𝐔𝐧 𝐀𝐦𝐨𝐮𝐫 𝐒𝐢𝐧𝐜𝐞̀𝐫𝐞 || FᴀɴFɪᴄᴛɪᴏɴ Wᴏʟғsᴛᴀʀ

XIII. Rendez-vous nocturne

𝗣𝗼𝗶𝗻𝘁 𝗱𝗲 𝘃𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗦𝗶𝗿𝗶𝘂𝘀 𝗕𝗹𝗮𝗰𝗸.

⸺ Non ! Non ! hurlait une voix lointaine. Arrêtez !

J'ouvris difficilement les yeux et m'aperçus que nous étions en plein milieu de la nuit. J'étais tout courbaturé, et je ne savais même plus quel jour nous étions. La voix continuait de hurler, et je n'arrivais pas à savoir à qui elle appartenait. Oh, sans doute était-ce mon rêve. Oui, sans doute. Il était fréquent que je fasse des cauchemars.

Je me retournai une nouvelle fois dans mon lit, mais quand la voix hurla de nouveau un « Non ! » désespéré, je me levai brusquement, avant de retomber, la tête me lançant. J'attendis que me courte migraine passe, puis je me dirigeai vers la source du bruit.

Pour ne rien changer, c'était Remus qui se débattait dans son sommeil.

J'ouvris doucement les rideaux et les refermai derrière moi, puis j'allai m'asseoir à ses côtés. Sous mon poids, le matelas s'enfonça, et Remus se décala de quelques centimètres. Je posai une main rassurante sur ses épaules tendues et tremblantes, puis lui soufflai de manière douce :

⸺ Remus, réveille-toi ! Ce n'est pas la réalité !

De grosses gouttes de sueur perlaient sur ses tempes tandis qu'il continuait de crier et de se débattre. Par Merlin, mais qu'est-ce qu'il avait, cette fois-ci ?

⸺ Remus ! Réveille-toi !

Au prix de nombreux efforts, le lycanthrope finit par ouvrir les yeux, l'air effrayé. Lycanthrope... Je n'arrivais pas à saisir pourquoi il ne nous l'avait pas dit avant !

⸺ Sirius... que... que s'est-il passé ?

Sans vraiment chercher à lui répondre et à avoir une discussion rationnelle, je le pris dans mes bras pour le rassurer.

⸺ Tu faisais encore un cauchemar. C'était donc de lui que tu rêvais chaque nuit ?

Remus m'étreignit avec force en se retenant de pleurer.

⸺ Je prends ton silence pour une réponse affirmative.

Il soupira et enfouit sa tête dans mon épaule. Ce geste si anodin m'attendrit aussitôt et je me sentis un peu étrange à le regarder comme je regarderais un enfant vulnérable. Je posai ma main dans ses cheveux. J'avais l'impression que le consoler chaque nuit, l'étreindre et le rassurer renforçait notre lien de confiance, que c'était devenu une habitude entre nous deux. Un rendez-vous quotidien. Un secret qui nous rassurait tous les deux. Je savais à ce moment-là que j'aurais pu donner ma vie pour qu'il soit libéré de sa lycanthropie... Rem' était un véritable ami. Il était une personne formidable, il ne méritait pas ce qui lui arrivait. Si j'avais pu faire quelque chose pour qu'il aille mieux, n'importe quoi...

⸺ Excuse-moi, finit-il par lâcher. Je suis désolé d'être aussi vulnérable. Désolé de vous causer autant de soucis.

Je l'étreignis encore plus fort en enfouissant moi aussi la tête dans ses épaules meurtries de cicatrices.

⸺ Remus, arrête. Tu subis tout, depuis toujours. Tu n'as jamais eu la chance de connaître le bonheur. Ne te sens pas coupable de ce qui t'arrive.

⸺ Je ne fais que vous causer des soucis... Depuis le début...

⸺ Tais-toi. Je t'interdis de penser cela, car c'est entièrement faux, répliquai-je d'un ton ferme et sans appel.

Il m'obéit et posa ses mains gelées et tremblantes sur le haut de mon dos.

⸺ Sirius, tu es vraiment un ami pour moi. Tu es celui à qui je fais le plus confiance.

