Chapitre 11

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Le lundi soir, encore fatigués d'un weekend d'été aux services plus tardifs que d'habitude, ils se laissent tomber dans le lit, épuisés et prêt à profiter au maximum de leur grasse matinée du lendemain. Le sommeil les trouve quasiment tout de suite, dans les bras l'un de l'autre.

Le lendemain, ils sont encore au lit à 10h30, « l'équivalent d'une double grasse matinée », selon Clément, mais bel et bien réveillés. Manu profite d'un blanc dans leur conversation pour dire.

— Bon, je vais aller prendre une douche, moi, je crois.

Clément, jusque-là affalé sur un oreiller, les jambes dépassant à moitié de la couette qui glisse dangereusement du lit, se redresse brusquement et, attrapant ses bras, le plaque contre le matelas.

— Non.

Manu écarquille les yeux, surpris devant une opposition si farouche.

— On a dit qu'on passait la journée au lit, ajoute fermement Clément, on passe la journée au lit.

Manu éclate de rire.

— Mais je pue ! Je me suis pas lavé hier – et toi non plus, d'ailleurs.

— Je m'en fous. Tu vas pas me priver de ma journée au lit avec toi sous prétexte que tu pues.

— Et quoi, après si on veut pisser, ou manger, c'est interdit de se lever ? Parce que je te préviens, hors de question de manger dans le lit.

Clément soupire et se laisse tomber sur lui.

— T'es pas drôle.

Manu rit et l'entoure de ses bras.

— Mais c'est vrai qu'on pue, ajoute Clément d'une voix étouffée, le visage enfoui dans sa clavicule.

— On ira dans cinq minutes, dit Manu en guise de compromis.

Clément caresse sa hanche, en silence, tandis que la main de Manu erre dans ses cheveux.

— Ça fait si longtemps que t'as pas passé une journée au lit ? finit par demander Manu, d'un ton mi-taquin mi-précautionneux.

— Des années, soupire Clément en relevant la tête.

— Sérieusement ?

— Tu sais, depuis la mort de Mel, on peut pas dire que j'ai eu le temps d'avoir une vie sentimentale absolument trépidante, ricane-t-il.

— Si longtemps ?

Clément hoche la tête et se redresse sur ses coudes.

— Quand Mel est morte, j'étais avec un mec, c'était plutôt sérieux, on avait envie d'aller vivre à Londres, on avait des projets, tout ça. Et puis, bon, ma vie a pas mal changé, et il est parti sans moi. Bref, c'était là la dernière fois.

Manu passe la main sur sa joue et son front.

— Je suis désolé, dit-il.

Clément hausse les épaules.

— Bah, ça va, je l'ai pas trop mal vécu. C'est pas le pire truc qui m'est arrivé à cette période, sourit-il. Ça s'est fait en douceur, nos réalités n'étaient plus les mêmes, c'est tout. Et toi ? c'était quand la dernière fois ?

Manu laisse retomber sa main sur le matelas et détourne le regard.

— Il y a un an, à peu près.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demande Clément.

Manu soupire, pince les lèvres et revient planter ses yeux dans les siens.

La cuisine ne ment jamais [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant