Chapitre cinq

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— Prêt à perdre ?

— À gagner plutôt, je défie Léo qui remet ses lunettes de piscine en place.

Nous nous positionnons alors tous deux contre le muret puis faisons un décompte avant de plonger. Je me dépêche alors de nager jusqu'au mur opposé puis de revenir. Et, à ma surprise et déception, mon meilleur ami m'y attend déjà.

Bien que Léo ne soit pas un grand sportif - dans le sens où il n'aime pas trop ça - il adore cependant la natation. Et, ça tombe bien, moi aussi. Alors, on a décidé d'aller nager ensemble tous les vendredis soir. Et on finit toujours par une course après notre petite heure de longueurs. Normalement, je le bats, assez souvent en tout cas, mais il semblerait que ce ne soit pas le cas ce soir.

Après notre séance de sport finie, nous allons nous poser dans le jacuzzi et profitons de la chaleur et des bulles du petit bassin. Détendu, je demande à mon meilleur ami :

— Tu vois ton père ce week-end ?

— Oui, il rentre. Mais si c'est pour être de mauvaise humeur comme la dernière fois, je préférais qu'il ne rentre pas. Parfois, je préférais qu'il ne vienne plus.

Je n'aime pas quand les gens disent ce genre de choses. Ils ne savent pas ce que c'est d'être privé de l'un de leurs parents et, si cela devait arriver, ils seraient en réalité bien dévastés. Ce genre de phrase dite en l'air montre bien qu'ils n'y connaissant rien.

Je baisse alors la tête, ne voulant pas dire à Léo ce que je pense réellement de sa remarque. Cependant, le châtain semble le remarquer car il s'excuse :

— Ce n'est pas ce que je voulais dire, Valentin. Enfin, j'ai pas pensé à toi en disant ça. C'était maladroit, désolé.

— C'est bon, Lou, te fatigue pas. C'est rien, je mens comme je le fais habituellement lorsque ce sujet s'invite dans ma vie.

— Arrête de dire que c'est rien à chaque fois. On me l'a fait pas à moi, je sais très bien que ça te blesse à chaque fois.

— Si tu le sais, tais-toi alors, je riposte, sur la défensive.

— Sympa.

Réalisant que je suis un idiot de traiter mon meilleur ami ainsi, je m'excuse à demi-mot :

— Tu sais très bien que c'est parce que je suis énervé que je dis ça.

— Ça aussi, je le sais.

— Désolé, Lou, je souffle tout en sortant du bassin à bulles.

Je me dirige alors vers ma serviette ainsi que ma gourde d'eau dont je bois la moitié. Je sens le regard, que je devine inquiet de Léo, mais aucun de nous ne sait que dire. Je m'en veux que ce soit d'ailleurs le cas.

Nous partons alors nous doucher et c'est seulement une fois que nous sommes dans une cabine tous les deux pour nous changer que je décide de me livrer un peu sur le sujet :

— Il me manque, je soupire.

— Je sais.

— Non, justement, tu ne sais pas. Et j'en ai marre qu'on me réponde savoir quelque chose que vous n'avez jamais vécu.

Je baisse la tête, assis sur le petit banc, à l'étroit avec Léo. Il me fixe, inquiet, sa serviette enroulée autour de sa hanche. Il enfile d'ailleurs rapidement un tee-shirt. Je continue alors mon petit moment confession :

— Je pensais que j'y arriverais mais non. Je pense souvent à lui, tu sais,je me demande toujours s'il va mieux, s'il a commencé une nouvelle vie, s'ilpense à moi et Emma, s'il a essayé de récupérer notre garde. Parfois, j'en aimarre, vraiment marre, Lou, je balance avec tristesse.

La Prochaine Fois, tome 1✅Where stories live. Discover now