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« Pense à moi comme si j'étais jamais parti du quartier.. »

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« - Wesh tu crois qu'elle est morte ? demanda la première voix.
- J'sais pas, vas-y viens on s'barre. On va avoir des ennuis ! s'exclama la deuxième.
- Mais attend frère ! On va pas la laisser comme ça, rétorqua la première.
- On s'en bas les couilles allez viens on s'arrache.
- Hey vous qu'est-ce que vous faites là ?! grogna une troisième voix. »

Je les entendais, je les entendais parler de moi comme si j'étais un vulgaire animal mort ou bien abandonné au bord de la route. J'étais bien trop faible pour bouger la moindre partie de mon corps et puis ça ne me dérangeait pas, mon petit corps s'est adapté facilement aux escaliers.

C'est une heure plus tard que j'arrive enfin à ouvrir mes paupières après avoir passer mon poing trois fois de suite et les avoir bien écarquillés. Je remarque Salim assis un peu plus haut, les yeux rivés sur son téléphone.

« - Barre toi putain.
- Tu veux pas te reprendre en main ?
- Non.
- T'as traumatisé des petits, ils pensaient que t'étais morte.
- Tant mieux.
- Tu vas venir vivre chez moi.
- Jamais. »

Je me relève, je vois flou, j'ai la veine qui me gratte. Je marche en m'appuyant sur le mur. J'étais pas du tout en état, j'avais extrêmement chaud.
Salim arrive derrière moi et me porte en mode sac à patate, j'ai pas la force de broncher, je me suis endormie sur lui.

Je me réveille un peu plus tard sur un lit. Au début, j'avais complètement oublié qu'il m'avait dit qu'on allait chez lui donc j'ai pris peur. Puis en pivotant ma tête de droite à gauche j'ai pu remarquer sur sa table de nuit une photo de lui et ses parents ainsi que sa petite sœur. J'aurai voulu avoir cette famille normale, ce père trop protecteur à m'en péter les couilles, à râler et qu'il finissent par me dire que c'était pour mon bien. Cette mère qui me met en garde contre le vice des garçons et qui me dit « fais attention, ils ne veulent que s'amuser. »

Je me met à regarder le plafond et à pleurer, pleurer, pleurer, comme je l'ai jamais fait auparavant.
Farouq m'avait prévenu que l'héroïne c'était la descente aux Enfers. Or, le départ n'était pas la Terre, non, avec l'héroïne t'avais cette impression de planer dans l'air et que d'un coup tu perdais tes ailes et que tu te crachais directement dans le monde d'Iblis.

Il avait raison.

J'étais tellement bien avec Nabil hier soir que maintenant il me manque horriblement.
J'avais peur du monde sans eux, ils avaient ce côté protecteur et combien de fois des gens voulaient ma mort mais eux étaient là pour moi ? À ce moment-là j'en voulais à ces petites putes qui se sont foutu de ma gueule.
Mes quatre vingt dix neuf démons se déchaînaient à l'intérieur et ce soir j'allais faire du sal.

Je le lève et part à la recherche d'une salle de bain, une voix m'indique la porte du fond du couloir c'était celle de Salim mais je ne fais pas attention à lui et me directement vers celle-ci.
Quelques minutes plus tard je ressors la casquette sur la tête et je sors de l'appartement sans adresser la parole à Salim.

Je retourne à la cité, là où j'ai laissé mon frère complètement défoncé et mort. Il n'est plus là, j'ai la haine.
La cité doit déjà être au courant mais elles sont où ces putains de fleur ? La marche silencieuse ? Il n'y a pas tout ça, parce que Nabil était pris pour un fou, même sa famille la renié mais c'est pas grave mon frère, à quoi ça sert ? On a vécu dans la merde et t'es mort comme une merde, mehlich, tu reste dans mon coeur et dans la te-té des gens que t'a marqué. Moi, frère, tu me laisses une marque à vie.

Pas de nouvelle de Farouq, ça m'saoul.
Je vois quelques potes à lui, Farouq lui, les gens l'aimaient bien. Surtout les rats, et du coup, il m'aimait bien mais c'est pas réciproque. Je vais quand même les rejoindre, j'ai des projets de fou et j'ai besoin de fou alliés assez fou pour suivre les idées sombre qui me traversent l'esprit depuis quelques heures déjà.

« - Tiens, la p'tite Adiah, viens te callé avec nous, propose Dédé.
- Vous êtes toujours au même endroit c'est fou.
- Ouais, alors comment tu t'sens j'ai appris pour Nabil et Farouq. Ces enculés de condés putain il avait rien fait.
- De toute façon, il suffit qu'ils captent une tête cramé et pété par la tise pour qu'ils l'embarquent, réplique Saddiq. »

Je les regarde parler de mes frères comme des vieilles daronnes commères parlant sur les derniers potins du quartier. J'ai les yeux rougis par l'envie de pleurer, ça m'rend fou. J'ai pas l'habitude de pleurer autant. Je baisse ma casquette au cas où. Puis, je reprend mes esprits et engage une discussion sérieuse.

« - J'ai besoin de vous les gars.
- Toujours, as-y dit p'tite soeur.
- Ce soir vous allez bouger de votre trou, j'ai deux trois gadjis à niquer.
- Elles t'ont fait quoi ? demande Saddiq.
- T'inquiète, vous êtes assez fou pour me suivre ?
- Y'aura du sal ? demande Dédé.
- Oh oui.
- Ça marche. »

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La prochaine partie sera un peu choquante.

« Cristaline pleine de Ciroc »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant