La cuisine ne ment jamais [TERMINÉE]

Chapitre 6

        

— C'est bon, ma grande, tu la vois la tour Eiffel, maintenant ?

—   Je commence ! tu la vois, toi ?

—   Pas encore, je suis plus petit que toi ! rit Clément.

Sur ses épaules, Sarah observe la ville autour d'eux alors qu'ils traversent la Seine sur la passerelle entre le musée d'Orsay et le Louvre.

—   Salut, entend Clément derrière lui.

Il se retourne pour être dans le sens de la marche.

—   Oh, salut, répond-il en s'arrêtant de rire mais en conservant son sourire.

Devant lui, Manu, les mains dans les poches d'un jean, avec sur le dos un simple tee-shirt gris qui frémit sous la brise du mois de juin. Clément lève les yeux vers Sarah, qui a les mains posées sur son crâne.

—   Sarah, je te présente mon chef.

—   Le gentil ou le méchant ? demande-t-elle en se penchant vers lui.

—   Le gentil, rit Clément. Tu descends pour dire bonjour ?

—   Mais je verrai plus la tour Eiffel !

—   On avancera plus loin comme ça tu la verras quand même, ok ?

—   Ok, acquiesce-t-elle après plusieurs secondes de réflexion.

Manu assiste à cet échange, un peu interdit. Il n'est déjà pas certain de savoir ce qui l'a poussé à venir saluer Clément quand il l'a reconnu – peut-être un peu de curiosité, en voyant qu'il était avec sa nièce –, mais assister à cette scène de l'intimité de Clément, de son quotidien hors du travail, lui fait ressentir le même genre de culpabilité que quand il l'a surpris au téléphone, chez lui.

Clément s'accroupit, et Sarah descend de ses épaules avant de s'avancer vers Manu, la main tendue.

—   Bonjour. Je m'appelle Sarah.

Manu serre la petite main devant lui, sourit et répond :

—   Bonjour, Sarah. Moi, c'est Manu. J'ai entendu parler de toi.

—   Moi aussi. Il paraît que tu fais le meilleur tiramisu du monde.

—   Ah bon ? répond Manu, sceptique, en levant brièvement le regard vers Clément qui a éclaté de rire.

—   Oui, c'est Clément qui me l'a dit. Il a dit qu'il avait pris ta recette pour me le faire pour mon anniversaire, mais qu'il était moins bon que le tien. Et comme il était déjà très bon, je me demande s'il a vraiment raison de dire que le tien est meilleur.

—   Tu sais bien que j'ai toujours raison, puce, dit Clément en lui caressant les cheveux, le rire pas loin des lèvres.

—   Je suis pas une puce !

—   Bien sûr que si, tu sautes partout !

Elle se tourne vers lui et pose les poings sur ses hanches, et Clément lui tend la main en disant :

—   Viens, on avance pour voir la tour Eiffel.

Elle s'en saisit et commence à avancer en sautillant à côté de lui. Comprenant par un regard de Clément qu'il est invité à les suivre, Manu leur emboîte le pas.

—   Qu'est-ce que tu fais là ? lui demande Clément.

—   Je rentrais chez moi. Et vous ?

—   On était au musée d'Orsay, Sarah voulait voir Van Gogh et les impressionnistes.

—   Je voulais voir les danseuses de Degas, aussi, dit Sarah en levant la tête vers lui.