Chapitre 20.

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L'ombre du dieu se dresse à côté de moi et je ne peux m'empêcher de soupirer de soulagement. Pour contrebalancer cet aveu j'ironise :

« Toujours pile à temps... Tu ne t'es pas dis qu'arriver plus tôt pourrait être une meilleure idée ?

- J'aime à soigner mes entrées. réplique-t-il en m'adressant un clin d'œil.

Pourtant il reste concentré et observe autour de lui, attendant la réplique de la déesse qui semble avoir disparu. J'hésite très sincèrement à me changer en sirène si cela signifie que je serais nue après cela. Je n'ai aucune envie de combattre les dieux complètement dévêtue. Je serais alors trop exposée... Très peu pour moi, merci.

Heureusement, même sous forme humaine je peux respirer et évoluer sous l'eau.

- Comment es-tu arrivé ici ? je souffle à l'intention du dieu alors que mon regard parcourt la zone à la recherche de Héra.

- Je suis plus fort que mon petit frère. Mais il ne restera pas enseveli sous les décombres du mur que j'ai fais s'effondrer très longtemps...

Je fronce des sourcils et m'apprête à l'interroger un peu plus.

Un éclat attire mon attention dans le dos du dieu. Tout s'enchaîne à une vitesse surprenante dans mon esprit et j'agis par instinct, mue par une terrible fureur : avant même que celui ci ne s'en rende compte – ce qui aurait été déjà trop tard – je me propulse. Plus le choix. Mes jambes se métamorphosent en une nageoire puissante qui vient frapper la déesse qui venait tout juste de surgir derrière mon... derrière le dieu.

L'impacte est violent mais a le mérite de déstabiliser Héra qui se retrouve projetée en arrière. Poséidon se retourne et gronde en apercevant sa sœur récupérer son équilibre. Elle semble emplie de fureur. J'échange un regard avec le roi des océans et comprends au quart de tour. Nous sommes dans notre élément. L'eau est son royaume. Pas celui de la reine de l'Olympe. Il sait en jouer mieux que quiconque et je sais m'adapter à chacun des états que l'élément peut adopter. D'un commun accord je fais brusquement rappel à mes jambes alors que la déesse s'élance vers nous.

Mais Poséidon d'un geste ample, retire l'eau et nous chutons tous au sol. Je m'y attendais et me réceptionne agilement. Puis je me relève et assène un violent coup de pieds dans le visage d'Héra qui s'est écrasée, emportée dans son élan. Elle rechute. Seulement, il faudrait que je sois folle pour penser pouvoir la battre. Elle se relève aussitôt et crache à Poséidon, cette fois plus en colère que jamais :

- Traître à ta famille ! T'allier à cette chienne de clé parce qu'elle satisfait tes désirs et renier tes propres frères et sœurs est indigne de ton titre de dieu ! Tu mériterais toutes les souffrances. Que les limbes t'emportent !

Emportée par sa fureur, elle serre le poing. Les murs se mettent à trembler et des flammes naissent juste à mes pieds. Je bondis en arrière et fusille la déesse du regard. Mais toute son attention reste figée sur le dieu des mers.

- Tu as eu la chance de ne pas être enfermé ! Tu as été épargné et tu savais que la prochaine clé naîtrait parmi les tiens ! L'enchanteresse t'avait prévenue en mourant. Tu aurais du nous venger, empêcher la race des clés de proliférer quitte à décimer tout ton peuple.

- Jamais je n'aurai détruis ce qui jadis naquit de ma propre volonté.

- Menteur tu l'as déjà fais ! Tu ne sais pas ce que ça fait d'être enfermé, d'être coupé de toute magie, de la Terre, de notre berceau, de notre univers... Ne plus voir le soleil illuminer la Terre à son éveil, ne plus entendre les chants des humains bercer nos vie et implorer nos grâces divines ! Tu es resté et tu as vécu. Tu n'as rien souffert de cette coupure !

Mélusine 2 - Maléfice DivinWhere stories live. Discover now