Tatiana

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Une semaine plus tard

Elle embarqua dans le premier taxi qu'elle rencontre et donna des instructions pour la ramener à l'embrassade. Le taxiste jeta un regard au rétroviseur, nerveux.

- Non Lilith! cria Ken

Elle tourna la tête et aperçu le beau brun qui courait comme si il voulait battre un nouveau record mondial. Il était suivi par une dizaine des hommes, tous aussi déterminés à la ramener par les fesses au club.

Le taxiste mit l'accélérateur.

Le coeur battait si fort qu'elle s'étonna qu'il ne soit pas sorti de sa poitrine. Son mobile se mit à sonner, mais ce n'était pas le nom de Ken qui apparut à l'écran, mais celui de Youta. Elle refusa de lui parler. Un message pompa: "ne pars bécasse, l'oyabun a eu un malaise". 

Elle se mordit les lèvres, rien ne la ferait revenir en arrière. 

Ils frappèrent une circulation dense. Le taxiste semblait de plus en plus inquiet, il n'arrêtait pas de regarder son rétroviseur. Est-ce qu'ils étaient suivis? Elle n'avait pas besoin de confirmation : son clan n'allait pas la lâcher. Son seul moyen de retrouver sa liberté se trouvait dans son mobile.

Les minutes semblèrent à des heures. Finalement 45 minutes après avoir quitté le Temple, elle se retrouva devant l'ambassade. Le taxiste refusa qu'il la paie, il la poussa presque hors de sa voiture et déguerpit au triple galop. Deux voitures se garèrent un peu plus loin.

Les gardes postés devant l'ambassade française vinrent arriver la jeune fille, décoiffée, avec une seule chaussure, sa chemise tâchée de sang. Ils écoutèrent avec scepticisme son histoire, jusqu'à ce qu'elle sort la photo qu'elle avait pris des cadavres.

- Je m'appelle Lysandre Ikeda!gronda-t-elle. Du clan Ikeda!

Elle fut conduite dans une pièce dénouée de meubles, seulement un bureau. L'homme qui occupait la chaise ne se leva pas à sa vue mais lui fit signe de s'asseoir.

- Nous attendions que vous nous contactiez Mlle Ikeda, fit-il. Je m'appelle Léonard Duvernay. Je m'occuperai de votre dossier

La jeune fille qui n'avait pas desserré les dents depuis son aventure dans le club, se permit enfin de croire qu'après tout, elle allait s'en sortir.

M. Duvernay ne la questionna pas, il l'observa patiemment, comme un professeur d'école devant son élève la plus folle. Il avait sa fiche et prit seulement la peine de prendre ses empreintes pour confirmer son identité. Son regard était perçant comme si il se retenait de chercher plus d'information. A mesure qu'il consultait son dossier pour ajouter quelques notes, elle avait l'impression qu'il savait déjà la moitié de ce qu'elle racontait.

- J'ai quelques appels à passer, vous pourrez attendre dans la cour. Cela risque de prendre du temps

Elle se leva.

- Le sang, fit-il, pensif. Vous êtes blessée?

- Ce n'est pas mon sang, répondit-elle durement

Une jeune femme lui apporta du linge neuf. Lilith se déshabilla devant elle, de toute évidence on ne voulait pas la laisser seule. La jeune femme ramassa les vêtements tâchés,  ses yeux s'attardèrent sur les bleus sur les cuisses de l'adolescente et le sang séché sur son soutien-gorge. 

Lilith enfila une robe légère, avant d'être conduite dans la cour en arrière où quelques fonctionnaires prenaient leur repas. Des bancs et une fontaine donnaient une atmosphère relaxante. Lilith se sentait regardée, et préféra se faire invisible derrière un poteau. 

Elle ferma les yeux. Elle était libre.

Pourtant, elle avait encore l'odeur du sang de Feng sur sa peau.

La griffe de la panthère noireWhere stories live. Discover now