Cet aveu me fit rougir. Je ne sus pas vraiment quoi répondre, aussi me contentai-je d'un idiot :

⸺ Toi aussi, Remus.

Bien qu'il fasse noir et qu'il soit dos à moi, je devinai son sourire charmeur se peindre sur son visage. Il était enfin heureux. Il avait pu se libérer d'un poids lourd qu'il portait depuis toujours sur ses épaules, et cela montrait qu'il nous faisait entièrement confiance.

⸺ Je t'aime bien, Sirius, tu sais. Si toi aussi tu veux te confier, je suis là, d'accord ?

La proposition était bien tentante... Mais Remus était trop faible. Psychologiquement, il avait frôlé de peu la crise de nerfs lorsqu'il avait terminé son récit, et devoir annoncer aux professeurs qu'il nous avait mis dans la confidence de son secret l'avait plongé dans un était de stress inimaginable.

⸺ Je sais ce que tu penses, lâcha-t-il, interrompant mon monologue intérieur. Que je suis trop faible pour affronter les histoires des autres. Et que tu veux me protéger. Je t'en suis très reconnaissant, mais je ne pense pas être une petite poupée de porcelaine fragile.

⸺ Tu as déjà tant subi, Remus, répondis-je en passant distraitement ma main dans ses cheveux, ce qui le fit frissonner. Pour l'instant, relâche un peu la pression et laisse-moi t'aider, d'accord ?

⸺ Mais ce serait tellement égoïste...

⸺ Ce n'est pas égoïste, Remus. On se repose toujours sur toi. Que ce soit pour les devoirs, pour les messages que veut faire passer James à Lily... puisqu'elle n'accepte pas de lui parler. Oh, c'est si compliqué, l'amour !

Je souris.

⸺ James et Lily. Ces deux sorciers méritent le prix du Couple Le Plus Compliqué De Toute l'Histoire Du Monde Magique... J'attends enfin le jour où ils seront ensemble, pour que James arrête de nous casser les oreilles avec sa chère et tendre !

Je ris doucement et Remus sourit largement. Il se dégagea lentement de mon étreinte et finit par se rallonger.

⸺ Tu vas te rendormir ? Vas-tu tenir le coup avec les cauchemars ?

Je vis ses yeux briller dans la pénombre.

⸺ En reparler... Ça a fait se réveiller le monstre de mes craintes qui vit en moi depuis que j'ai été mordu. Les cauchemars sont si... intenses. Je ne pense pas.

Je lui pris la main, puis lui souris.

⸺ Veux-tu que je reste à tes côtés pour surveiller ton sommeil ?

Mon ami serra ma paume contre la sienne en entrelaçant nos doigts.

⸺ Oui, je veux bien. Oh, c'est vraiment égoïste comme demande, désolé...

⸺ Non. C'est normal. Je t'interdis de culpabiliser, Remus, tu m'entends ?

Il y eut un silence pesant jusqu'à ce qu'il acquiesce d'une voix soulagée :

⸺ D'accord.

Il ferma les yeux, et ses respirations se firent de plus en plus lentes, de plus en plus calmes et apaisées. Jusqu'à ce qu'il se laisse entraîner au pays des rêves, bercé par les épais bras de Morphée... épais, comme son sommeil, qui semblait vouloir le noyer.

Je gardai ma main dans la sienne en le regardant dormir d'un air content. Puis je finis par la lâcher et m'allonger à ses côtés, en songeant à la conversation que nous venions d'avoir. Pourquoi donc culpabilisait-il ? Remus était trop bien pour devoir subir cela.

Mais je savais que les traumatismes pouvaient être compliqués à surmonter. Comme une montagne escarpée et dangereuse qu'un être vulnérable et brisé devait arriver à franchir.

Comme je savais que certains secrets avaient plus d'intérêts à être gardé secrets qu'à être racontés.

Je ne révélerai à personne qu'être aussi proche de Remus me libérait de tous mes problèmes.

Comme je ne révélerai jamais à Remus que tenir sa main dans la mienne m'avait fait battre mon cœur plus vite qu'il n'avait jamais battu, et m'avait fait ressentir une vague d'une chaleur dans tout mon corps.

Je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait, mais je n'allais pas tarder à le savoir, je le sentais.