03.

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« Sinon à part ça, bien ? t'es pressé ? Non parce que ça va pas terrible, parce que j'suis seul dans ma tête. C'est la rage qui m'a élevé...»

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Je reprend mes esprits difficilement, j'ai mal au crâne. Crapaud assis sur sa chaise, les pieds croisés sur son bureau fume sa barrette de shit. Il m'avoue que la MDMA était trop forte pour moi : sueurs froides, pleures, cris. Non, ce n'est pas l'effet de l'esctasy mais seulement juste des années de fierté, voilà des années à encaisser qui viennent de partir en fumé.

Je ressors en remettant ma casquette, j'étais restée tout une après-midi chez Crapaud, je m'en suis même pas rendue compte. Il faisait nuit noir et on attendait déjà les rats du bloc 6 rigoler en étant sous l'effet de la khabta. Je marche un moment, sans savoir où aller, putain quel merdier ! Il a fallu que ça tombe sur moi, j'ai besoin d'oublier. Il y a tellement de chose que je regrette, mais pas le temps pour les regrets, ma Cristaline™ bientôt vide, le Ciroc je l'ingurgite comme de l'eau plate.

Et quand je repense à mes copines d'école, à l'ancienne, j'avoue ça me manque Adiah la jeune fille sage et innocente qui ne calculait aucun mec de la cité. J'ai mis une croix sur le tiroir souvenirs comme j'ai mis une croix sur l'espoir de rencontrer « l'homme de ma vie » , « mon hlel » , « ma moitié » et nique ta mère. Je déteste ces petites rêveuses qui attendent leur thug charmant en bas, au quartier elles ne font que le regarder, rigoler, se faire un film dans la tête genre histoire à l'eau de rose. Ça me répugne car c'est ce que j'étais et lorsqu'un jour mon " rêve " s'est réalisé, ça n'avait rien d'un conte de fée. Parce qu'apparemment ce genre de gigolo bombe le torse pour tacler des p'tites putes comme nous et nous naïves qu'on est, on plonge la tête en premier. Parce que ça vous plaît vous quand monsieur prétend vous aimer donc vous enferme dans un appartement, que dis-je un studio où ton lit n'est qu'un vieux clic clac pendant qu'il met ses grosses folles dans des putains de villa. Bah meuf, devient une grosse folle pour être bien traité, pour passer une nuit dans une putain de villa, pour être rejeter le lendemain et revenir le soir même. Parce que ça vous plaît vous, de laver son linge plein de sang chaque jours et de n'avoir aucune réponse. Parce que ça vous plaît hein, les heures aux parlu, les lettres qui t'insulte tout tes morts parce que t'envoie pas d'argent, il ne te croira pas si tu lui dis que t'es en hess, non tu te démerde quitte à faire la timpe...

Ce genre de relations amoureuses m'ont détruite, alors à quoi bon aimer quand l'espoir et le cœur n'y est plus ? Triste vie, putain de vie devrai-je dire... C'est en parti cette relation qui a causé une deuxième mort au fond de moi. Je n'ai cessé de me tuer à petit feu depuis que j'ai perdu le sourire, je sais même plus c'est quoi sourire. Je ris sous l'effet de la drogue ou bien de l'alcool mais je ne me souviens pas trop du pourquoi je rigolais, sans doute parce que j'éclatais de rire avec une énorme envie de fondre en larme mais c'est avec toute la fierté du monde que je me bat contre moi-même pour retenir ces perles salées.

Je m'assois sur un rocher à quelques pas de la cité, là où il n'y a personne, pour me retrouver seule quelques minutes. J'aurais sûrement dû rejoindre Nabil et me mettre bien avec lui en jouant à FIFA™ mais non là j'en peux plus. Une soudaine envie de retourner devant mon lycée demain, histoire de voir, histoire de me remettre en tête ces bons souvenirs parce que ouais, j'en ai eu des bon moments..

Puis j'vois que le soleil commence à se lever je rentre à l'appart. Je vis depuis deux ans déjà avec Farouq et Nabil, bien-sûr ça n'a pas toujours été rose quand les gars sont dans un autre monde j'évite de traîner dans l'appart encore moins en pyjama. Non, Farouq et Nabil sont loin d'être des mecs net et clean mais bon on fait avec parce qu'on a vécu une putain d'amitié qui dure encore et ça depuis cinq ans. Alors oui, pour rien au monde je les lâcherai, il n'y a que l'overdose, la mort qui nous séparera au pire on se recroisera en Enfer.
Ne prenez pas mes récits au sérieux, je ne suis qu'une môme perdu depuis la mort de ses géniteurs, je suis égarée, loin de mes repères et je baigne dans un monde qui me ronge et il n'y a rien d'amusant c'est juste une routine, une putain d'habitude et on s'en lasse chaque jour. Je vous le promet, si j'avais le choix d'être dans une famille, d'être heureuse j'aurais pris mon baluchon et j'aurai quitter cette misère. C'est pas drôle, c'est quand on est dedans qu'on se dit merde, comment on fait pour en sortir ?

Farouq « Ah t'es là. »
« Tu ne m'as pas l'air khabta, bien ? »
Farouq « Ouais, j'ai juste fumé ce soir, j'ai plus d'héro »
« Vas-y réveille moi à neuf heure. »
Farouq *rire* « Quoi, la petite va à l'école ? »
« En quelques sortes. »

Il me regarde alors que je pénétrais déjà dans ma chambre. J'sais pas en vrai, j'apprehende, revoir mes anciennes pine-co, qui sait elles ne me reconnaîtront pas.

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J'attends vos avis ✌

« Cristaline pleine de Ciroc »Where stories live. Discover now