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« Que des vendeurs de rêves j'm'arrache.. »
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La peur. C'est bien la première sensation qui me vient à la vue de ce grand portail. Je jette un coup d'oeil sur ma montre enfin, celle de Farouq, et onze heures cinq s'affiche sur celle-ci. Deux surveillants ouvrent le portails et se tiennent devant, on dirait deux matons du hebs, bordel quand j'y repense la scolarité n'est qu'une prison pour nous, les rêveurs, soif d'aventure et de péripéties et pourtant l'État te demande de poser ton cul sur une chaise et d'être un mouton.

Voilà les filles qui sortent, deux filles précisément, Jihan et Chaïnez, deux cas soc' que j'aimais plus que ma propre vie, c'était elles ma famille et pourtant du jour au lendemain plus de nouvelle.

On pourrait remonter à quelques mois, années, peu importe je ne m'en souviens plus très bien. J'avais déjà tout perdu, tout détruit de mes propres mains. J'attendais à présent une corde de là Haut pour m'aggriper à quelque chose à Quelqu'un peu importe je voulais revivre j'avais trop morflé. J'attendais peut-être une aide de l'une d'elle, je pensais que c'était le genre d'amies qui te comprennent en un regard, mon putain de regard criait à la mort et elles ont seulement cru mon faux sourire. Ahlala, ce faux sourire, mon ami, mon confident le seul à bien cacher mes sentiments. Je me suis alors détachée d'elle doucement mais sûrement et bien à contrecœur. Il le fallait. J'avais besoin de changer d'air, de troqué l'air étouffant de mes remords à l'air pourri de la vie souterraine. C'était ma place. Je me suis bien intégrée, l'endroit où tout les refoulés de la société s'y sont réfugiés, on avait pas notre place en haut alors on a intégré la vie d'en bas et si vous n'entendez pas parler de moi en haut c'est que je me sens bien en bas. C'est ce que j'avais dis aux filles, choquées, tristes, je ne sais pas réellement ce qu'elles ressentaient. Alors j'ai troqué les robes contre mes jeans noir, les petites chaussures contre les paires de Nike, le lisseur contre la casquette. J'ai troqué le vernis pour le poing américain, le CapriSun à la bouteille Cristalline pleine de Ciroc.

« On ne dit plus salam ? » di-je en les voyant traverser la route. Elles ne m'avaient sûrement pas vu, ouais...
Elles ne me reconnaissent pas tout de suite, mes cernes m'ont changé la face, les soucis m'ont vieillis, ma vie est un fiasco.
Elles sont retissantes, n'osent pas m'adresser la parole mais par politesse m'accordent un salam. Je ne leur manque pas ? Pas du tout même ? Elles ont quoi bordel comme si j'étais une inconnue.
Une jeune fille maquillée enfin, je crois plutôt qu'on a peins une œuvre sur son visage, leurs visages s'illuminent, elles sont contentes de la voir. Je me sens humilié bordel, j'ai une putain d'envie de les séquestrer mais non, je range mes 99 démons et je fais demi-tours. J'ai pas pu retenir mes larmes de nerfs, j'ai tellement la haine, on m'avait remplacer sans scrupule.

[...]

« - Ça m'saoul putain Farouq !
- Ouais ? Pourquoi tu gueules ?
- Vas-y j'arrive pas à préparer cette de-mer.
- 'As-y j'te fais ça.
...
- T'as pas d'veine grosse !
- Cherche Farouq cherche. »

Ma respiration s'accélère, l'héroïne commence à faire son effet, mes paupières deviennent lourdes et j'ai une envie de m'endormir. Sur le toit, je m'allonge au bord, inconsciente du danger, je plane. Le bras dans le vide, l'air frais de la nuit me libère, moi j'aime les soirées comme ça. Qui aimerait cette vie merdique ? Une vie de toxicomane, une vie de pute. Et j'ai la haine contre moi même.

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C'est court mais en manque d'inspi.
Vos avis sont les bienvenues♥

« Cristaline pleine de Ciroc »Where stories live. Discover now