XX. Heurter la réalité

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𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝗶𝗿𝗶𝘂𝘀 𝗕𝗹𝗮𝗰𝗸.


⸺ Remus, mais quel con... dis-je entre deux sanglots, arrivant à esquisser un sourire plein d'ironie.

J'étais prostré dans une cabine des toilettes des garçons, sanglotant. Je ne savais pas quand est ce que je sortirais. Dans un siècle, peut-être. Ou deux. Si ma dignité daignait revenir un jour. Déjà que tomber amoureux d'un de mes amis n'était pas une chose prévue, qu'il l'apprenne avant que je me sois débarrassé de cet étourdissement stupide l'était encore moins.

J'étais perdu. Complètement perdu. Mes propos n'auraient jamais dû parvenir à ses oreilles. Je ne pourrai plus jamais le regarder en face sans avoir envie de me taper la tête contre un mur – enfin, à éviter, ça faisait mal. Je ne pourrai plus jamais lui adresser la parole sans ressentir une honte immense à l'intérieur de moi. Je ne pourrai plus jamais me tenir dans la même pièce que lui sans avoir envie de m'écrouler et de rester prostré jusqu'à la fin de l'éternité, à l'ignorer.

Je n'étais qu'un lâche. Un horrible lâche.

J'allais faire souffrir Remus. Déjà qu'il souffrait pour tout, je n'allais que lui rajouter un poids sur ses épaules. S'il m'aimait, cela le remplirait de joie. Mais il craindrait de me faire du mal, il culpabiliserait sans cesse. S'il me refusait, il culpabiliserait s'il me brisait.

Tu es déjà brisé, Sirius, me disait une petite voix à l'intérieur de ma tête. La manière dont ta famille t'a traité pendant onze ans n'a jamais été bénéfique.

Nous n'étions que des gosses, et nous vivions déjà un moment fugace déchirant, comme les grandes personnes dans les romans. Parfois, ma rage de vivre me paraissait ridicule. Je laissais les larmes que j'avais trop longtemps retenu dévaler sur mes joues. Je ne pouvais pas sortir et affronter son regard. Je ne pouvais pas. Plutôt mourir. Enfin... c'était peut-être un peu extrême, comme paroles. En tous cas, je ne voulais plus jamais le voir. Plus jamais. Je ne voulais pas souffrir, et encore moins faire souffrir celui que j'aimais. Que j'aime. Que j'aimerai toujours. De tout mon cœur. Jamais je ne pourrais m'éprendre de quelqu'un d'autre. Remus était, et restera mon unique amour. Enfin, je suppose.

Mais alors que le silence n'était troublé que par mes sanglots, j'entendis des pas discrets s'approcher doucement.

⸺ Qui est là ? grognai-je. Vous pouvez pas partir ?

Mais le garçon s'approcha de ma cabine et je l'entendis poser ses mains sur la porte.

⸺ Sirius ? C'est toi ? demanda-t-il d'une voix hésitante.

⸺ Pars, Remus. S'il te plaît. Laisse-moi, finis-je dans un soupir théâtral.

Il y eut un silence. Remus ne partait pas, et je sentais la tension qui nous séparait s'électriser.

⸺ Non.

Non.

Non.

NON !

Son affirmation, ferme, m'avait fait l'effet d'un coup de poing en pleine poire.

⸺ Je n'ai pas la force de discuter, Remus. Ni l'envie.

⸺ Je m'en fiche ! cria-t-il presque, faisant remonter mes larmes. Tu ne pourras pas te cacher éternellement, Sirius. Autant ne pas repousser l'échéance, tu ne crois pas ? Il est inévitable que nous ayons cette discussion.

⸺ Quelle discussion ? Tu sais tout. Ne me réponds pas, ou nous souffrirons tous les deux. Je ne veux pas que tu souffres.

⸺ Je souffre déjà bien assez, ce n'est pas cela qui va me tuer. Cesse de te cacher. Sors de là. Sors de là ! Sors de là, Sirius ! Allez, sors de cette foutue cabine ! cria-t-il en donnant un coup de poing dans la porte.

𝐔𝐧 𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐒𝐢𝐧𝐜𝐞̀𝐫𝐞 || FᴀɴFɪᴄᴛɪᴏɴ WᴏʟғsᴛᴀʀWhere stories live. Discover now