Chapitre vingt-et-un (1/2)

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PDV Léo

     Lorsque je vais à la piscine le vendredi soir, j'appréhende un peu. Je ne le devrais pas, mais je sens pourtant mon cœur battre plus vite dans ma poitrine lorsque j'arrive au bassin. Surtout que j'ai un peu honte parce l'autre soir, j'ai ajouté une musique à notre playlist, à Valentin et moi. Je ne sais même pas trop pourquoi, mais c'est arrivé. Faut dire que j'écoutais la musique et je me reconnaissais tellement dans les paroles que je l'ai ajoutée. D'autant plus que ça me semblait plus facile de lui parler ainsi que par message – comme ça je me trempe pas trop. Après tout, une chanson dans une playlist, ça ne peut rien vouloir dire non plus.

Bon, pensons à autre chose parce qu'il y a autre chose que Valentin dans la vie, dans ma vie. Je le remarque d'ailleurs finir sa longueur et je m'empresse d'aller poser ma serviette, loin de la sienne que je reconnais plus loin. Respirant un bon coup, je rentre ensuite dans l'eau fraîche et me place dans la ligne à côté de Valentin, qui a déjà recommencé à nager. Je place alors mes lunettes et me propulse à l'aide du mur pour nager.

Et comme d'habitude, ça me fait un bien fou. J'en oublie même d'ailleurs totalement Valentin, seulement à quelques mètres de moi, au bout de quelques longueurs. Se sentir comme un poisson dans l'eau prend pleinement son sens, car je me sens si bien sous l'eau. Je m'y sens bien parce qu'il n'y a plus de bruit, parce que je sens chaque partie de mon corps différemment que lorsque je suis terre, parce que je suis comme caché des autres sous l'eau. Je m'y sens vraiment bien, oui.

Après environ une heure de nage, je vais ensuite au jacuzzi, me détendre les muscles comme d'habitude. Au fond de moi, une petite pensée se tourne vers Valentin, du moins son absence. Après tout, ce n'est qu'un détail. Voilà, j'étais mieux sous l'eau, sans ce genre de pensée envahissante et énervante.

Lorsque je rentre chez moi, j'aide à la préparation du repas du soir, sans trop d'entrain étant physiquement fatigué.

— Tu n'es pas aller nager avec Valentin ? me questionne ma mère, qui coupe des légumes.

— Si, mais il est rentré chez lui après.

Ce qui est vrai, je ne mens pas pour le coup. On a bien nagé « ensemble » dans le sens où on était à la piscine, au même moment, à côté.

— Et vous voyez ce week-end ?

— Non, je pense pas, j'ai pas mal de travail.

Là, pour le coup, je mens. Je n'ai pas tant que ça de travail et je ne suis, de toute façon, pas du genre à passer mon week-end assis derrière mon bureau. Du moins, pas pour ce genre de travail.

— C'est pas plus mal, vous passez tout votre temps libre ensemble !

Je hausse les épaules et continue de mélanger les légumes dans la poêle. Je sais que ma mère est beaucoup plus critique à l'égard de Valentin depuis qu'il s'est percé l'oreille. C'est un truc tout con, surtout pour les gars de mon âge où c'est de plus en plus répandu, mais ça a posé problème à ma mère. Parce qu'elle a fait le rapprochement entre cette boucle d'oreille et le fait d'être gay, surtout que Valentin l'a fait à droite – du côté des gays. En vrai, on en a parlé avec Valentin et il ne savait même pas que se faire percer à droite avec une quelconque signification. Pour le coup, lui c'est vrai – il est vraiment gay.

En plus, une fois, agacé d'une énième remarque envers les gays échangée entre ma mère et ma sœur, je leur ai dit. Je leur ai dit que Valentin était gay, parce que, innocemment, je pensais qu'elles arrêteraient ce genre de remarques. Mais, au contraire, elles se sont mises à agir et parler différemment de Valentin, comme s'il n'était plus comme nous. Du coup, ça m'étonne pas qu'elle soit contente que je ne le voie pas ce weekend.

La Prochaine Fois, tome 1✅Where stories live. Discover now