a dit qu'elle avait un copain, qui la protégeait et la défendait quand quelqu'un voulait l'humilier. Tout va pour le mieux pour elle.

- Oh.

Ce fut tout ce que je pouvais répondre. Je lui en voulais toujours, mais une partie de moi lui avais déjà pardonné.

- C'est bien, ce que t'as fait.

Il s'approcha de moi et se baissa pour être à ma hauteur.

- Je m'en voulais tellement, hier... J'ai fait ce qu'on t'a fait subir, et je m'en veux pour ça.

- C'est bon, Jay. Tu ne peux pas avoir fait pire que ces connards.

Je le pris dans mes bras. Le serrer contre moi me fis tant de bien. Après quelques instants, il se desserra de moi.

- Je vais appeler Julia. Je voulais que tu sois là.

- Je suis là. Je serais toujours là, dis-je doucement.

Jay prit son téléphone et composa le numéro fixe de chez Julia. Il mit en haut parleur pour que je puisse entendre.

- Allo ? Dit la personne à l'autre bout du combiné.

- Allo, Julia ? Répondit Jay.

La personne ne répondit pas pendant quelques instants.

- Si t'es un des enfants qui ont fait du mal à ma fille, sache que tu ne t'en tireras pas comme ça. Vous allez payer pour ce vous lui avez fait, dit sèchement la voix féminine.

Jay tourna la tête vers moi, les sourcils froncés.

- Je suis un de ses anciens camarades de seconde, lança Jay, perdu.

- Oh, mes excuses. Tu étais un de ses amis ?

Sa voix était plus douce maintenant.

- En quelques sortes. Que lui est-elle arrivé ? Demanda-t-il.

On entendit un reniflement à l'autre bout du combiné.

- Julia s'est... N'est plus là, dit sa mère en sanglotant.

Je levais la tête vers Jay. Il était devenu livide. Sa tête s'était décomposée. Sa bouche était entrouverte, mais aucun mot ne sortait de sa bouche. Je pris le téléphone et répondis à sa place.

- Nous sommes terriblement désolés pour votre fille, madame, soufflais-je simplement avec la voix la plus douce que je puisse avoir.

- Ce... Ce n'est rien.

Elle marqua une courte pause. Je pris la main de Jay, qui pleurait silencieusement.

- Vous... Vous pourriez passer nous voir, un jour ? Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer des amis de Julia...

Ses paroles se bloquèrent au nom de sa défunte fille. Je relevais la tête vers Jay, qui hocha doucement la tête.

- Bien sûr.

Sur ce, la femme me salua et raccrocha. Je posai le téléphone et pris les deux mains de Jay entre les miennes. Ses joues ruisselaient de larmes, ses yeux étaient gonflés et rouges.

- C'est pas ta faute, Jay.

- T'en sais rien. Si c'était à cause de moi que tout avait commencé ? Répondit-il entre deux sanglots.

Je le pris une nouvelle fois dans mes bras, mais cette fois, ce n'était pas moi qui en avais besoin. Il pleura sur mon épaule, tandis que je me contentais de le serrer fort contre moi. Je ne savais pas quoi faire, quoi dire, alors je ne dis et ne fis rien. Nous restions comme ça plusieurs minutes, sans bouger. Tous les deux, au sol, dans les bras de l'autre. Je voulais lui remonter le moral, ne plus lui faire penser à ça, mais je ne pouvais pas. Il avait arrêté de pleurer, et posé sa tête sur mon épaule. Après un moment, il se desserra de moi, et partit se rafraichir le visage. Je rentrai et m'assis sur le lit, et fermai les yeux.

CondamnéeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon