Le neuvième commandement

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Il lui sembla qu'elle venait seulement de fermer les yeux quand on gratta à la porte. Elle songea à ignorer l'individu qui blasphémait son repos éternel.

Mais le grattement continua.

C'était comme des petits doigts qui caressaient lentement la porte de la salle de bain. Doucement, descendaient et remontaient, traçant un dessin invisible....

Lilith ouvrit grand les yeux.

Elle regarda la caméra de son mobile, elle vit Raeden, dans le couloir qui frappait pour qu'on le laisse entrer. Si Raeden était dehors, Takada chez sa grand-mère.... Qui était donc derrière la porte de la salle de bain?

Une soudaine odeur de cigarette chatouilla son nez, persistent, doux, léger, avant d'imprégner la petite salle de bain. Le coeur de Lilith se mit à pomper comme une machine de réanimation.

- Qui est là? demanda-t-elle dans un souffle

Pas de réponse.

Elle serra contre elle son mobile, son arme invisible, encore indécise sur la suite à donner; crier ou hurler jusqu'à réveiller toute la maisonnée?

- Cousine, ouvre! cria Raeden au loin

Sa cousine! Quel doux mot dans la bouche d'un guillotineur.

Derrière la porte, les petits doigts s'étaient arrêtés. Lilith se dit qu'il serait temps de chercher refuge chez un être humain, fusse son tortionnaire parent.

Elle se traîna hors la baignoire. Le miroir de la salle de bain lui renvoya une image peu reluisante d'elle-même. Elle n'avait pas dormi depuis plus de 24 heures, ses traits étaient tirés, son coeur menaçait bientôt de rendre l'âme.

Tout en ouvrant la porte  avec précaution, Lilith se dit que si quelqu'un voulait lui faire peur, il avait gagné la loto. Personne en vue. Silence total. Rien n'avait bougé dans la chambre, sauf la porte de la penderie qui était ouverte. 

Elle se hâta à enlever la berceuse qui bloquait le chemin de la liberté et ouvrit grand la porte.

Raeden se tenait, là, il la regarda stoïque, jamais il souriait, il était comme une plante qui observait le monde de ses lentilles fauves et cruelles. Il portait un look chic décontracté, des bottines fauves, un trench coat bleu par dessus un pull gris en maille douce, un pantalon jersey qui recouvrait sa silhouette longue et mince, il dégageait une sensuelle malignité. Lilith se dit que tout compte fait, c'était un beau gosse mal commode.

- La chambre, lâcha-t-elle, les mains froides, la tête remplie d'idées délirantes. Il y a quelqu'un dans la chambre

Elle ne voulait pas y croire mais de plus en plus, elle devenait convaincue que l'entité qui hantait sa chambre voulait communiquer. Et Lilith n'était pas sure qu'elle souhaitait dialoguer avec l'au-delà.

Il fronça un peu les sourcils, Lilith devinait bien qu'il devait la prendre pour une folle. Évidement, elle n'allait pas trouver un allié du surnaturel. Cependant, cela la peina de ne pas avoir d' appui, elle se sentait soudain très seule et épeurée, perdue. Raeden, perdit son air suffisant, et il l'étudia avec plus d'attention comme si il la voyait pour la première fois.

- Je ne suis pas dingue précisa Lilith, en serrant ses bras

Elle avait très froid tout à coup. A force qu'on ne la croit pas, elle devrait pourtant y être habituée.

- Pas encore, fit Raeden qui enleva sa veste et il s'avança vers elle

- Qu'est-ce que tu fais? Renchérit-elle, piquée au vif, comme si au lieu de lui mettre la verste sur les épaules, il lui avait jeté un serpent

La griffe de la panthère noireWhere stories live. Discover now